Parmi les changements notoires de la reconnaissance de l'enseignement en tant que profession, se distingue dans certains pays et provinces canadiennes la mise sur pied d'un ordre professionnel d'enseignants. Cet ordre peut, entre autres, avoir comme fonction de faire l'évaluation de programmes de formation à l'enseignement et en faire l'agrément, c'est-à-dire donner une approbation qui octroie le droit d'offrir un ou des programmes. C'est le cas, par exemple, en Ontario, province canadienne voisine du Québec, où nombre de facultés d'éducation en sont en 2004 à leur deuxième expérience d'agrément, la première ayant eu lieu en 1998 ou 1999.
Il va sans dire que la venue d'un ordre enseignant qui a un tel pouvoir rejoint toute la problématique de reconnaissance de la formation à l'enseignement en contexte universitaire. D'une part, nous sommes à peine sortis de la conception de la formation enseignante régie par des écoles normales qu'apparaît un ordre enseignant qui fait appel dans son évaluation à un panel de praticiens. D'autre part, la recherche qui s'effectue à la formation à l'enseignement n'a pas eu le temps de prendre racine que déjà les programmes qui en découlent se retrouvent sous les feux de la rampe. La réussite de leur agrément est même cruciale pour leur survie. C'est pourquoi, il s'avère important de ne pas minimiser ce phénomène et de réfléchir aux enjeux qui y sont sous-jacents. Que signifie l'agrément de programmes de formation à l'enseignement ? Quel est le processus mis en oeuvre ? Quelles sont les conditions d'agrément ? Comment choisit-on de répondre à ces conditions ? Quels en sont les enjeux politiques et éducationnels ? C'est en partant de l'expérience vécue dans deux des programmes de formation à l'enseignement de la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa que nous allons alimenter la discussion à ce sujet et illustrer comment ce processus a été réalisé.