Les problèmes climatiques, industriels et sanitaires qui affectent la planète ont jeté le doute sur les systèmes de production et d’échanges économiques comme sur les relations des hommes entre eux et avec la nature. L’éducation nationale n’ignore pas ces débats et l’a affirmé en diffusant une instruction de généralisation de l’éducation à l’environnement pour un développement durable en juillet 2004. Élément hétérogène par rapport à l’organisation scolaire instituée, mixte de savoirs et de valeurs aux contours incertains, sa mise en œuvre soulève nombre de questions tant au niveau des contenus et objectifs de cette « éducation à » que de ses modalités d’intégration dans l’organisation scolaire actuelle.
Comment les enseignants ont-ils reçu cette circulaire ? Quelles représentations construisent-ils de l’EEDD ? Comment pensent-ils concrétiser la demande qui leur est adressée ? Quels obstacles perçoivent-ils, quelles conditions, institutionnelles ou professionnelles, leur paraissent-elles nécessaires ? Ce sont là quelques-unes des questions que nous avons posées à une cinquantaine d’enseignants des quatre disciplines principalement impliquées par l’EEDD : les sciences de la vie et de la terre, la physique et la chimie, l’histoire et la géographie, les sciences économiques et sociales.
Nous proposons d’exposer les principaux résultats de cette enquête par entretiens semi-directifs, effectuée à la rentrée 2004, c’est-à-dire au moment même de la prise d’effet de la circulaire de généralisation ; elle a ciblé des enseignants du second degré dans la mesure où les découpages disciplinaires et les pratiques pédagogiques dominantes nous semblaient être plus particulièrement interpellés par l’EEDD à ce niveau du système scolaire.