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La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Différences et comparaisons. Quel rôle les questions de genre jouent-elles en éducation ? Les études comparatistes servent-elles la construction d'une Europe de l'éducation ?

Titre :	Regroupements d'organismes de femmes au Québec, technologies d'apprentissage et formation à distance
Auteurs :	LEBRUN Nicole

Texte :
Le domaine de la formation à distance, parfois négligé par les milieux universitaires et d'autre part, l'arrivée des technologies de l'information et de la communication (TIC), perçue par certains, comme une véritable révolution culturelle et technologique ou encore par d'autres, comme une simple panacée, constituent pour les milieux communautaires et plus, particulièrement pour les organismes féministes, un véritable laboratoire d'expérimentation et de développement de nouveaux mécanismes de concertation dans un domaine jusqu'ici largement inexploré par les groupes de femmes, d'exploration d'outils de changement dans les pratiques de formation, de véhicules de transmission et de diffusion des savoirs ainsi que d'instruments appropriés pour la mise en commun et le partage des connaissances et des compétences. Par conséquent, pour les groupes de femmes, la formation à distance intégrant les réseaux de l'information et de la communication représente un contexte de formation appelé à occuper une place très importante puisque ce domaine est en train de changer leur rapport au savoir, leur relation avec leurs membres et leurs communautés, de même que les rapports politiques qu'ils entretiennent avec les gouvernements. Cependant, les technologies de l'information et de la communication dans les pratiques de formation des groupes féministes implique un certain nombre de réflexions quant aux questions possibles soulevées par leur intégration et leur application, à savoir : Quelles sont les pratiques et les besoins de formation chez les grands regroupements féministes ? Quelles sont les véritables alternatives proposées par les nouvelles technologies dans une perspective de formation à distance ? Quelles sont les transformations majeures qui s'imposeront dans les pratiques de formation de ces groupes ? etc. Les organismes féministes impliqués dans le cadre de ce projet (FADADEM) sont au nombre de cinq à savoir le Centre de Documentation sur l'Éducation des Adultes et la Condition Féminine (CDÉACF), l'Association Féminine d'Éducation et d'Action Sociale (AFÉAS), Nouveau Départ National, le Regroupement Provincial des Maisons d'Hébergement et de Transition pour Femmes Victimes de Violence Conjugale (RPMHTFVVC ) et Relais-Femmes. Chacun de ces organismes comporte un même fil conducteur, soit l'amélioration et la promotion de la condition féminine à différents niveaux : personnel, professionnel, familial, social, économique, etc. Bien que ces organismes aient une organisation et une structure qui se différencient les unes des autres, ils offrent tous des services d'information, de consultation, d'aide, de recherche, de formation et de développement à leurs membres. À cet égard, le nombre de membres varie d'un organisme à une autre, allant par exemple, de 46 maisons dont 2 en voie d'adhésion pour un total en moyenne de 920 femmes (incluant travailleuses, membres du CA et bénévoles) dans le cas du Regroupement Provincial des Maisons d'Hébergement et de Transition pour Femmes Victimes de Violence Conjugale (RPMHTFVVC) à 430 Afeas locales pour un total de 17 000 membres dans le cas de l'Association Féminine d'Éducation et d'action Sociale (AFÉAS). Le territoire desservi par ces regroupements féministes est également très vaste : toutes les régions du Québec de même que les communautés francophones des autres provinces et Territoires du Canada. Afin d'identifier les pratiques de formation chez les principaux regroupements féministes et de déterminer de façon plus exhaustive leurs besoins en matière de formation à distance eu égard à l'utilisation, l'application et l'intégration des nouvelles technologies, il nous a semblé pertinent de conduire une investigation plus poussée. Ainsi, dans une perspective de recherche-action, une démarche systématique d'étude des besoins a été conduite permettant la réalisation d'analyses et d'activités préliminaires, d'investigation à l'aide de rencontres et d'élaboration de questionnaires, de collecte de données et de prise d'informations ainsi que d'analyse et de synthèse des résultats. *Contexte et nature des enjeux de la formation* Dans un premier temps, nous soulevons le contexte et la nature des enjeux de la formation des organismes féministes. Ces différents aspects ont été relevés à partir des activités et des analyses préliminaires à l'étude des besoins ainsi qu'à partir des réalisations et des publications des regroupements. Mutation de l'environnement et accroissement des besoins de formation. L'éclatement des barrières du temps et de l'espace provoque une révolution des savoir-faire et modifie considérablement les enjeux des organismes féministes. Cette transformation de l'environnement n'épargne aucun organisme et