Un projet d’éducation à la santé ne peut plus simplement viser l’appropriation de certains comportements normés appuyés sur un discours de la vérité scientifique. C’est le mode d’existence et le rapport au savoir et au monde qui doivent être mis en question. Dans cette perspective, la lutte contre le surpoids et la sédentarité ne peut plus simplement constituer un objectif de santé publique, mais également une transformation de ce mode d’existence et de ces rapports, comme autant d’occasion de mettre en doute un mode de fonctionnement social dominant.
Initiée dès 2001 et dirigée par C. Simon, médecin nutritionniste, cette recherche-action, le projet ICAPS (Intervention centrée sur l’activité physique et la sédentarité), vise à prouver qu’il est possible de modifier le régime d’activités des jeunes. Cela n’est efficace qu’à condition d’agir dans trois directions et selon des modalités variées : la multiplication des occasions d’entrer en activités physiques, le retour réflexif en groupes sur ces activités, l’intégration de la question de l’activité au mode de vie des jeunes. Elle implique quatre sites « action » et quatre « témoins » en Alsace, depuis 2002 et jusqu’en 2006, suivis respectivement par des visites médicales et une série d’enquêtes annuelles sur les représentations et la fréquentation des activités physiques.
Les principaux résultats concernent le régime d’activités des jeunes : fréquence et répartition des activités dans la journée, consommation télévisuelle, fréquentation des activités sportives organisées. Les résultats épidémiologiques sont aussi significatifs : outre une moindre propension au surpoids chez les collégiens « expérimentaux », les paramètres de la santé s’améliorent sensiblement. Parallèlement, un travail conceptuel sur les notions de régime d’activités et de dispositifs d’éducation est rendu possible.