Contribution recherchée

Atelier no 15 : Apprentissages...échecs et réussites.

  Voir la contribution longue


Titre L'heure de vie de classe au collège : une réforme impossible ?
Auteur(s) DUBOIS Arnaud

Texte
Instituée au collège en juin 1999, l'heure de vie de classe consistait pour chaque professeur principal à passer une heure par quinzaine avec la classe dont il avait la charge, pour permettre une prise de parole des élèves. Elle a d'abord été mise en place au lycée, puis au collège, à la suite d'un débat national piloté par F. Dubet à la demande de S. Royal.
Prenant appui sur les acquis de l'analyse institutionnelle, l'heure de vie de classe est envisagée comme un analyseur de l'institution. Elle est le surgissement d'un événement qui permet d'analyser le fonctionnement du collège et de l'Éducation Nationale. Cette recherche - résultat partiel d'une thèse en cours - s'appuie sur l'étude des textes produits, au cours de ce débat, croisée avec des entretiens avec des acteurs de la prise de décision.
Le collège était décrit comme une institution en crise, dans laquelle aucune place n'était accordée à la vie des adolescents, dont les conditions de vie étaient désastreuses. L'heure de vie de classe, centrée sur la parole, était présentée comme une piste permettant de faire face à la violence des élèves et de l'institution au collège. La dimension mortifère, décrite par E. Enriquez, se déploie au collège et c'est pourquoi il faut faire une place à la vie dans la classe.
L'analyse du processus de prise de décision fait apparaître une contradiction dans le fonctionnement de l'institution. Tous les acteurs de l'Éducation Nationale sont associés à cette réforme, soit par la rédaction de rapports, soit par la participation au débat. Le politique s'appuie sur des "experts" pour prendre des décisions qui visent le consensus. L'heure de vie de classe était pratiquée dans de nombreux établissements avant la réforme et son institutionnalisation fut plébiscitée au cours du débat. Pourtant cette réforme, avec celle du lycée, a conduit à la démission des deux ministres.
L'analyse des entretiens fait apparaître l'Éducation Nationale comme une institution mortifère dans laquelle aucune parole n'est possible, puisque les acteurs doivent se livrer à un travail de deuil après avoir participé à l'élaboration de la réforme. Qu'ils aient agi en tant qu'experts consultés par la ministre, ou membres de son cabinet ils font le constat de l'impossibilité, dans l'institution, à faire apparaître du nouveau et à faire entendre leur parole. Il y a là un paradoxe dans une institution qui cherche à promouvoir la parole dans une heure consacrée à la vie de la classe.