Est-il indifférent pour le responsable d'une formation professionnalisante dans l'enseignement supérieur de développer des liens avec le milieu de travail visé ? Quel est l'effet de la prise en compte des liens noués avec le personnel des entreprises intervenant au plan pédagogique ou accueillant des élèves en stage pour le fonctionnement de ces formations ? Quelle place tient la forme de pilotage retenue par le responsable de ce point de vue ? Ces dimensions relationnelles, essentielles pour le marché du travail (Granovetter 2000), concernent aussi les organisations éducatives. Ce travail est issu d'une thèse de sociologie soutenue en 2003 (Capital social, école et entreprise. Univ. Paris 5). Toute formation est un dispositif organisé (Friedberg 1993) mixant des dimensions formelles et informelles et encastré dans le monde social (Granovetter 1985), piloté par un enseignant responsable dont les choix fixent son fonctionnement. Celui-ci peut adopter une convention académique, centrée sur de strictes normes scolaires, ou intégrer dans son fonctionnement les règles et normes professionnelles du milieu de travail visé. De nombreux liens se développent alors, un capital social collectif (Coleman 1990) apparaît, matérialisant une articulation effective avec le milieu professionnel, et offrant les meilleures conditions d'accès à l'emploi. Le comportement du responsable aboutit à la création d'une niche sociale (Lazega 2001) stabilisant durablement les rapports de coopération établis entre les différents acteurs, en particulier les entreprises, et préservant de la concurrence avec d'autres dispositifs de formation. L'analyse s'appuie sur le fonctionnement de formations de 3^ème cycle en administration culturelle en France et le parcours de 300 élèves sortis de ces formations.