les milieux communautaires sont de plus en plus interpellés à répondre à de nombreux besoins de formation tant au niveau local que régional et national. Aussi, les regroupements féministes devront absolument se préparer à vivre une augmentation générale des besoins de formation continue des intervenantes en milieu communautaire. Mise à jour et/ou renouvellement des connaissances. De plus en plus, la formation est liée à des facteurs de durée, de quantité, de qualité, de diversité, de rapidité, de renouvellement, de changement, etc., de plus en plus importants. Tout ceci fait en sorte que le milieu des organismes féministes devra absolument s'ajuster face à ces nouvelles exigences afin de demeurer efficaces dans les tâches qui leur sont confiées. La double dynamique mondialisation/régionalisation, globalisation/localisation ainsi que l'implandes réseaux de l'inforoute entraînent plus particulièrement une remise en question du rapport aux savoirs féministes, qu'ils soient théoriques ou pratiques, et plus particulièrement à ses modes de diffusion chez les groupes de femmes. Appropriation et utilisation des technologies de l'information et de la communication. Les technologies sont pour les organismes féministes un objet d'apprentissage en tant que tel et cela, dans le but d'outiller leurs membres selon leurs besoins et rehausser ainsi leurs compétences et leurs habiletés. Les technologies représentent également un outil de formation que les organismes se doivent d'intégrer à travers l'ensemble des stratégies et des activités pédagogiques. Toutefois, les groupes de femmes sont généralement peu outillés en matière de technologies de l'information et de la communication tant aux plans techniques que pédagogiques. De plus, les regroupements qui possèdent déjà un équipement informatique relativement performant n'ont pas nécessairement acquis une connaissance approfondie du potentiel de diffusion des savoirs auquel cet équipement leur donnerait accès. Par conséquent, si des mesures ne sont pas mises en uvre pour favoriser une meilleure instrumentation technique et pédagogique des femmes et de leurs organisations, de trop grands écarts risquent de se créer, causant ainsi des torts importants sur la formation. Responsabilisation de la participante par rapport à son savoir et à sa formation La participante en milieu communautaire est de plus en plus appelée à assumer la responsabilité de sa formation. À cette situation s'ajoute celle entre autres de voir la durée utile de ses compétences acquises par le biais d'une formation raccourcir de plus en plus. Il est donc important d'outiller cette dernière afin qu'elle assume pleinement cette responsabilité qui lui est de plus en plus indue. Obstacles à la formation. La formation qui se donne à l'intérieur de chacun des regroupements féministes soulève un certain nombre de difficultés, entres autres l'étendue du territoire à couvrir et l'infrastructure en milieux régional et rural, la pénurie de ressources, le coût relié à certaines formations, le manque de temps et d'argent (Relais-Femmes, 1998). Tous ces obstacles entraînent des répercussions au plan de la diffusion des savoirs et des pratiques féministes ainsi qu'à la participation des groupes de femmes et de leurs membres à la vie démocratique. Par conséquent, pour ces raisons et pour bien d'autres encore, les enjeux et les défis sont de taille et pressants actuellement en raison de la nécessité et de l'urgence à répondre à des besoins de plus en plus nombreux et diversifiés. *Principaux besoins exprimés et bénéfices attendus* Dans un deuxième temps, comme il sera impossible de relever dans le cadre de cet article tous les résultats de l'étude des besoins, nous présentons un bref relevé des principales données, à savoir : les difficultés et les principaux besoins exprimés, la considération des bénéfices attendus, l'extrant de l'étude des besoins et la prise en compte des conditions de réussite. Difficultés et besoins exprimés. Soulignons que l'ensemble des besoins exprimés concernent plus particulièrement ce que les auteurs (Lapointe, 1992 ; Lebrun & Berthelot, 1994, 1996) appellent les besoins d'intervention (méthodes, moyens, ressources, fonction d'intervention, solution) venant confirmer en cela les analyses préliminaires et ainsi que les études réalisées dans ce domaine. (Relais-Femmes, 1998; CDEACF, 2001). En effet, pour des raisons de coûts, de distance et de territoire à couvrir, de manque de temps et de pénurie de ressources tant au niveau financier que matériel et humain, etc., il semble que la formation à distance dans un environnement multimédiatique, eu égard aux TIC, représente une des avenues les plus prometteuses pour rendre accessible la formation aux femmes des régions rurales et/ou éloignées tout en leur permettant de se familiariser aux technologies de l'information et de la communication. Considération des bénéfices attendus. Comme nous avons pu l'observer tout au long de cette étude de besoins, les différents organismes retireront de grands avantages à utiliser, appliquer et intégrer les TIC dans leurs pratiques pédagogiques. Il semble que leur utilisation