Cette contribution présente une recherche visant à interroger les enjeux de la scolarisation de l’art (particulièrement au collège) à partir d’observations et d’entretiens réalisés avec les différents acteurs inscrits dans deux actions partenariales éducatives en Seine-Saint-Denis : le dispositif « Collège au cinéma » et le prêt d’œuvres d’art contemporain.
À partir de conceptions récurrentes dans les débats sur les enseignements artistiques depuis le début du XIXe siècle, les politiques éducatives des années 1980 à 2000 accordent une importance croissante aux arts dans le domaine de l’éducation, cherchant à (re)valoriser la sensibilité, la créativité, l’imagination dans les apprentissages et à rééquilibrer les écarts de domination culturelle entre des élèves de milieux sociaux différents. Si l’introduction de ces objets dans l’école vise à inscrire les élèves dans les logiques d’apprentissages, elle revient à modifier les formes et les contenus scolaires et suppose de définir les modalités du travail éducatif des associations partenaires. Nous formulons l’hypothèse suivante : la construction de savoirs transversaux avec ces objets se substitue progressivement à la construction de savoirs disciplinaires sur ces objets.
Nos observations nous conduisent à nous intéresser plus particulièrement à une des situations les plus répandues dans les actions favorisant la fréquentation de l’art : la rencontre physique avec les œuvres. Nous cherchons à mettre en évidence les impensés et les croyances qui la sous-tendent. Nous observons et analysons les formes de présentation de ces objets en cherchant à construire une catégorisation appropriée (dispositifs, situations, contextes) et un cadre théorique permettant de repérer les conditions nécessaires aux modes de socialisation cognitifs et subjectifs en œuvre dans les postures d’apprentissage.