On se propose de rendre compte d’une expérience de recherche collaborative auprès de groupes d’intervenants œuvrant dans des entreprises d’insertion. Dotées d’une double mission de production économique et d’insertion sociale, ces entreprises offrent un accompagnement psychosocial et une expérience réelle de travail rémunéré à des jeunes adultes en situation d’exclusion.
Au quotidien, les intervenants développent des compétences remarquables pour composer avec les contraintes de la production et du marché, mais aussi avec les problématiques de personnes qui ont connu des échecs répétés, qui vivent de sérieuses difficultés et qui, lorsqu’elles sont embauchées, sont incapables de faire face aux exigences du travail. Ils s’interrogent toutefois sur l’efficacité de leur travail individuel et collectif, sur la cohérence de leurs interventions, sur les manières de concilier les besoins des jeunes et les exigences de productivité, sur les écarts qui se creusent parfois entre les idéaux et les pratiques, etc. En écho à ces préoccupations, la recherche collaborative réalisée visait l’analyse critique et la transformation de certaines de leurs pratiques professionnelles.
Outre l’exposé de quelques résultats, la communication portera sur la méthode et sur le processus de la recherche. Alors que les traités méthodologiques de recherche-action permettent de dégager les grands principes devant guider une telle forme d’investigation (Bray et coll., 2000 ; Reason et Bradbury, 2001), nous discuterons des écarts à ces principes commandés par l’expérience. Il sera question : des nécessités d’adapter la démarche pour s’ajuster aux dynamiques des groupes rencontrés, aux mouvements du personnel, aux impératifs de la production, des ambiguïtés relatives à la diversité des rôles des chercheurs et co-chercheurs, des enjeux liés à la directivité et à l’encadrement de la démarche et enfin des deuils et des espoirs renouvelés au regard des finalités et des ambitions initiales de la recherche.