Contribution recherchée

Atelier no 15 : Apprentissages...échecs et réussites.

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Titre Changements de points de vue dans les nouveaux dispositifs d'enseignement
Auteur(s) CRINDAL Alain / ANDRIEU Bernard

Texte
Les situations communes d'enseignement prévoient des étapes balisées, avec des objectifs identifiés, des prérequis définis. Elles sont organisées suivant la logique de chaque discipline, autour de ses concepts, ses démarches, ses méthodes. Chaque domaine d'enseignement impose un point de vue unique, résistant et cohérent sur le monde.
Les nouveaux dispositifs TPE (Travaux personnels encadrés) ou PPCP (Projet pluridisciplinaire à caractère professionnel) ont d'autres enjeux et d'autres fonctionnements. Ils proposent une entrée par un objet qui n'est pas défini de façon disciplinaire et des moyens d'accès qui sortent du contrôle strict de l'enseignant. Les enjeux sont d'identification de points de vue de sens commun et d'approfondissement des regards disciplinaires mais aussi, et d'emblée, de croisements de ces acceptions. Les élèves sont alors engagés dans un processus de repérage, de discernement, d'élimination, de consolidation, de mise en relation, d'articulation, de «structuration» sur un ensemble de «connaissances» de départ beaucoup plus large et plus hétérogène que l'ensemble déjà sélectionné et organisé qui leur est proposé dans le cursus habituel.
Dans cette perspective, un des nouveaux rôles de l'enseignant est de guider cette démarche alors que son identité professionnelle le porte à faire progresser les élèves dans un cadre disciplinaire préétabli. C'est pour l'enseignant un changement de point de vue et d'identité professionnelle qui lui demande de jouer d'autres rôles, de prendre d'autres postures, de faire évoluer la panoplie de ses gestes professionnels.
A partir de nos travaux de recherche sur ces nouveaux dispositifs, nous montrerons que la prescription formelle de rôles ne suffit plus (le caractère inducteur du rôle nuit à la structuration des connaissances en l'insérant dans un attendu où l'élève et le tuteur restent prisonniers de leur statut respectif). En retenant la notion de "couple de postures", nous préciserons ce qui caractérise les nouveaux "gestes" de chacun des interlocuteurs à un moment donné de l'activité. Nous montrerons que les couples de postures représentent des positions réelles — et non plus seulement méthodologiques ou institutionnelles— que l'élève et le tuteur prennent dans un travail conjoint sur les connaissances en jeu.
Une palette de postures correspondant au nouveau rôle du tuteur sera discutée : reformulateur, expert, accompagnateur, conducteur, lecteur voire explicitant ou encore conseiller et auditeur.
En miroir, nous montrerons que les élèves peuvent répondre dans des postures de reformulateur, novice, acteur, exécutant, explicitant ou encore expert et collaborateur.
Nous préciserons que parmi les postures adoptées certaines sont corrélées à un changement de registre de connaissances (juxtaposition, coordination ou articulation des connaissances): selon les cas, le changement de registre de connaissances constitue la cause ou l'effet d'un changement de posture et conduit à une meilleure adéquation de l'interaction entre enseignant et élèves.
Nous illustrerons les pratiques des enseignants, des élèves et des partenaires, par les rôles et les postures qui laissent place à un espace de médiation entre lycée général ou professionnel et la complexité du monde des pratiques sociales trop souvent éloignée de l'école.