Peut-on former à l'innovation sans innover sur les contenus et les modalités
de formation ? Et, si oui, quelles formes choisir pour quels fonds ? Comment
valider ces choix ?
Ces questions se sont posées à l'Ecole Nationale Supérieure
en Génie des Systèmes Industriels puisqu'elle prépare des
ingénieurs à l'impulsion et au pilotage de processus innovants.
Elles se posent toujours puisque l'acte de former, tout comme l'acte d'innover,
est une pratique aux résultats toujours incertains qui, donc, requiert
une analyse permanente de ses actions pour les ajuster aux buts poursuivis.
C'est dans ce cadre que l'équipe pédagogique de l'école
a initié un travail de thèse en collaboration avec un laboratoire
de Sciences de l'Education afin de mieux comprendre les innovateurs, la façon
dont ils génèrent des idées nouvelles et les transforment
en projet d'innovation, tant pour questionner les choix pédagogiques
de l'école que pour proposer de nouvelles voies de formation. C'est cette
rencontre dont nous souhaitons rendre compte ici en décrivant, tout d'abord,
les buts et principes structurant la pédagogie de l'ENSGSI ainsi que
les problèmes posés aux praticiens. Ensuite, nous présenterons
les grandes lignes et certains résultats de la recherche que nous avons
menée sur les innovateurs et leurs pratiques. Résultats conduisant,
comme nous le verrons enfin, vers un développement plus important de
l'apprentissage autonome qui pose de nouveaux problèmes sur le plan de
l'adaptation des pratiques des enseignants et de l'articulation entre autonomie
et éducation formelle.
Une formation à l'innovation centrée sur l'action, l'autonomie
et le développement personnel
Les contenus et objectifs de l'enseignement de l'école ont été
élaborés sur la base d'un Référentiel Emploi-Compétence
formalisant l'attente d'un nouveau profil d'ingénieur - attente exprimée
par les entreprises et relayée par les instances politiques (Commission
Européenne, 1995). Au terme de ce travail, il est apparu que, en plus
de compétences techniques généralistes et de compétences
manageriales, il était demandé à l'ingénieur de
posséder des capacités personnelles entrepreneuriales, i.e. lui
permettant d'être un moteur du changement dans l'organisation en prenant
des initiatives et, surtout, en proposant des idées nouvelles (Morel,
1998). Sur la base du référentiel, la définition des contenus
d'enseignement a peu posé de problèmes relativement à la
détermination des modes de travail pédagogique les plus pertinents
au regard des résultats attendus (Lesne, 1977). Toutefois, trois principes
structurant la formation à l'innovation ont été dégagés
:
- Former le professionnel autant que la personne. En terme de contenus, la formation
repose sur un socle de matières scientifiques et techniques auxquelles
s'ajoutent des enseignements en gestion et management ainsi que l'apprentissage
de langues vivantes. Mais, par delà l'acquisition de ces savoirs et savoir-faire,
une grande attention est apportée au développement personnel des
étudiants. Nous pouvons voir dans ce terme une référence
au savoir-être à condition de désigner celui-ci comme étant
la capacité à mobiliser à bon escient des savoirs et savoir-faire
d'interaction ; interaction avec autrui, la connaissance et soi-même,
pour reprendre et étendre la définition donnée par E. Sulzer
(Sulzer, 1999). En ce sens, le développement personnel a trois facettes
interdépendantes : la connaissance de soi (ses capacités et ses
limites, ses motivations profondes, son aptitude à changer
), la
communication (comprendre les autres, ce qui permet ou empêche l'élaboration
de significations communes
), et l'apprendre à apprendre (être
conscient de son ignorance, connaître ses préférences et
stratégies d'apprentissage
). Concrètement, cela se traduit
par des cours portant sur les techniques de communication, la communication
non-verbale, la gestion du stress
Surtout, l'atteinte de cet objectif
passe par la mise en uvre des deux autres principes-clés : l'autonomie
et l'action
- Former par et pour l'autonomie. L'autonomie que nous cherchons à développer
est autant praxéologique (pourvoir diriger soi-même la conception
et le pilotage de l'action - dont l'action d'apprendre) qu'existentielle (forger
sa propre loi en établissant un rapport personnel et réfléchi
aux choses, aux autres et à soi-même - Habermas, 1987 ; Pineau,
1987 et 1991). Le développement de l'autonomie passe, comme nous le verrons,
par l'action et également par son exercice continu pendant la formation
: en plus des cours magistraux et des travaux dirigés, il est demandé
aux étudiants de s'approprier certains contenus de façon autonome
ou de compléter des points qui ne sont pas traités intégralement
en cours.
