Contribution recherchée

Atelier no 6 : Quelles formations pour des adultes qui auront à éduquer demain ?

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Titre Les enseignants stagiaires à l'épreuve des savoirs à enseigner .
Auteur(s) JELLAB Aziz

Texte
Le métier et le travail enseignants ont été largement travaillés par la sociologie de l'éducation et ce, sous deux angles majeurs que sont leur professionnalisation et les difficultés d'exercice professionnel, liées en partie aux mutations de l'Ecole et de son public. Pourtant, une autre dimension intervient dans le travail enseignant et que la sociologie n'a tout au plus considérée que sous un angle secondaire, comme un allant de soi: il s'agit des savoirs à enseigner et, de façon plus générale, des savoirs mobilisés dans les situations scolaires. Une simple analyse de ce que disent les enseignants sur leur condition de travail montre des rapports complexes avec les savoirs: ceux-ci désignent non seulement l'identité de l'enseignant, mais ils contribuent à donner corps et «réalité» à la relation enseignant/élève. Or cette relation est jalonnée de tensions, d'étonnements, de ruptures aussi, notamment lorsque les savoirs ne mobilisent pas tous les élèves, ou lorsque les contenus semblent peu « évidents » à expliquer « vu le niveau du public » ! Mais enseigner ne se conçoit pas sans travail du sens, sans un type spécifique de rapport aux savoirs à enseigner. Ce sens, qui est au centre d'une problématique du rapport aux savoirs, se construit à travers l'histoire de chacun mais aussi à la rencontre de contextes avec lesquels on est aux prises. - Dans cette perspective, le travail sociologique peut interroger les finalités que les enseignants associent à leur «matière », mais aussi ce qu'ils convoquent comme savoirs (ou savoirs de référence) pour construire leur enseignement. La pertinence d'une telle interrogation peut être éprouvée lorsqu'on se situe avec l'expérience des enseignants stagiaires, en formation à l'IUFM. A mi- chemin entre enseignement et apprentissage du métier, l'expérience des professeurs stagiaires met à l'épreuve les expériences socio-subjectives en ce qu'elle oblige à des aller et retour incessants entre maîtrise de savoirs, leur construction, leur enseignement et leur réinterrogation, notamment sous l'angle de leurs finalités et légitimité. En alliant approche biographique - qui s'interroge notamment sur le rapport établi avec la discipline enseignée à l'aune d'une scolarité passée, et sur les savoirs sociaux portés par les enseignants -, nous ouvrons le débat sociologique sur la nécessité de penser le travail enseignant en rapport avec les savoirs constitués, avec la manière dont ceux-ci contribuent à structurer le travail au quotidien, en fonction des finalités que les sujets y associent, et des rapports entre normes institutionnelles et normativité individuelle.
Deux dimensions désignent l'expérience des enseignants en formation: une dimension objective tenant aux multiples situations où ils ont à enseigner et à apprendre à enseigner, situations présentant plus ou moins de cohérence entre elles, car situées dans différents contextes, et mobilisant des types de rapport aux savoirs disciplinaires; une dimension subjective que nous situons principalement au niveau des finalités associées aux savoirs enseignés (savoirs qui ne se réduisent pas aux seuls contenus disciplinaires). Ces finalités, elles se situent d'abord au niveau de ce que les enseignants disent vouloir atteindre comme objectifs à travers la matière enseignée. Si savoir, c'est «comprendre et expliquer », ce sens est fortement inscrit dans cette « entrée dans le métier » qui impose un retour sur soi et sur sa propre scolarité.