réduira de façon importante les difficultés d'assurer à tous une formation qui soit à la fois pertinente et de qualité. Les TIC permettront également de briser l'isolement et d'aplanir les distances, de susciter des échanges et des discussions et de permettre l'accès à des ressources incommensurables. La formation à distance, eu égard aux TIC, est devenue une réalité dans laquelle les organismes féministes doivent s'investir parce qu'elles rejoignent de vastes publics, souvent laissés pour compte dans les régions éloignées d'une part, et regroupant des participantes moins outillées au niveau technologique et moins familières à l'utilisation des TIC, d'autre part. De plus, les TIC permettront à ces organismes féministes d'élargir leur champ d'action et leur expertise dans le domaine. Extrant de l'analyse des besoins. Selon Lapointe (1992), l'extrant d'une étude de besoins qui représente dans bien des cas un sous-système de planification et de contrôle, se traduit souvent en une liste d'objectifs priorisés qui permettront de piloter et de guider les transformations d'un système de formation. Pour le projet qui nous intéresse dans ce cas-ci, les principaux objectifs qui peuvent être pris en considération par les regroupements féministes suite à l'étude des besoins sont les suivants : explorer des axes d'orientation de formation à distance chez les groupes de femmes, permettre l'appropriation d'une démarche de développement des activités de formation à distance et développer des voies possibles de développement de prototypes d'applications, eu égard aux TIC. Prise en compte des conditions de réussite. Comme le soulignent Alava et Langevin (2001), les innovations technologiques en formation commandent des innovations pédagogiques et invitent à une redéfinition du rôle du formateur et du type et de la place du matériel pédagogique. Dans le cadre de ce projet, le développement de programmes de formation à distance, eu égard aux TIC, exigera de la part des comités de formation et de développement non seulement un changement de cap dans les pratiques pédagogiques mais également la conception et la réalisation d'innovations tant technologiques que pédagogiques. D'autre part, afin que l'innovation technologique et pédagogique soit réalisée et conserve à long terme sa pertinence, il est indispensable que les groupes de femmes soient plus outillés en terme de technologie. En régions éloignées, bien que certains groupes de femmes soient bien équipés ou disposent de centres communautiques auxquels ils peuvent avoir accès aux TIC, il demeure que ce n'est pas le cas pour la majorité des groupes de femmes. Ces derniers demeurent ainsi isolés dans leurs apprentissages ou n'ont tout simplement pas accès à la formation. Également, il faudra l'injection de ressources humaines, financières et matérielles si l'on veut assurer le développement de formation à distance ainsi que la qualité et le succès de leur utilisation. Suite à cette étude de besoins, nous pensons que les retombées qui découlent de ce projet réalisé en partenariats sont également importantes au niveau social, eu égard à la consolidation du réseau des partenaires communautaires, au rayonnement des organismes féministes et de leur champ d'action, au développement de leur expertise dans le domaine de formation à distance médiatisé, etc. Également importantes au niveau pédagogique et technologique, eu égard aux différentes modalités d'application et d'intégration des TIC, au développement de cheminements d'apprentissage diversifiés et d'environnements riches en pratiques pédagogiques. Aussi, les différents intervenants et collaborateurs dans le cadre de ce projet (FADADEM) ne peuvent que profiter des avantages connexes ainsi que de l'expertise qui découlent de cette démarche partenariale au fondement du projet. *Références bibliographiques* ALAVA, S., LANGEVIN, L. 2001. L'université, entre l'immobilisme et le renouveau. Revue des Sciences de l'Éducation (XXVII), no 2, 243-257. CDÉACF, 2001. Femmes et médias à travers le monde pour le changement social [coordination et rédaction : Sharon Hackett] Montréal : Coédition Women Action et Les éditions du remue-ménage. CREPUQ 1996. Rapport sur le développement des nouvelles technologies de l'information et des communications dans le réseau universitaire québécois. Québec. LAPOINTE, J. J. 1992. La conduite d'une étude de besoins en éducation et en formation. une approche systémique. Québec : Presses de l'Université du Québec. LEBRUN, Nicole, BERTHELOT, Serge, 1994. Plan pédagogique. Une démarche systématique de planification de l'enseignement. Montréal : Éditions Nouvelles & Bruxelles : De Boeck Université. LEBRUN, N., BERTHELOT, S. 1996. Pour une approche multimédiatique de l'enseignement. Montréal : Éditions Nouvelles. MARCHAND, L. 2001. L'apprentissage en ligne au Canada : frein ou innovation pédagogique? Revue des Sciences de l'Éducation (XXVII), no 2, 243-257. RELAIS-FEMMES, 1998. Recherche sur les impacts des nouvelles technologies d'information et de communication (NTIC) dans les groupes de femmes du Québec: difficultés et potentiel, [rédaction : Nina Duque], Montréal.