- Apprendre par l'action et les situations. L'action, en ce qu'elle confronte
directement à l'événement et aux situations, offre à
la fois la possibilité de mettre en uvre les connaissances acquises
dans les différents enseignements, d'exercer son autonomie et aussi de
constituer un vécu qui va, par la suite, faire l'objet d'une analyse
individuelle et/ou collective entraînant une conscientisation plus grande
de soi (soi en tant que personne, apprenant et professionnel). Au niveau pédagogique,
cela s'exprime par la place importante accordée aux projets de groupe
à chaque année du cursus et par la réalisation de simulations
consistant en des jeux de rôles managériaux pendant lesquels les
participants sont observés par plusieurs enseignants qui confrontent
leurs observations.
Ces choix pédagogiques posent problèmes aux enseignants-chercheurs
de l'école qui, pour l'essentiel, sont issus de l'ingénierie et
de la gestion. Le premier type de problème est en lien avec la mise en
oeuvre pédagogique de ces principes, en particulier l'accompagnement
de l'apprentissage autonome et l'élaboration de dispositifs le favorisant.
De ce point de vue, l'ouverture aux Sciences de l'Education correspond à
une recherche d'expertise, de connaissances. Mais, elle a principalement été
motivée par le besoin de compléter les connaissances techniques
et manageriales de l'innovation par une connaissance de l'innovateur et de ses
actes. Là, c'est moins l'expertise qui est recherchée que le fait
de disposer de méthodologies d'enquête permettant d'éclairer
le " je " de l'innovation. En effet, il a été constaté
que, bien que possédant les outils et compétences nécessaires
à la conduite de projets innovants, les étudiants formés
à l'école ne montraient pas un potentiel plus élevé
à innover que ceux issus d'autres formations - l'observation laissant
à penser que les étudiant n'osent pas exprimer leur potentiel,
ils ne s'autorisent pas à le faire. Dès lors, il est apparu nécessaire
d'étudier ce qui se joue au moment de l'émergence de l'idée
et de sa trans-formation en un projet d'innovation.
Ce questionnement nous semble dépasser le seul cadre de la formation
à l'innovation et concerner l'acte d'apprendre dans son ensemble, acte
constitué du chercher et de l'entreprendre (Aumont & Mesnier, 1992).
Ainsi, apprendre ou innover revient à s'engager dans une action incertaine
et risquée, potentiellement anxiogène, qui est problématique
: problématique car il n'est pas aisé de se fixer un objectif
ni de planifier l'action future ; problématique, surtout, car il faut
" s'autoriser à
", c'est-à-dire évaluer
positivement l'intérêt, la pertinence de la cible visée
(l'objet à connaître, la nouveauté à réaliser)
et la possibilité pour soi de l'atteindre. D'où l'intérêt,
à partir d'une étude des pratiques effectives de créateurs,
de comprendre comment interroger l'intérêt et la pertinence de
son idée, comment confronter cette représentation au réel
pour atténuer le risque que représente l'engagement dans l'action.
