Contribution recherchée

Atelier no 8 : Questions de société et questions de formation et d'éducation. Quelles intersections ?

  Voir la contribution longue


Titre La nouvelle autorité des pères dans les quartiers populaires
Auteur(s) LANDY Alain

Texte

Cette contribution se propose de faire le point sur une recherche en cours concernant les nouvelles relations parents enfants, dans un contexte de précarité particulier, les quartiers populaires. Chaque fois que l'on traite des thèmes majeurs que sont la crise de la famille, la violence à l'école ou l'insécurité dans les quartiers, un personnage discret mais bien présent est montré du doigt, le père de famille ; il est l'objet de notre étude.
Ce qui a été dit des instituteurs manquant d'autorité s'entend aujourd'hui à propos des familles populaires. Ainsi a-t-il été rappelé lors de la Conférence Mondiale "Violences à l'école et Politiques publiques" (France, 2001) qu'une véritable mobilisation des politiques publiques a eu lieu seulement à partir des années 90, alors que pourtant dès les années 80, les enseignants en parlaient; en 80, la situation était celle-ci : les enseignants qui ne savaient pas se faire respecter étaient chahutés, on disait d'eux que c'étaient des enseignants qui manquaient d'autorité (DEBARBIEUX, MONTOYA, 2001), ce même reproche est adressé aujourd'hui aux pères dans les quartiers populaires.
L'autorité dont était investi le père dans les quartiers populaires en faisait le garant de l'ordre social dans la famille, préfigurant ce que devait être l'ordre social en dehors de celle-ci. Il pouvait se recommander d'une identité de classe. Subissant une perte de représentation de son image, la question se pose aujourd'hui de sa place dans la socialisation des jeunes de quartiers populaires. L'éducation étant la fonction naturelle de la famille, la corrélation est rapidement faite entre famille en précarité et les difficultés du milieu scolaire, voire avec la délinquance juvénile.
A partir d'entretiens avec des familles de quartiers socio-économiquement faibles, en périphérie d'une ville moyenne, nous tentons de saisir comment les pères arrivent à se situer entre le rôle de contrôle social qui leur est traditionnellement dévolu, et le maintien dans le privé de la cohésion familiale pour l'éducation de leurs enfants. Nous confrontons les valeurs exprimées par les pères de familles populaires avec le modèle dominant, nous dégageons les stratégies propres à l'acteur, entre reformulation des normes et liberté de l'individu à négocier ces normes. Loin d'être "démissionnaires", la discrétion des pères dissimule leurs efforts pour établir une nouvelle relation parents-enfants.