Présentation d'une recherche en Education de l'Institut Universitaire
de Formation de Maîtres de Créteil
Financée par la Mission académique Valorisation des innovations
pédagogiques du Rectorat de Créteil
Problématique générale. Depuis quelques années,
les pratiques à visée philosophique se développent plus
ou moins officieusement dans l'enseignement spécialisé. Si de
nombreux bénéfices sont régulièrement constatés
par les différents acteurs de ces démarches (structuration de
la pensée des enfants, développement de l'esprit critique, socialisation,
" re-narcissisation " des élèves en échec scolaire,
acquisitions langagières, culturelles etc.) aucun dispositif n'a encore
tenté d'en mesurer la véritable portée en termes d'apprentissages.
Une recherche en éducation a été menée pendant l'année
scolaire 2001-2002 dans la circonscription de Melun A.I.S. (Seine-et-Marne)
afin de déterminer si les pratiques à visée philosophique
dans l'enseignement spécialisé pouvaient faciliter l'acquisition
des compétences transversales et disciplinaires.
Le cadre théorique. Le dispositif s'insère dans le cadre théorique
constitué par :
- les travaux de M. Lipman (auteur du Programme de Philosophie pour Enfants)
;
- J. Lévine (fondateur de l'Atelier de philosophie A.G.S.A.S.) ;
- M.Tozzi : (travaux universitaires de recherches en didactique du philosopher)
.
Il s'appuie plus particulièrement sur :
- Les analyses et applications proposées par J.-C. Pettier pour le secteur
de l'A.I.S. ;
- Les mises en uvre proposées par T. Bour en Institut Médico-Educatif
.
Le cadre institutionnel. Mener ce type d'activité demeure pourtant réglementairement
contestable et ne saurait constituer une fin en soi dans l'enseignement du premier
degré. Le dispositif mis en uvre a donc cherché à
évaluer les éventuels bénéfices de ces pratiques
au regard des exigences officielles de l'Education nationale. Les évolutions
des élèves ont été mesurées à partir
du référentiel de compétences en Français et en
V.S.P. (Vie Sociale et Professionnelle) du C.A.P. (Certificat d'Aptitude Professionnel).
Ce diplôme correspond en effet au niveau minimum de certification souhaité
pour chaque élève par l'Education nationale . Il constitue également
une référence pour les enseignants de S.E.G.P.A. ou dans certaines
sections professionnelles ou pré-professionnelles du type I.M.Pro.
L'équipe. Après appel à candidature, six enseignants de
S.E.G.P.A. et trois enseignants d'institutions accueillant des adolescents atteints
de déficience intellectuelle ou de troubles à dominante psychologique
ont été recrutés. Afin de tenir compte de facteurs qui
pourraient influer sur les résultats, les enseignants ont été
répartis en trois groupes :
- deux enseignants titulaires du C.A.P.S.A.I.S. depuis plusieurs années
;
- deux enseignants venant d'obtenir le C.A.P.S.A.I.S. ;
- deux enseignants sortant d'I.U.F.M. sans formation spécialisée.
La méthodologie. Chaque enseignant a mené dans sa classe au moins
dix séances de pratiques à visée philosophique au cours
de l'année scolaire 20021-2002. Elles ont pris la forme de débats
argumentés organisés à partir essentiellement de dilemmes
inspirés par les travaux de L. Kohlberg.
En début d'année et en fin d'année scolaire, les enseignants
ont évalué tous les élèves de la classe avec lesquels
ils ont conduit des activités à visée philosophique ainsi
qu'une de leur classe qui ne bénéficiait pas de ces mêmes
pratiques, qui a servi de classe témoin.
Après chaque séance, l'enseignant examinait le niveau de toutes
les compétences de trois élèves : l'élève
répertorié lors de l'évaluation initiale comme ayant le
" niveau " moyen le plus bas, l'élève ayant obtenu des
résultats les plus proches de la moyenne de la classe, l'élève
possédant la moyenne la plus élevée. Les évolutions
des élèves ont été évaluées par l'enseignant
selon un barème précis en dix niveaux et au moyen d'un livret
de compétences reprenant les items du référentiel du C.A.P.
en Français ou en V.S.P.
Les données obtenues seront d'une part comparées à ceux
des groupes étalons qui n'ont pas pratiqué les activités
à visée philosophique, en mesurant les écarts entre début
et fin d'année et en comparant les progrès relatifs dans chaque
classe. D'autre part, on mesurera l'évolution durant l'année des
trois élèves plus particulièrement étudiés.
Résultats. L'ensemble des éléments recueillis fera l'objet
d'une analyse à partir du second semestre 2002. Les premières
conclusions devraient être établies en avril 2003. |