Cette recherche, financée par la Communauté française de Belgique s’intéresse aux pratiques enseignantes pour la réussite scolaire des élèves issus de milieux socio-économiquement défavorisés. Les enseignants suivis ont des élèves en fin de scolarité primaire.
Cette recherche ne se situe pas au sein d’un paradigme « processus-produit » où il s’agirait de quantifier l’effet d’un processus mais vise plutôt à comprendre plus finement en quoi consiste l’effet-maître (Bressoux, 1994). On pose comme préalable que, pour les élèves provenant de milieux de culture éloignée de celle de l’école, la réussite dépend d’un processus d’acculturation (Tupin, 2004). Nombre de malentendus (Charlot, Bautier & Rochex, 1992) gênent cette acculturation et participent de la mise en place d’un rapport au savoir inadéquat. Par exemple, les exigences comportementales de l’enseignant empêchent parfois les élèves de comprendre qu’une mobilisation cognitive est attendue d’eux. Ou encore la dimension utilitaire des apprentissages (Charlot, Bautier & Rochex, 1992) peut empêcher l’accès à leur dimension universelle. Ces malentendus peuvent aboutir à une absence de secondarisation de ce qui est appris en classe (Bautier & Goigoux, 2004).
Ont été choisis sept axes d’observation, pris en compte dans une logique systémique, qui paraissent intervenir dans la problématique de la secondarisation ou d’accès au « regard instruit » (Rey et al., 2003) : le statut de l’erreur dans la classe ; les modalités d’institutionnalisation des savoirs (Brousseau, 1998) ; les efforts d’explicitation de l’enseignant ; le choix et la régulation des tâches (tâches minuscules ou complexes) ; la pédagogie par projet et les activités à dimension extra-scolaire ; le rapport à l’univers familial ; le maintien des exigences. Au moyen d’illustrations concrètes issues de l’observation, l’équipe présentera en quoi un assemblage de plusieurs éléments d’une pratique enseignante pourrait permettre de lever certains malentendus.