Texte :

Le domaine de la formation à distance, parfois négligé par les milieux universitaires et d'autre part, l'arrivée des technologies de l'information et de la communication (TIC), perçue par certains, comme une véritable révolution culturelle et technologique ou encore par d'autres, comme une simple panacée, constituent pour les milieux communautaires et plus, particulièrement pour les organismes féministes, un véritable laboratoire d'expérimentation et de développement de nouveaux mécanismes de concertation dans un domaine jusqu'ici largement inexploré par les groupes de femmes, d'exploration d'outils de changement dans les pratiques de formation, de véhicules de transmission et de diffusion des savoirs ainsi que d'instruments appropriés pour la mise en commun et le partage des connaissances et des compétences. Par conséquent, pour les groupes de femmes, la formation à distance intégrant les réseaux de l'information et de la communication représente un contexte de formation appelé à occuper une place très importante puisque ce domaine est en train de changer leur rapport au savoir, leur relation avec leurs membres et leurs communautés, de même que les rapports politiques qu'ils entretiennent avec les gouvernements.
Cependant, les technologies de l'information et de la communication dans les pratiques de formation des groupes féministes implique un certain nombre de réflexions quant aux questions possibles soulevées par leur intégration et leur application, à savoir  : Quelles sont les pratiques et les besoins de formation chez les grands regroupements féministes ? Quelles sont les véritables alternatives proposées par les nouvelles technologies dans une perspective de formation à distance ? Quelles sont les transformations majeures qui s'imposeront dans les pratiques de formation de ces groupes ? etc.
Les organismes féministes impliqués dans le cadre de ce projet (FADADEM) sont au nombre de cinq à savoir le Centre de Documentation sur l'Éducation des Adultes et la Condition Féminine (CDÉACF), l'Association Féminine d'Éducation et d'Action Sociale (AFÉAS), Nouveau Départ National, le Regroupement Provincial des Maisons d'Hébergement et de Transition pour Femmes Victimes de Violence Conjugale (RPMHTFVVC ) et Relais-Femmes. Chacun de ces organismes comporte un même fil conducteur, soit l'amélioration et la promotion de la condition féminine à différents niveaux : personnel, professionnel, familial, social, économique, etc. Bien que ces organismes aient une organisation et une structure qui se différencient les unes des autres, ils offrent tous des services d'information, de consultation, d'aide, de recherche, de formation et de développement à leurs membres. À cet égard, le nombre de membres varie d'un organisme à une autre, allant par exemple, de 46 maisons dont 2 en voie d'adhésion pour un total en moyenne de 920 femmes (incluant travailleuses, membres du CA et bénévoles) dans le cas du Regroupement Provincial des Maisons d'Hébergement et de Transition pour Femmes Victimes de Violence Conjugale (RPMHTFVVC) à 430 Afeas locales pour un total de 17 000 membres dans le cas de l'Association Féminine d'Éducation et d'action Sociale (AFÉAS). Le territoire desservi par ces regroupements féministes est également très vaste : toutes les régions du Québec de même que les communautés francophones des autres provinces et Territoires du Canada.
