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Contribution recherchée

Atelier no 6 : Quelles formations pour des adultes qui auront à éduquer demain ?

Titre	Les conditions d'émergence d'un nouveau métier du sport : l'animateur socio-sportif.
Auteur(s)	MONIN Noëlle / MOLZ Markus

Texte
Du contexte de crise qui affecte l'espace social dans les années 1970-80, émerge une offre sportive locale dont la conquête du marché de l'insertion des jeunes fait l'objet. Elle devient un véritable enjeu identitaire pour le personnel communal chargé de l'encadrement sportif. La chronicité des maux de la jeunesse et la contention de ses débordements sollicitent les potentialités locales. L'offre sportive contribue au même titre que les nombreuses autres initiatives municipales à la cause de l'insertion. Elle revient aux municipalités, en partie, parce que l'école externalise ses dysfonctionnements par le biais du partenariat éducatif, parce que le contexte de l'emploi défavorable aux jeunes sans diplôme entretient le processus de marginalisation amorcé par les procédures d'exclusion scolaire (Bourdieu 1992, Broccolichi 1995). Notre propos n'est pas de préciser le contenu fourre-tout de cette notion d'insertion, pas plus que de saisir l'efficacité d'un tel objectif, mais plutôt de comprendre les enjeux et la logique qui font de cette idée un terrain de négociation pour les intervenants et en particulier les animateurs nouvellement qualifiés de socio-sportif. La plupart du temps, contractuels et vacataires, ils bâtissent leur existence professionnelle dans les créneaux du travail social, domaine rejeté par la majorité de leurs collègues titulaires. Ces derniers justifient leur boycott par des conditions de travail qu'ils estiment complexifiées à cause du public concerné et de la flexibilité des horaires. Tout semble se passer comme si la légitimité de l'animateur socio-sportif tenait au challenge de l'impossible en s'instaurant d'une part, l'ultime recours d'une jeunesse marginalisée et d'autre part, le magicien de l'intervention sociale dont la théurgie serait contenue dans le sport et l'animation sportive innovante. La professionnalisation de l'animation sportive est un véritable enjeu autour de la reconnaissance d'un corps professionnel et de son rang à tenir dans le champ de l'éducation déjà fort concurrencé. Cette reconnaissance, bien que bâtie sur des diplômes, est quasi entièrement contenue dans la manière dont les agents investissent ce nouvel espace ouvert par le sport dans la ville. Dans l'invention du métier réside le savoir-faire de l'animateur socio-sportif, voix d'une légitimation professionnelle (Sainsaulieu et Laville, 1997 ; Muel-Dreyfus, 1984). L'hypothèse de ce travail postule qu'en relevant le défi de la sous-traitance des dysfonctionnements de l'institution scolaire, les animateurs socio-sportifs, négocient leur place dans l'espace social ouvert par l'insertion des jeunes, désormais à la charge des communes.

Texte

Du contexte de crise qui affecte l'espace social dans les années 1970-80, émerge une offre sportive locale dont la conquête du marché de l'insertion des jeunes fait l'objet. Elle devient un véritable enjeu identitaire pour le personnel communal chargé de l'encadrement sportif. La chronicité des maux de la jeunesse et la contention de ses débordements sollicitent les potentialités locales. L'offre sportive contribue au même titre que les nombreuses autres initiatives municipales à la cause de l'insertion. Elle revient aux municipalités, en partie, parce que l'école externalise ses dysfonctionnements par le biais du partenariat éducatif, parce que le contexte de l'emploi défavorable aux jeunes sans diplôme entretient le processus de marginalisation amorcé par les procédures d'exclusion scolaire (Bourdieu 1992, Broccolichi 1995).
Notre propos n'est pas de préciser le contenu fourre-tout de cette notion d'insertion, pas plus que de saisir l'efficacité d'un tel objectif, mais plutôt de comprendre les enjeux et la logique qui font de cette idée un terrain de négociation pour les intervenants et en particulier les animateurs nouvellement qualifiés de socio-sportif. La plupart du temps, contractuels et vacataires, ils bâtissent leur existence professionnelle dans les créneaux du travail social, domaine rejeté par la majorité de leurs collègues titulaires. Ces derniers justifient leur boycott par des conditions de travail qu'ils estiment complexifiées à cause du public concerné et de la flexibilité des horaires. Tout semble se passer comme si la légitimité de l'animateur socio-sportif tenait au challenge de l'impossible en s'instaurant d'une part, l'ultime recours d'une jeunesse marginalisée et d'autre part, le magicien de l'intervention sociale dont la théurgie serait contenue dans le sport et l'animation sportive innovante. La professionnalisation de l'animation sportive est un véritable enjeu autour de la reconnaissance d'un corps professionnel et de son rang à tenir dans le champ de l'éducation déjà fort concurrencé. Cette reconnaissance, bien que bâtie sur des diplômes, est quasi entièrement contenue dans la manière dont les agents investissent ce nouvel espace ouvert par le sport dans la ville. Dans l'invention du métier réside le savoir-faire de l'animateur socio-sportif, voix d'une légitimation professionnelle (Sainsaulieu et Laville, 1997 ; Muel-Dreyfus, 1984).
L'hypothèse de ce travail postule qu'en relevant le défi de la sous-traitance des dysfonctionnements de l'institution scolaire, les animateurs socio-sportifs, négocient leur place dans l'espace social ouvert par l'insertion des jeunes, désormais à la charge des communes.