L'étude cognitive des pratiques des innovateurs
Il est étonnant de constater que la recherche sur l'innovation délaisse
assez largement la question de la naissance des idées innovantes ainsi
que la compréhension de celui qui impulse le projet. En général,
la génération des idées nouvelles est considérée
soit comme extérieure au processus innovant, elle relèverait alors
de l'invention et ne deviendrait innovation qu'à travers la diffusion
(Bernard & Daviet, 1992), soit comme résultant d'un processus créatif
non spécifique à l'acte d'innover (Roche & Grange, 1999 ;
Carrier 2000). Ce dernier point est discutable car, dans les deux tiers des
cas que nous avons observés, les idées innovantes sont le fruit
d'un travail continu de recueil et d'analyse d'information, une cristallisation
progressive éloignée de l'illumination caractéristique
du processus créatif (Parnes, 1967 ; Osborn, 1988). De même, l'innovateur,
celui qui s'empare d'une idée pour en faire un projet, est absent des
études sur l'innovation, sauf en formation et en éducation où
quelques travaux ont été réalisés (Cros, 1997 ;
Giust-Desprairies, 1998). Cette absence peut être due à la dimension
sociale du phénomène qui pousse à privilégier le
caractère collectif de l'innovation, et donc ses acteurs, au détriment
des aspects personnels, comme si ces deux perspectives étaient antinomiques
(Callon, 1994 ; Boivin, 1994). En ingénierie et en gestion, il est souvent
fait référence aux travaux menés sur les entrepreneurs
pour comprendre les innovateurs, l'innovation étant vue alors comme une
forme particulière d'entrepreneuriat. Or, les recherches en ce domaine
sont " statiques " car consistant à déterminer un profil
de l'entrepreneur surtout considéré comme un être construit
et stable. Ce sont des approches par les traits psychologiques qui ont montré
leurs limites (Julien & Marchesnay, 1996 ; Verstraete, 1999) et qui sont
peu pertinentes dans une visée de formation comme la nôtre.
C'est pourquoi une approche de l'innovateur par ses pratiques a été
proposée. Cela dans une perspective cognitive puisqu'il s'agit de se
demander comment, au travers de ses interactions avec l'environnement physique
et social, l'innovateur génère et teste son idée. C'est
une approche "dynamique" car, par ses échanges avec le non-soi,
l'innovateur acquiert et intègre des connaissances qui lui permettent
de se développer - aussi est-il moins considéré comme un
être construit que comme un être en construction. De ce fait, l'étude
a porté également sur les apprentissages réalisés
en cours d'action - apprentissages dont nous avons fait l'hypothèse qu'ils
étaient autonomes et expérientiels (Courtois & Pineau, 1991).
Le niveau d'analyse est celui des conditions permettant la genèse/concrétisation
de l'idée ainsi que l'apprentissage. Initialement, c'est le niveau des
opérations mentales qui était visé par l'utilisation d'entretiens
d'explicitation ; ce qui n'a pas pu se faire en raison du temps (au moins deux
ans pour cette étude) séparant l'émergence de l'idée
de la première diffusion de la nouveauté - phases du processus
sur lesquelles porte l'étude. Dès lors, l'observation a consisté
en des entretiens semi-directifs basés sur l'utilisation de principes
de l'explicitation : spécification d'un vécu, guidage et non-directivité
(Vermersch, 1994). Les résultats portent sur 31 entretiens réalisés
auprès d'innovateurs entrepreneurs : tous ont créé une
entreprise, PME/PMI, ou une activité indépendante, avant ou pendant
le projet innovant ; les innovations concernant majoritairement des nouveaux
produits dans l'industrie et, à un niveau moindre, dans les services.
Certains traits caractérisent la population d'enquête : niveau
d'étude élevé, parcours professionnel riche, expériences
antérieures de création
; traits descriptifs de l'échantillon
qui ne peuvent être généralisés à tous les
innovateurs du fait de la grande diversité des cas observés.
Les premiers enseignements que nous pouvons tirer de cette recherche porte sur
l'amont du processus innovant. Comme évoqué précédemment,
nous avons constaté que deux chemins, non exclusifs l'un de l'autre,
mènent à l'émergence de l'idée innovante. Ainsi,
il y a un chemin " créatif " où la prise d'information
s'accompagne d'un travail non-conscient dont le résultat va se révéler
à la conscience des sujets par un insight (illumination), et un chemin
" analytique " relevant d'un travail conscient de recherche d'informations
qui, par analyses et synthèses successives, vont s'agglomérer
pour parvenir à la formulation d'un problème ou à l'élaboration
d'une solution nouvelle (cristallisation). Le point commun à ces chemins
est la place importante que joue la recherche d'information, et donc la capacité
pour les innovateurs à trouver les connaissances nécessaires à
la construction/évolution de leur idée. Importance avérée
lorsqu'il s'agit de la tester pour en considérer la faisabilité
technologique et/ou la viabilité économique - ce qu'ont fait tous
les innovateurs interviewés, même ceux possédant une bonne
connaissance préalable de ces domaines. L'idée innovante est en
fait une représentation qui va s'enrichir par des apports extérieurs.
