INRP - Recherche d'une contribution

Contribution recherchée

Atelier no 1 : Quelle formation d'adultes pour réaliser "l'éducation tout au long de la vie" ?

Titre	L'approche biographique dans l'éducation thérapeutique du patient
Auteur(s)	NIEWIADOMSKI Christophe

Texte
Si les modèles d'éducation dans le champ de la santé s'organisent encore aujourd'hui de manière dominante autour du modèle biomédical, nous verrons qu'un autre modèle, appelé modèle global ou encore modèle bio-psycho-social, favorise dans le domaine de l'éducation thérapeutique du patient un accompagnement qui permet au sujet de construire ses propres normes vitales. En effet, dans l'expérience de la maladie, la subjectivité du sujet se trouve toujours profondément engagée alors que se trouvent convoquées des dimensions biographiques, culturelles et sociales qui débordent largement le simple rapport aux savoirs médicaux. Ainsi, plus que de se référer de manière univoque aux dogmes scientifiques sur lesquels s'appuient les savoirs médicaux, le sujet aura à construire un sens singulier au travers du rapport «affectif» qu'il entretient avec sa maladie afin d'inventer un seuil qualitatif nouveau par rapport à son éprouvé corporel et, plus largement sans doute, par rapport à son existence. Dès lors, si le praticien de santé se trouve habituellement en charge de répondre le plus efficacement possible à une demande «technique» qui convoque l'épistémologie médicale, il devra également devenir un accompagnateur de l'effort que fait le sujet pour inclure dans son récit de vie «l'événement-maladie» qui en a brisé le fil. C'est à ce point précis que l'utilisation de l'approche biographique peut présenter un intérêt majeur au travers l'usage d'un modèle relationnel favorisant une dynamique de co-investissement dialectique entre praticien de santé et malade. Dans cette perspective, l'interlocuteur est envisagé comme une personne capable d'effectuer un retour réflexif sur son histoire afin de lui donner du sens et prendre des décisions quant à l'orientation de son existence en matière de santé. Afin d'illustrer notre propos, nous présenterons le détail d'une recherche menée en institution spécialisée auprès de personnes alcoolo-dépendantes. Après avoir brièvement abordé quelques aspects théoriques en rapport avec les histoires de vie, nous montrerons comment celles-ci cherchent à introduire une rupture paradigmatique dans les sciences humaines en favorisant de nouveaux rapports d'échanges entre «sujets» et «chercheurs», susceptibles de faciliter l'émergence de processus émancipatoires pour les personnes engagées dans un travail de narration de leur histoire personnelle. Puis, nous exposerons quelques difficultés cliniques en rapport avec l'accompagnement des personnes alcooliques, avant d'expliquer en quoi la pratique des histoires de vie, et plus particulièrement le recours au modèle du «co-investissement dialectique», permet de contourner certaines difficultés générées par un discours et une prise en charge médico-psychologique trop exclusivement centrée sur une appréhension biomédicale de l'alcoolisme. Enfin, nous conclurons sur la manière dont cette approche permet de faire cohabiter les deux modèles précédemment évoqués et quelles sont ses limites en matière d'accompagnement et de production de connaissance.

Texte

Si les modèles d'éducation dans le champ de la santé s'organisent encore aujourd'hui de manière dominante autour du modèle biomédical, nous verrons qu'un autre modèle, appelé modèle global ou encore modèle bio-psycho-social, favorise dans le domaine de l'éducation thérapeutique du patient un accompagnement qui permet au sujet de construire ses propres normes vitales. En effet, dans l'expérience de la maladie, la subjectivité du sujet se trouve toujours profondément engagée alors que se trouvent convoquées des dimensions biographiques, culturelles et sociales qui débordent largement le simple rapport aux savoirs médicaux. Ainsi, plus que de se référer de manière univoque aux dogmes scientifiques sur lesquels s'appuient les savoirs médicaux, le sujet aura à construire un sens singulier au travers du rapport «affectif» qu'il entretient avec sa maladie afin d'inventer un seuil qualitatif nouveau par rapport à son éprouvé corporel et, plus largement sans doute, par rapport à son existence. Dès lors, si le praticien de santé se trouve habituellement en charge de répondre le plus efficacement possible à une demande «technique» qui convoque l'épistémologie médicale, il devra également devenir un accompagnateur de l'effort que fait le sujet pour inclure dans son récit de vie «l'événement-maladie» qui en a brisé le fil. C'est à ce point précis que l'utilisation de l'approche biographique peut présenter un intérêt majeur au travers l'usage d'un modèle relationnel favorisant une dynamique de co-investissement dialectique entre praticien de santé et malade. Dans cette perspective, l'interlocuteur est envisagé comme une personne capable d'effectuer un retour réflexif sur son histoire afin de lui donner du sens et prendre des décisions quant à l'orientation de son existence en matière de santé.
Afin d'illustrer notre propos, nous présenterons le détail d'une recherche menée en institution spécialisée auprès de personnes alcoolo-dépendantes. Après avoir brièvement abordé quelques aspects théoriques en rapport avec les histoires de vie, nous montrerons comment celles-ci cherchent à introduire une rupture paradigmatique dans les sciences humaines en favorisant de nouveaux rapports d'échanges entre «sujets» et «chercheurs», susceptibles de faciliter l'émergence de processus émancipatoires pour les personnes engagées dans un travail de narration de leur histoire personnelle. Puis, nous exposerons quelques difficultés cliniques en rapport avec l'accompagnement des personnes alcooliques, avant d'expliquer en quoi la pratique des histoires de vie, et plus particulièrement le recours au modèle du «co-investissement dialectique», permet de contourner certaines difficultés générées par un discours et une prise en charge médico-psychologique trop exclusivement centrée sur une appréhension biomédicale de l'alcoolisme. Enfin, nous conclurons sur la manière dont cette approche permet de faire cohabiter les deux modèles précédemment évoqués et quelles sont ses limites en matière d'accompagnement et de production de connaissance.