Afin d'identifier les pratiques de formation chez les principaux regroupements féministes et de déterminer de façon plus exhaustive leurs besoins en matière de formation à distance eu égard à l'utilisation, l'application et l'intégration des nouvelles technologies, il nous a semblé pertinent de conduire une investigation plus poussée. Ainsi, dans une perspective de recherche-action, une démarche systématique d'étude des besoins a été conduite permettant la réalisation d'analyses et d'activités préliminaires, d'investigation à l'aide de rencontres et d'élaboration de questionnaires, de collecte de données et de prise d'informations ainsi que d'analyse et de synthèse des résultats.
Contexte et nature des enjeux de la formation
Dans un premier temps, nous soulevons le contexte et la nature des enjeux de la formation des organismes féministes. Ces différents aspects ont été relevés à partir des activités et des analyses préliminaires à l'étude des besoins ainsi qu'à partir des réalisations et des publications des regroupements.
Mutation de l'environnement et accroissement des besoins de formation. L'éclatement des barrières du temps et de l'espace provoque une révolution des savoir-faire et modifie considérablement les enjeux des organismes féministes. Cette transformation de l'environnement n'épargne aucun organisme et les milieux communautaires sont de plus en plus interpellés à répondre à de nombreux besoins de formation tant au niveau local que régional et national. Aussi, les regroupements féministes devront absolument se préparer à vivre une augmentation générale des besoins de formation continue des intervenantes en milieu communautaire.
Mise à jour et/ou renouvellement des connaissances. De plus en plus, la formation est liée à des facteurs de durée, de quantité, de qualité, de diversité, de rapidité, de renouvellement, de changement, etc., de plus en plus importants. Tout ceci  fait en sorte que le milieu des organismes féministes devra absolument s'ajuster face à ces nouvelles exigences afin de demeurer efficaces dans les tâches qui leur sont confiées. La double dynamique mondialisation/régionalisation, globalisation/localisation ainsi que l'implandes réseaux de l'inforoute entraînent plus particulièrement une remise en question du rapport aux savoirs féministes, qu'ils soient théoriques ou pratiques, et plus particulièrement à ses modes de diffusion chez les groupes de femmes.
Appropriation et utilisation des technologies de l'information et de la communication. Les technologies sont pour les organismes féministes un objet d'apprentissage en tant que tel et cela, dans le but d'outiller leurs membres selon leurs besoins et rehausser ainsi leurs compétences et leurs habiletés. Les technologies représentent également un outil de formation que les organismes se doivent d'intégrer à travers l'ensemble des stratégies et des activités pédagogiques. Toutefois, les groupes de femmes sont généralement peu outillés en matière de technologies de l'information et de la communication tant aux plans techniques que pédagogiques. De plus, les regroupements qui possèdent déjà un équipement informatique relativement performant n'ont pas nécessairement acquis une connaissance approfondie du potentiel de diffusion des savoirs auquel cet équipement leur donnerait accès. Par conséquent, si des mesures ne sont pas mises en uvre pour favoriser une meilleure instrumentation technique et pédagogique des femmes et de leurs organisations, de trop grands écarts risquent de se créer, causant ainsi des torts importants sur la  formation.
Responsabilisation de la participante par rapport à son savoir et à sa formation La participante en milieu communautaire est de plus en plus appelée à assumer la responsabilité de sa formation. À cette situation s'ajoute celle entre autres de voir la durée utile de ses compétences acquises par le biais d'une formation raccourcir de plus en plus. Il est donc important d'outiller cette dernière afin qu'elle assume pleinement cette responsabilité qui lui est de plus en plus indue.
Obstacles à la formation. La formation qui se donne à l'intérieur de chacun des regroupements féministes soulève un certain nombre de difficultés, entres autres l'étendue du territoire à couvrir et l'infrastructure en milieux régional et rural, la pénurie de ressources, le coût relié à certaines formations, le manque de temps et d'argent (Relais-Femmes, 1998). Tous ces obstacles entraînent des répercussions au plan de la diffusion des savoirs et des pratiques féministes ainsi qu'à la participation des groupes de femmes et de leurs membres à la vie démocratique. Par conséquent, pour ces raisons et pour bien d'autres encore, les enjeux et les défis sont de taille et pressants actuellement en raison de la nécessité et de l'urgence à répondre à des besoins de plus en plus nombreux et diversifiés.
