La mission de formation continue des universités a été inscrite dans la loi d’orientation de l’enseignement supérieur de 1968 et réaffirmée dans celle de 1984. La loi de 1971 sur la formation professionnelle continue a généralisé le système des conventions, qui institue la formation en tant que prestation de service rendue par un producteur à un organisme financeur. Les universités sont entrées de façon très inégale dans ce mode de production, comme le montrent les enquêtes réalisées entre 1998 et 2000 à Nanterre et à Lille 1. Une recherche sur l’histoire de la formation continue universitaire depuis 1968 fait apparaître un décalage entre l’affirmation renouvelée d’une politique nationale de développement de la formation continue dans les universités, et la réalité de ce développement jusqu’en 2002. La représentation des prestations que rendent les universités à leurs usagers, par le modèle du processus de classement de Henri Mintzberg, fait ressortir les transformations induites par la formation continue et amplifiées par la validation des acquis. Mettant en scène l’irruption de la formation continue dans le monde universitaire, le modèle de la configuration universitaire de Christine Musselin fait apparaître les réactions à ces transformations des partenaires de la configuration que sont le ministère de l’éducation, la profession universitaire et les universités.
En se référant à ces deux modèles, il est possible d’expliquer le décalage par le jeu des structures et par les comportements des partenaires de la configuration. Par l’analyse des discours, il est enfin possible de comprendre les positions prises par différentes catégories d’acteurs de la profession universitaire.