Dès lors, tester cette idée revient à l'objectiver, à
la mettre à distance de soi puisque, après une phase où
l'innovateur réfléchit et formalise l'idée et ses implications,
les actions mises en oeuvre consistent à la confronter à l'environnement
que ce soit par la réalisation d'un prototype, la communication à
des proches, la présentation à des clients potentiels
Cela amène à aborder le rôle central d'autrui dans la construction
de l'innovation car, si les innovateurs que nous avons rencontrés ont
porté seuls leur projet, ils n'ont jamais été isolés.
En premier lieu, il est à noter la diversité des personnes auxquelles
il est fait appel : des proches, des experts, des partenaires industriels, des
clients potentiels
Certains acteurs apparaissent à des moments
privilégiés du projet, comme c'est le cas avec les proches qui
sont souvent les premiers à qui l'idée est présentée.
Toutefois, le recours à tel ou tel acteur selon le temps du processus
est très variable en fonction des cas observés. Par contre, tous
les discours ont montré que ce qui est recherché est de deux ordres
: se confronter et être conforté (un même acteur pouvant
remplir ces deux rôles). L'autre confrontant est celui dont on recherche
le point de vue, celui qui va être capable de considérer l'idée
sous un angle différent, de pointer ses points forts et ses limites ;
ce n'est pas le fait de disposer de connaissances qui détermine le choix
de cet autre mais la confiance placée en lui et la valeur accordée
à ses propos. L'autre confortant est celui qui va soutenir le porteur
du projet ou apporter les compétences qui lui manquent et, ainsi, permettre
de cheminer vers l'achèvement du projet ; ici, la confiance est importante
mais c'est la maîtrise de savoirs et savoir-faire qui prime.
Au niveau de l'apprentissage, l'étude a montré que l'innovation
met sans cesse les sujets à la limite de leurs compétences. L'engagement
dans l'action et les difficultés rencontrées sont les moteurs
principaux de l'apprentissage qui est d'abord informel et réalisé
auprès d'autrui. Car l'autre n'est pas seulement le spécialiste
ou l'expert qui apporte des compétences, il permet aussi d'en acquérir
; ne ce serait-ce que pour disposer des connaissances minimales nécessaires
pour échanger et interagir avec lui. Du coup, les innovateurs doivent
être généralistes, ou pour le moins ouverts à de
nouveaux champs de la connaissance comme le montre l'hétérogénéité
des connaissances mobilisées et acquises en cours de projet. Enfin, l'étude
a surtout permis de mettre en évidence le caractère expérientiel
des apprentissages réalisés dans le double sens d'expérimenter
(expérimentation active visant à combler un déficit de
savoir) et d'expériencer (interrogation de son vécu pour lui donner
du sens). Nous pouvons dire que les innovateurs interrogés sont presque
tous des praticiens réflexifs (Schön, 1994) ; réflexivité
qui a pu être observée au niveau de l'agir, de soi-même (auto-réflexivité)
et de sa propre pensée (métacognition). Notons qu'en plus de la
production de connaissances, la réflexivité sert à guider
l'action en contexte complexe et incertain : l'innovateur analyse ce qu'il fait,
et les représentations qui déterminent son agir, pendant qu'il
le fait afin de s'assurer que ses actions l'amènent dans la direction
recherchée.
