Contribution recherchée

Atelier no 4 : Enfants et jeunes en difficulté ou situations difficiles ?

Titre Une stratégie de formation : inventer la solution avec la découverte du problème
Auteur(s) BELLOUARD Martine / FOURNERY Marie-Françoise / GRANDJEAN Paul / MARJOLLET Josiane

Texte
L'enseignant exerçant avec des adolescents en grande difficulté ne trouve pas dans les attitudes, techniques et outils déjà rôdés, les moyens de résoudre les problèmes nouveaux qu'il rencontre. Ainsi, les élèves de classes à projet professionnel (CLIPA et CAP) en lycée professionnel qui sont démotivés par une école qui n'a pas ou plus de sens pour eux, découragés par les méthodes d'apprentissage du collège qui ne répondent pas à leurs difficultés, notamment de mémorisation. Débordés par leur vécu personnel, ils n'ont pas pu ou pas su trouver leur place dans la classe. Ils «zappent» les cours trop théoriques, rejetant alors l'obligation de travailler tous au même rythme imposé. Incapables de se projeter pas dans le temps, ils vivent «au jour le jour». Rien n'a d'intérêt à leurs yeux.
Les solutions pour l'enseignant ? Agir vite pour «sauver sa peau» et, simultanément, croire dans le jeune qui est devant lui, innover plutôt que désespérer, surtout pouvoir et savoir inventer des solutions de «gouvernance».
Situation nouvelle pour le formateur qui ne détient pas de solution expérimentée et validée à des problèmes identifiés et connus. A situation nouvelle, démarche nouvelle :
- exprimer toutes les difficultés rencontrées avec ces jeunes et ce qu'ils sont et prendre de la distance; la situation pénible peut ainsi être considérée non comme un drame, mais comme un «problème à résoudre».
- s'informer sur les différents courants pédagogiques exploités en primaire (Freinet, Montessori, Steiner...), aller voir des expériences pour mesurer s'il est possible de s'en inspirer pour un public d'adolescents.
- rechercher des solutions en explorant et formulant clairement le problème; chaque équipe choisit la solution qui lui semble la plus adaptée.
- passer à l'action. Débuter par une activité bien délimitée en ayant un objectif précis, visualiser mentalement les conséquences positives de l'action décidée. Se limiter à une réalisation «satisfaisante», éviter le perfectionnisme qui empêche de vouloir et de pouvoir entreprendre, qui maintient l'échec
- mesurer les effets auprès des jeunes et des familles. Evaluer pour maintenir la motivation et réajuster la stratégie
- communiquer en fin de chaque année scolaire entre équipes pour mutualiser, aux chefs d'établissement pour rendre visible les démarches et les effets obtenus.
Les professeurs apprécient enfin le travail en équipe, en mesurent l'efficacité, se sentent soutenus et accompagnés dans leurs projets. Ils sont valorisés au regard des parents et dans l'établissement car les effets de cette formation originale sont visibles :
- les jeunes dont les difficultés ont été prises en compte se sentent écoutés, goûtent la joie de la «réussite». De ce fait dans des classes où il fait même parfois bon vivre, jeunes et enseignants ont «oublié l'enfer».
- le bouche à oreille fonctionne. Ces classes attirent les familles qui y voient une solution moins désespérante voire positive pour un jeune en difficulté. Mesurant le chemin parcouru par leur enfant, ils peuvent (re)parler de «l'école» avec lui, à la maison mais aussi au lycée avec un professeur.
- le formateur mesure les effets de la démarche de résolution de problèmes. Cette expérience exige d'être à l'aise et suffisamment outillé sur le plan pédagogique, sur l'animation de groupe et l'analyse de pratique professionnelle.