Les résultats présentés ici sont issus d’une recherche portant sur le métier de maître formateur dans le premier degré en matière de conseil pédagogique. Dans une précédente communication (Biennale 2004) s’appuyant sur le même corpus, nous avions montré tout l’intérêt d’une analyse de leur activité par les professionnels eux-mêmes dans une perspective de développement et de transmission de leur expérience.
Il s’agit cette fois, avec le même cadre méthodologique, de s’interroger sur ce que disent les maîtres formateurs sur leurs pratiques réelles en situation d’enseignement et des liens qu’ils établissent avec leur activité de conseil auprès des débutants. Située dans le champ de l’analyse du travail, l’approche proposée ici prend pour « unité d’analyse » l’activité (Léontiev) et se donne donc comme moyen pour saisir cette activité une « méthode indirecte » (Vygotski) : l’autoconfrontation (Clot & Faïta ; Faïta & Viera). Ce cadre méthodologique (Faïta & Viera) comporte une étape importante, celle dite de « retour au collectif ». Cette phase, où sont remises en débat toutes les controverses professionnelles apparues lors des étapes précédentes, permet à la fois de mesurer la diversité des pratiques réelles, les compromis plus ou moins coûteux que chacun a passés pour pouvoir faire ce qu’on lui demande de faire, d’ouvrir des espaces potentiels de développement de l’expérience professionnelle, mais aussi de dégager des consensus provisoires de pratique.
Pour illustrer cela, nous prendrons un des thèmes de controverse professionnelle très fortement en débat dans le collectif de maîtres formateurs engagé dans la recherche : la formation des débutants à la préparation de la classe. Nous verrons par exemple que l’analyse de leur propre pratique d’enseignants expérimentés sur ce thème, les conduit à repenser la pertinence et l’efficacité du conseil pédagogique qu’ils sont amenés à dispenser.