Contribution recherchée

Atelier no 10 : De nouvelles formes d'évaluation (validation des acquis) vont-elles renouveler les cursus universitaires ?

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Titre Enseignants de français à l'école de base en Algérie : avec ou sans licence !
Auteur(s) BENAMAR Aïcha

Texte
La formation des enseignants de français est actuellement au centre d'un débat alimenté en particulier par les utilisateurs du produit de la formation initiale, qui en sont également les initiateurs. Le système de formation mis en place durant ces dernières années, en Algérie, renvoie à des significations variées privilégiant tantôt la technicité du métier par le développement de quelques compétences professionnelles et tantôt le haut niveau disciplinaire par la maîtrise de la langue française. L'ingénierie de la formation, prônée par les inspecteurs de français, laisse entrevoir le processus de formation des enseignants sous deux aspects complémentaires : l'un instrumental et l'autre communicationnel ; les attentes à l'égard de l'enseignant s'exprimant généralement en termes de maîtrise du savoir disciplinaire et de capacités de communication de ce savoir. En quoi la licence de français peut-elle constituer une condition d'émergence à ce savoir pluriel ?
La recherche que nous avons menée montre que le niveau de maîtrise exigé du licencié, à son recrutement comme enseignant à l'école de base en Algérie, n'est pas garanti par la licence et que la professionnalisation exigée par le corps inspectoral est incertaine, et ce, avec ou sans licence.
Les données obtenues à l'issue de l'enquête ont impliqué l'utilisation de questionnaires adressés aux enseignants et aux inspecteurs et d'interviews. En ce qui concerne les enseignants, la base de sondage fut prélevée à partir des listes communiquées par les directions de l'éducation. Les unités primaires renvoient aux enseignants de français de moins de dix ans d'expérience dans deux zones géographiques. Les unités secondaires se réfèrent aux enseignants avec licence et sans licence. Pour les unités tertiaires ce sont les enseignants avec licence de français et avec une autre licence (et enseignant le français).
Les unités primaires (enseignants de français de même âge avec une expérience de moins de dix ans) ont été tirées selon la méthode aléatoire. Les unités secondaires (enseignants avec licence et sans licence) ont été tirées selon la méthode du tirage systématique. Les unités tertiaires (enseignants avec licence de français et avec une licence autre) ont été tirées selon un sondage par grappe.
Les résultats obtenus peuvent être résumés en deux points :
- Les enseignants titulaires d'une licence, de quelque spécialité qu'elle soit, manifestent beaucoup d'assurance et d'agressivité, par rapport à leurs collègues non diplômés. Leurs mécanismes de défense sont plus renforcés et leur volonté de transmettre le maximum de connaissances plus grande. Ils «disent» et «font» beaucoup plus qu'ils ne «font dire» et ne «font faire»
- Les enseignants sans licence, sortant des Instituts de Formation (bac+2) et pris en charge en formation continue par les inspecteurs sont peu sûrs d'eux, plus conciliants. Ils attachent beaucoup plus d'importance au «faire dire» et «faire faire» en langue française.