Contribution recherchée

Atelier no 15 : Apprentissages...échecs et réussites.

  Voir la contribution longue


Titre Apprendre comme plaisir ou comme effort ? Politiques et pratiques éducatives à l'école primaire en Angleterre et en France
Auteur(s) RAVEAUD Maroussia

Texte
Le ministre de l'Education Luc Ferry affirme dans une tribune du Monde (14/10/03) qu'il faut «réhabiliter le travail» à l'école et que la culture scolaire n'a pas pour finalité première de divertir. Peu avant, son homologue anglais publiait la nouvelle stratégie pour l'enseignement primaire, intitulée L'excellence et le plaisir (mai 2003). Quelle place l'école primaire fait-elle, en théorie et en pratique, aux notions d'effort et de plaisir dans l'apprentissage?
Cette contribution se penche sur les cas français et anglais à partir des textes officiels et d'une étude de terrain. Des observations de type ethnographique ont été menées dans 12 classes primaires de part et d'autre de la Manche entre 1998 et 2001, à raison de 10 jours par classe. Il en ressort des contrastes saisissants dans la place faite à la notion de plaisir et d'effort dans l'apprentissage. Les enseignants français étaient souvent plus enthousiastes que leur ministre vis-à-vis du plaisir. Cependant, leurs pratiques pédagogiques suggèrent une conception de l'apprentissage qui diffère fortement du modèle anglais en ce que les enseignants français demandent plus explicitement à leurs élèves des «efforts». En Angleterre au contraire, la rhétorique du «jeu» est largement prédominante pendant les premières années de la scolarité.
Au travers des pratiques observées, c'est la notion même de l'élève qui est en jeu. Elle n'a rien d'immédiat, mais correspond au contraire à une construction sociale, ancrée dans une société, une époque et une culture particulières. L'enjeu est de taille, car les pratiques pédagogiques et le discours des enseignants ont une incidence sur le rapport des élèves à l'apprentissage et au travail. Les contrastes observés entre la France et l'Angleterre sont liés à différentes formes de difficultés: ce ne sont pas les mêmes raisons qui conduisent certains enfants à se trouver en décalage avec les attentes de l'école, et les deux systèmes ne façonnent pas les mêmes inégalités.