Contribution recherchée

Atelier n� 14 : Nouveaux rapports aux savoirs ?

Titre Du rapport à l’erreur en formation professionnelle des enseignants
Auteur(s) WENTZEL Bernard

Texte
J’ai exploré, dans le cadre d’une recherche doctorale, certaines dimensions du parcours de formation professionnelle vécu par neuf professeurs des écoles. La transition formative, durant laquelle se structure une identité professionnelle d’enseignant, est entretenue dans la durée par l’activité du sujet se formant. Son engagement et la mise en mouvement de soi, l’évolution de son rapport au monde, la diversité des postures adoptées pour se former, sont au centre de la problématique d’un parcours d’appropriation de l’offre de formation, et de construction d’une professionnalité en tant qu’expérience acquise.
Pour suivre le mouvement d’une transition professionnelle, j’ai rencontré ces enseignants en groupe et sous forme d’entretiens individuels, durant leur seconde année de formation à l’IUFM de Lorraine puis l’année suivante, quelques mois après leur prise de fonction dans un établissement scolaire. J’ai tenté de faire émerger et de comprendre certaines dimensions de ces parcours singuliers de formation en traitant les données recueillies à l’interface d’une analyse de contenu et d’une analyse de discours, afin de mettre leur complémentarité au service d’une démarche compréhensive.
Dans cette communication, je propose de rendre compte de l’analyse d’une évolution du rapport à l’erreur durant la transition formative, notamment lorsqu’il s’agit de prendre des décisions et d’agir en position d’enseignant autonome lors des stages en responsabilité puis après la sortie de l’IUFM. De l’erreur comme outil pour se former professionnellement à l’assimilation à une faute, son statut en formation alternée est questionné dans la plupart des discours de ces jeunes enseignants. Le rapport à l’erreur révèle une tension récurrente, entre des commandes institutionnelles et un projet personnel de formation, entre une logique de certification et un cheminement singulier et subjectif de construction de ses ressources professionnelles par tâtonnement. Lorsque les visites-conseils en stage, effectuées par les formateurs, sont considérées par les stagiaires comme des évaluations sommatives, l’erreur perd toute dimension formative et devient un écart à une norme formalisée au travers de commandes de l’institution. Ce malentendu n’est pas sans conséquence sur les postures et stratégies d’appropriation de l’offre de formation. Une évolution du rapport à l’erreur, durant le parcours de construction d’une professionnalité, semble favoriser l’adoption de nouvelles postures formatives de la part de l’enseignant débutant : le glissement d’une logique applicationniste vers des démarches d’expérimentation et des recherches d’innovation ; des remises en question du je professionnel moins systématiques, au profit d’une dynamique d’analyse de ses pratiques ; des procédés d’autoévaluation introduisant de nouveaux critères relatifs à l’apprentissage par les élèves, et non plus seulement aux commandes institutionnelles.