Contribution recherchée

Atelier no 5 : Vers une culture du débat. Citoyenneté et démocratie.

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Titre LE QUESTIONNEMENT PHILOSOPHIQUE DES ENFANTS: PISTES POUR DES RECHERCHES
Auteur(s) TOZZI Michel

Texte
L'enfant pose beaucoup de questions, dont nombre sont essentielles (celles sur la mort arrivent vers trois ans), que l'on peut qualifier, vu leur dimension anthropologique, de « philosophiques ».
Ces questions dérangent l'adulte, parent ou enseignant, et il y a de multiples façons de ne pas les entendre « philosophiquement », mais par exemple affectivement, factuellement, scientifiquement (c'est plus rassurant !). On peut avoir des difficultés à comprendre la question, ne pas avoir de réponse certaine, savoir que sa réponse n'est qu'une parmi d'autres, hésiter à donner une réponse sur une telle question, ou ne pas savoir comment la formuler, croire devoir en donner une, trouver l'enfant insatisfait de notre réponse etc.
On s'est jusque là peu intéressé aux questions des enfants : c'est à l'école plutôt le maître qui en pose, dont il connaît d'ailleurs les réponses, ou le psychologue pour faire un diagnostic... Nous avons peu de connaissances à ce sujet.
D'où l'opportunité, maintenant que des pratiques à visée philosophique s'ouvrent dans les classes et favorisent l'émergence et la prise en compte de ce questionnement, de réunir un large corpus de ces questions et de les analyser. C'est l'objectif de l'enquête lancée aux colloques de 2003 sur ces pratiques (Balaruc en mars, Montpellier en mai, et Nanterre en juin).
Quelques hypothèses à vérifier : ce sont des questions massives, radicales, syncrétiques ; elles font réfléchir le maître lui-même ; elles instaurent, par le mode interrogatif du langage, un rapport réflexif à soi, au monde et à la vérité, une adresse affective et cognitive à l'adulte supposé savoir (et qui souvent n'en «sait mais»). C'est ce questionnement de l'enfant, inscrit dans le champ d'interrogation de la philosophie, qui pose problème à l'école sur le statut scolaire en la matière de la question et de la réponse, sur le statut du maître transmetteur (ici plutôt «sachant-douter»), sur le rapport des acteurs au savoir et à la vérité, et en définitive sur le sens de l'école.