Dans le cadre d'un programme de recherche de logistique en milieux extrêmes (Lièvre, 2001, 2002, 2003) nous suivons le déroulement " in vivo " d'une expédition polaire. Une équipe de novices s'est donnée comme projet d'atteindre le Pôle Nord Magnétique en 2006. Nous mettons en place, dés l'idée du projet, un dispositif d'investigation des activités des acteurs en situation (Lièvre, Rix, 2003), intégrant la difficulté de toute analyse de pratique : rendre compte de l'implicite (Theureau 1992 ; Vermersch, 1998) et dissocier dans l'explicite ce qui a été effectivement réalisé (Clot, 2000). Enfin nous nous inscrivons dans une perspective d'une théorie autonome de l'action (Ricoeur, 1990) c'est-à-dire non réductible au strict discours des acteurs sur leur action. Les milieux extrêmes, ici le milieu polaire, constituent des " situations naturelles idéales " d'observation des pratiques dans le sens où les solutions adoptées par les acteurs sont lisibles et viables : lisibles parce que le contexte d'isolement et d'autonomie de ce type d'opération permet une compréhension rapide des phénomènes en interaction ; viables parce que les erreurs commises par les acteurs se paient " comptant " et " rapidement " d'où l'obligation, pour les acteurs, de converger vers des issues " acceptables ". Nous décrivons un milieu extrême comme un milieu à l'écart de la vie ordinaire d'un acteur qui le place dans une situation de rupture, de stress, de risque et d'incertitude (Lièvre, 2003). Nous investissons les stratégies d'apprentissage mises en oeuvre par les différents acteurs pour faire face aux situations rencontrées. Il s'agit de rendre compte à la fois des mécanismes d'apprentissage implicite et explicite (Recopé, 2001) des différents acteurs et de situer leurs caractères spécifiques puisqu'il s'agit de " novices " (Ria, 2002).