Contribution recherchée

Atelier no 11 : Diversité culturelle, conflit des civilisations ou dialogue interculturel : quelles stratégies éducatives ?

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Titre Enseigner l'histoire coloniale au cycle 3 : un regard sur l'autre
Auteur(s) MOURIES Frédéric

Texte
Après des études d'Histoire qui m'ont conduit jusqu'au doctorat en histoire coloniale, je me suis intéressé aux modalités d'enseignement de l'Histoire coloniale au sein de l'institution scolaire et plus particulièrement de l'école élémentaire en organisant des animations pédagogiques auprès d'instituteurs sur le thème: enseigner l'histoire coloniale au cycle3: un regard sur l'Autre. Ayant participé à l'université d'été organisée en 1999 par l'INRP sur le thème «Mémoire et Histoire», j'ai ensuite pris part à une équipe de recherches sur le même thème afin d'aboutir à la mise en ligne d'outils pédagogiques pour les enseignants qui souhaitent se frotter à l'enseignement de sujets réputés difficiles car encore brûlants dans la mémoire collective.
Je voudrais dans le cadre de cette biennale et d'un atelier de discussion expliciter le déroulement de cette expérience et engager la réflexion sur la définition d'une pédagogie qui serait la plus adaptée pour aborder ces sujets pour lesquels la mémoire semble encore fortement chargée en émotions.
Rompant avec la tradition historiographique française centrée sur la vision nationale de la colonisation, en particulier longtemps magnifiée par les manuels scolaires, l'enseignement de l'Histoire coloniale au cycle 3 et au collège peut donner l'occasion, tout en conservant les éléments propres à la discipline avec des repères chronologiques stricts, de mettre l'accent sur la notion de contact colonial qui fut présent du premier au dernier jour de cette période et qui engendra toute une série de rapports inégaux.
Une étude précise à partir de documents d'archives, de bandes dessinées (Tintin) colportant les poncifs coloniaux les plus primaires sur le rapport à l'Autre, d'épisodes coloniaux peut engager les enfants dans une réflexion et une compréhension plus larges du fait colonial et de la perception de l'Autre au sein de ce contact colonial. Cette réflexion pourra s'étendre à des thèmes d'éducation civique comme «le vivre ensemble» dans lequel la perception de l'étranger, de l'immigré, souvent issu de nos anciennes colonies, souffre encore de la persistance de clichés coloniaux d'autant plus tenaces que la décolonisation a crée «une énorme chape mémorielle de ressentiment».