Perspectives pour la formation et leurs implications
Cette recherche a permis de mieux comprendre comment une personne génère
et concrétise une idée innovante en mettant en lumière
le rôle qu'y jouent savoirs et savoirs-faire. Elle a montré que
le processus d'innovation est aussi un processus d'apprentissage autonome par
l'expérience, par et pour l'action. Que ces compétences aient
un lien avec des postures et des traits stables de la personnalité est
indéniable, mais rien ne permet d'affirmer que ces aspects soient primordiaux
et ne puissent être compensés par le développement d'un
art de faire l'innovation (Certeau, 1990). Ainsi, les discours des innovateurs
ont montré que l'engagement dans l'action incertaine et risquée
se fait progressivement, pas à pas : ce n'est pas leur personnalité
qui les détermine à concrétiser leur idée mais l'ensemble
des actes qu'ils ont mené pour la confronter, l'évaluer et la
faire évoluer.
En terme de formation, l'étude a permis d'étayer certains choix
et d'ouvrir de nouvelles voies. La première est la constitution d'un
corpus présentant aux étudiants les différentes pratiques
repérées pour tester l'idée, les différents acteurs
pouvant être mobilisés
De même, il est possible d'apporter
des connaissances sur l'apprentissage autonome et la réflexivité
(pratique réflexive ou métacognition). Toutefois, concernant ces
derniers aspects, la seule transmission ne suffit pas : il est nécessaire
de permettre aux étudiants de se les approprier par l'action, et ainsi
de se constituer un répertoire de stratégies personnelles riches
et variées. C'est pourquoi nous préconisons d'agir afin de développer
les capacités réflexives des étudiants en s'appuyant sur
le vécu constitué à l'occasion des projets ; ce qui pose
problème en terme d'accompagnement car cela nécessite de nombreuses
personnes-ressources formées - ce qui n'est pas le cas de la majorité
des enseignants-chercheurs. La question des moyens humains apparaît également
lorsque nous préconisons de développer l'apprentissage autonome
puisqu'il s'agit d'apporter aux étudiants une aide au niveau méthodologique
et que cet apprentissage doit lui-même faire l'objet d'une analyse réflexive.
Dans ces deux cas, le problème est de savoir comment former les membres
de l'équipe pédagogique et, bien plus, comment les motiver, les
convaincre de la nécessité d'agir à ce niveau.
Plus spécifique au développement de l'apprentissage autonome est
la question de son inscription dans un dispositif d'éducation formelle
à deux niveaux. Premièrement, au niveau des membres de l'équipe
pédagogique qui devront non seulement faire évoluer leurs pratiques
d'enseignement mais également leur conception du métier et leur
position par rapport aux apprenants. Cette évolution doit se faire dans
le cadre d'une démarche participative qui détermine les conditions
et les moyens de ce changement ; mais tous ces efforts restent surdéterminés
par le désir de chacun d'adhérer ou non. Le second niveau est
celui de l'articulation entre l'autonomie que nous sollicitons (invoquons ?)
et l'hétéronomie propre au fonctionnement de l'école. En
effet, d'une part l'environnement de l'école fait peser des contraintes
fortes en terme de contenus et de modalités de formation ; d'autre part,
l'apprentissage véritablement autonome est autodirigé, i.e. le
sujet peut choisir l'objet, les modalités et les objectifs de l'apprentissage
- et l'autonomisation qu'on peut en attendre dépend du niveau d'autodirection
(Carré, Moisan & Poisson, 1997). L'évaluation est révélatrice
de ces difficultés puisque nous devons concilier l'obligation de l'évaluation
académique et le besoin d'accorder une place importante à l'auto-évaluation,
plus formative et indispensable à ces apprentissages.
Finalement, cette recherche a apporté quelques réponses aux problèmes
posés par la formation à l'innovation tout en soulevant de nombreux
questionnements. Ce rapprochement entre Sciences de l'Education et Sciences
Pour l'Ingénieur que nous pensions être ponctuel est appelé
à se poursuivre au travers de nouveaux chantiers mettant en jeu les capacités
individuelles et collectives à faire évoluer l'existant et à
proposer des modes originaux de formation. Si le travail à réaliser
est important, gageons qu'au moins nous serons plus éclairés quant
à la façon de jauger la pertinence des nos idées.
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