Contribution recherchée

Atelier no 15 : Apprentissages...échecs et réussites.

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Titre Le théâtre et l'éducation : chercher, imiter, interpréter et représenter
Auteur(s) UCAR MARTINEZ Xavier

Texte

Les potentialités éducatrices du théâtre ont de tout temps été évidentes pour le monde de l'éducation. Cependant, ni l'école ni la société elle-même au long de l'histoire, n'ont pu se soustraire à la crainte que généraient toutes ces actions et pratiques celles-ci n'étant pas tout à fait rationnelles ou susceptibles de rationalisation. Le théâtre, comme l'art en général, ayant dans son fort composant émotionnel l'un de ses traits caractéristiques. Cela à fait du théâtre une activité qui apparaissait, du point de vue de l'orthodoxie éducative, aussi attractive que mystérieuse. Attractive, car elle permet à celui qui la pratique de sortir de soi-même -à la forme figurée- pour entrer dans les personnages qu'il imite ou interprète. Mystérieuse, car elle met en jeu tout un ensemble de forces et d'énergies inconnues dont on ignore ce qu'elles peuvent produire et où elles peuvent mener celui qui les libère. C'est la raison pour laquelle la pratique du théâtre dans l'éducation a toujours relevé davantage de l'initiative, la formation ou le courage des éducateurs eux-mêmes que des schémas encouragés par les politiques éducatives.
Il semblerait toutefois qu'il apparaît, au commencement du nouveau millénaire, toute une série de conditions à l'actif de l'hybridation et du métissage disciplinaire qui ouvrent le chemin à l'acceptation normalisée ou même à l'intégration de pratiques et d'objets d'étude ayant été omis, refusés ou tout simplement dévalorisés par la perspective scientifique dominante. Je ne me réfère pas seulement au théâtre mais aussi, et principalement, aux émotions qui sont le véhicule privilégié sur lequel reposent et se construisent le drame et le théâtre. La théorie de la complexité qui considère dépassée la dualité cartésienne corps-esprit, défend un être humain intégré dans la cognition. C'est ainsi que l'on en arrive à considérer les émotions comme étant un élément supplémentaire parmi ceux qui participent aux processus autopoïétiques que nous, êtres humains, développons en interaction avec notre environnement (Maturaña, 1995). Et cela à partir d'un statut scientifique difficilement discutable qui facilite le dépassement des orthodoxies, aussi bien scolastiques que scientistes.
La thèse que ce travail prétend défendre est que le théâtre en général et la dramatisation en particulier, considérés comme langage, comme moyen ou comme médiation sont des ressources particulièrement aptes, c'est-à-dire efficaces, effectives et satisfaisantes, à procurer un apprentissage intégral. Apprentissages où l'émotionnel et le rationnel se trouvent intimement liés dans les actions dramatiques développées par les participants. Des actions qui se constituent comme une source d'expérience et d'expérimentation personnelle, collective et socioculturelle contribuant à rendre possible le dévoilement, l'émergence ou l'élargissement des registres expressifs et communicatifs de chacun d'entre eux. Tout cela indépendamment de l'âge des participants ou du cadre spécifique de formation -éducation formelle et non formelle- où l'on se sert de la dramatisation et du théâtre.