Durant ces trente dernières années, la famille a été touchée par de nombreux bouleversements sociétaux qui ont transformé les manières d’éduquer. Aujourd’hui, les parents n’assument plus les mêmes fonctions éducatives. On observe, entre autres, un glissement du rationnel à l’émotionnel, de la distance à l’intimité, de l’action à la relation et du pouvoir à la persuasion. Autant de caractéristiques significatives de l’évolution postmoderne de la relation éducative (Lahaye, 2005).
Afin de mesurer l’impact actuel des nouvelles formes de relations éducatives sur les différents membres de la famille, nous nous sommes intéressés aux modalités de la parentalité à travers une recherche menée dans sept pays européens. Cette étude concerne un échantillon de 1800 couples qui ont répondu à un questionnaire relatif à l’équilibre des relations familiales et professionnelles. Les aspects éducatifs ont été examinés à travers trois groupes de variables qui rendent compte de la sensibilité parentale aux besoins psychosociaux de l’enfant (Pourtois & Desmet, 2004). Il s’agit des comportements parentaux positifs, du stress familial et du sentiment de restriction qu’éprouve le parent dans son rôle d’éducateur.
En tenant compte des différences de genre et de culture, les analyses discriminantes montrent que, si la sensibilité parentale aux besoins de l’enfant a évolué dans une perspective postmoderne, la structure de la parentalité demeure la même à travers le temps et la culture. L’ensemble des résultats nous amène à explorer deux hypothèses. Premièrement, les habitudes éducatives peuvent être considérées comme une composante intrinsèque de la personne. Dans cette optique, une analyse de régression multiple montre que prendre soin des besoins de l’enfant exerce un impact positif non seulement sur l’enfant, mais aussi sur la régulation des pratiques parentales, sur le bien-être physique et psychologique des adultes et sur la qualité des relations conjugales. Ces résultats renforcent les arguments en faveur des interventions en éducation familiale. Selon la seconde hypothèse, les habitudes peuvent être considérées en tant que composante extrinsèque de l’individu. Dans ce sens, une analyse des effets composites et dialectiques montre que les hommes et les femmes sont sensibles à des aspects différents de leur propre vie (professionnelle ou familiale) dans l’exercice de la parentalité.