INRP - Recherche d'une contribution

Contribution recherchée

Atelier no 4 : Enfants et jeunes en difficulté ou situations difficiles ?

Titre	Innovation sociale avec des jeunes en difficulté
Auteur(s)	TOURRILHES Catherine

Texte
De la difficulté d'être jeune à la jeunesse en difficulté, il n'y a parfois qu'un pas qui peut se traduire par la peur de cette jeunesse même si paradoxalement cette notion représente l'avenir dans un monde devenu aujourd'hui complexe et incertain. Loin de l'idée d'un monde de certitudes où les institutions de socialisation avaient pour mission d'inculquer les règles de la vie en société afin que chacun ait et tienne sa place, on est confronté à une société qui a perdu ses anciens repères et qui est engagée à en construire de nouveaux dans un monde social plus «éclaté», «fragmenté» et «distancié». Paradoxalement en analysant le processus de construction sociale de la «jeunesse en difficulté» et celui de l'innovation dans des pratiques sociales et éducatives la concernant, nous avons pu observer les mécanismes de reproduction sociale et de changement dans le système d'action sociale institué. En interrogeant la fonction de l'innovation dans l'institution sociale, nous posons la question de la place de la jeunesse dans notre société, de son émancipation et de son autonomie dans un environnement socio-économique de plus en plus complexe et incertain. Les expériences d'insertion que nous avons étudiées sont des situations d'action expérimentales, non instituées, situées dans des «zones d'incertitude» du système social, s'appuyant sur des acteurs extérieurs au travail social. En apportant un regard extériorisé, ces acteurs, par leur distance des pratiques sociales et professionnelles auxquelles les jeunes sont habitués, permettent des expériences nouvelles et des comportements en rupture avec les pratiques éducatives classiques. Le travail social, s'il a été critiqué comme participant à la stigmatisation et à la normalisation des dominés, pourrait retrouver sa capacité d'innovation en s'appropriant ces autres manières de faire dans la construction d'un projet éducatif en direction des jeunes, permettant aux différents partenaires socio-éducatifs d'y apporter leur contribution dans un débat structurant à propos d'une jeunesse qui se construit à partir d'une pluralité d'expériences qu'elle fait dans des espaces sociaux hétérogènes. La démarche méthodologique adoptée pour cette recherche a été de faire une analyse réflexive sur des expériences d'insertion mises en place dans les années 1980-90 avec des jeunes «en difficulté» où le chercheur était impliqué - des activités nautiques et un projet d'activité hôtelière - puis d'opérer un travail théorique sur la question de l'innovation dans le travail social pour revenir, en tant qu'«artisan-chercheur», enquêter sur le terrain «en immersion» de 1997 à 1999 dans deux quartiers de Lille affectés par des problèmes liés aux difficultés d'insertion des jeunes pour observer les pratiques sociales à l'oeuvre avec les jeunes. Nous avons d'abord effectué trois mois d'observation participante dans une association multimédia hébergée par une maison de quartier qui favorise l'expression et la communication des jeunes. Puis, par l'intermédiaire des deux maisons de quartiers, nous avons cherché à comprendre, dans les deux quartiers étudiés, les nouvelles formes de régulations sociales en ce qui concerne la socialisation des jeunes et leurs rapports avec les institutions.

Texte

De la difficulté d'être jeune à la jeunesse en difficulté, il n'y a parfois qu'un pas qui peut se traduire par la peur de cette jeunesse même si paradoxalement cette notion représente l'avenir dans un monde devenu aujourd'hui complexe et incertain. Loin de l'idée d'un monde de certitudes où les institutions de socialisation avaient pour mission d'inculquer les règles de la vie en société afin que chacun ait et tienne sa place, on est confronté à une société qui a perdu ses anciens repères et qui est engagée à en construire de nouveaux dans un monde social plus «éclaté», «fragmenté» et «distancié».
Paradoxalement en analysant le processus de construction sociale de la «jeunesse en difficulté» et celui de l'innovation dans des pratiques sociales et éducatives la concernant, nous avons pu observer les mécanismes de reproduction sociale et de changement dans le système d'action sociale institué. En interrogeant la fonction de l'innovation dans l'institution sociale, nous posons la question de la place de la jeunesse dans notre société, de son émancipation et de son autonomie dans un environnement socio-économique de plus en plus complexe et incertain.
Les expériences d'insertion que nous avons étudiées sont des situations d'action expérimentales, non instituées, situées dans des «zones d'incertitude» du système social, s'appuyant sur des acteurs extérieurs au travail social. En apportant un regard extériorisé, ces acteurs, par leur distance des pratiques sociales et professionnelles auxquelles les jeunes sont habitués, permettent des expériences nouvelles et des comportements en rupture avec les pratiques éducatives classiques. Le travail social, s'il a été critiqué comme participant à la stigmatisation et à la normalisation des dominés, pourrait retrouver sa capacité d'innovation en s'appropriant ces autres manières de faire dans la construction d'un projet éducatif en direction des jeunes, permettant aux différents partenaires socio-éducatifs d'y apporter leur contribution dans un débat structurant à propos d'une jeunesse qui se construit à partir d'une pluralité d'expériences qu'elle fait dans des espaces sociaux hétérogènes.
La démarche méthodologique adoptée pour cette recherche a été de faire une analyse réflexive sur des expériences d'insertion mises en place dans les années 1980-90 avec des jeunes «en difficulté» où le chercheur était impliqué - des activités nautiques et un projet d'activité hôtelière - puis d'opérer un travail théorique sur la question de l'innovation dans le travail social pour revenir, en tant qu'«artisan-chercheur», enquêter sur le terrain «en immersion» de 1997 à 1999 dans deux quartiers de Lille affectés par des problèmes liés aux difficultés d'insertion des jeunes pour observer les pratiques sociales à l'oeuvre avec les jeunes. Nous avons d'abord effectué trois mois d'observation participante dans une association multimédia hébergée par une maison de quartier qui favorise l'expression et la communication des jeunes. Puis, par l'intermédiaire des deux maisons de quartiers, nous avons cherché à comprendre, dans les deux quartiers étudiés, les nouvelles formes de régulations sociales en ce qui concerne la socialisation des jeunes et leurs rapports avec les institutions.