Contribution recherchée

Atelier n� 14 : Nouveaux rapports aux savoirs ?

Titre L’enfant dans la société d’aujourd’hui : le métier d’élève
Auteur(s) PLASSE BOUTEYRE Christine

Texte
Nous assisterions depuis le milieu du XXe siècle au basculement d’une société organisée par la discipline à une société guidée par l’autonomie, ce qui représente un changement essentiel de la conception globale que nous avons de nous-mêmes. Notre communication questionnera l’expression « métier d’élève ».
Saisissant les conditions de production et les significations sociales de cet énoncé, nous observons plusieurs dimensions. Comment dans l’enseignement primaire tout particulièrement, les exigences d’autonomie, de motivation et d’initiatives personnelles se sont agrégées à un renouveau normatif. Le déclin dans l’éducation de la référence à l’interdit et à la discipline, à la culture de l’obéissance, a fait apparaître de nouvelles contraintes, de nouvelles exigences, une nouvelle figure normative de l’élève-apprenant capable, au nom même de son épanouissement et équilibre personnel, de prendre des initiatives, donner sens à ses apprentissages ou savoir se prendre en charge. Ainsi se produit un report des responsabilités relevant traditionnellement de l’institution scolaire vers l’enfant lui-même qui doit s’appuyer sur ses ressorts internes (savoir s’auto-évaluer, être acteur de ses apprentissages, gérer son plan de travail) au lieu de suivre mécaniquement des instructions données par le maître. Commettre une faute à l’égard de la norme scolaire consiste désormais moins à être désobéissant qu’à être inapte au métier d’élève.
La socialisation scolaire ne consiste plus à discipliner les corps pour qu’ils restent à leur place une fois pour toutes, mais à produire en permanence une individualité disciplinée capable d’agir par elle-même. Ce n’est pas parce que les activités à l’école sont plus « personnelles » aujourd’hui qu’elles sont moins sociales, moins institutionnelles et moins normatives. Il s’agit de comprendre que les enfants ne sont pas devenus subitement plus réflexifs, plus conscients d’eux-mêmes qu’auparavant, mais que ce sont plutôt les modes sociaux et scolaires de socialisation, de constitution du sujet humain qui ont changé.