Principaux besoins exprimés et bénéfices attendus
Dans un deuxième temps, comme il sera impossible de relever dans le cadre de cet article tous les résultats de l'étude des besoins, nous présentons un bref relevé des principales données, à savoir : les difficultés et les principaux besoins exprimés, la considération des bénéfices attendus, l'extrant de l'étude des besoins et la prise en compte des conditions de réussite.
Difficultés et besoins exprimés. Soulignons que l'ensemble des besoins exprimés concernent plus particulièrement ce que les auteurs (Lapointe, 1992 ; Lebrun & Berthelot, 1994, 1996) appellent les besoins d'intervention (méthodes, moyens, ressources, fonction d'intervention, solution) venant confirmer en cela les analyses préliminaires et ainsi que les études réalisées dans ce domaine. (Relais-Femmes, 1998; CDEACF, 2001). En effet, pour des raisons de coûts, de distance et de territoire à couvrir, de manque de temps et de pénurie de ressources tant au niveau financier que matériel et humain, etc., il semble que la formation à distance dans un environnement multimédiatique, eu égard aux TIC, représente une des avenues les plus prometteuses pour rendre accessible la formation aux femmes des régions rurales et/ou éloignées tout en leur permettant de se familiariser aux technologies de l'information et de la communication.
Considération des bénéfices attendus. Comme nous avons pu l'observer tout au long de cette étude de besoins, les différents organismes retireront de grands avantages à utiliser, appliquer et intégrer les TIC dans leurs pratiques pédagogiques. Il semble que leur utilisation réduira de façon importante les difficultés d'assurer à tous une formation qui soit à la fois pertinente et de qualité. Les TIC permettront également de briser l'isolement et d'aplanir les distances, de susciter des échanges et des discussions et de permettre l'accès à des ressources incommensurables. La formation à distance, eu égard aux TIC, est devenue une réalité dans laquelle les organismes féministes doivent s'investir parce qu'elles rejoignent de vastes publics, souvent laissés pour compte dans les régions éloignées d'une part, et regroupant des participantes moins outillées au niveau technologique et moins familières à l'utilisation des TIC, d'autre part. De plus, les TIC permettront à ces organismes féministes d'élargir leur champ d'action et leur expertise dans le domaine.
Extrant de l'analyse des besoins. Selon Lapointe (1992), l'extrant d'une étude de besoins qui représente dans bien des cas un sous-système de planification et de contrôle, se traduit souvent en une liste d'objectifs priorisés qui permettront de piloter et de guider les transformations d'un système de formation. Pour le projet qui nous intéresse dans ce cas-ci, les principaux objectifs qui peuvent être pris en considération par les regroupements féministes suite à l'étude des besoins sont les suivants : explorer des axes d'orientation de formation à distance chez les groupes de femmes, permettre l'appropriation d'une démarche de développement des activités de formation à distance et développer des voies possibles de développement de prototypes d'applications, eu égard aux TIC.
Prise en compte des conditions de réussite. Comme le soulignent Alava et Langevin (2001), les innovations technologiques en formation commandent des innovations pédagogiques et invitent à une redéfinition du rôle du formateur et du type et de la place du matériel pédagogique. Dans le cadre de ce projet, le développement de programmes de formation à distance, eu égard aux TIC, exigera de la part des comités de formation et de développement non seulement un changement de cap dans les pratiques pédagogiques mais également la conception et la réalisation d'innovations tant technologiques que pédagogiques. D'autre part, afin que l'innovation technologique et pédagogique soit  réalisée et conserve à long terme sa pertinence, il est indispensable que les groupes de femmes soient plus outillés en terme de technologie. En régions éloignées, bien que certains groupes de femmes soient bien équipés ou disposent de centres communautiques auxquels ils peuvent avoir accès aux TIC, il demeure que ce n'est pas le cas pour la majorité des groupes de femmes. Ces derniers demeurent ainsi isolés dans leurs apprentissages ou n'ont tout simplement pas accès à la formation. Également, il faudra l'injection de ressources humaines, financières et matérielles si l'on veut assurer le développement de formation à distance ainsi que la qualité et le succès de leur utilisation.
Suite à cette étude de besoins, nous pensons que les retombées qui découlent de ce projet réalisé en partenariats sont également importantes au niveau social, eu égard à la consolidation du réseau des partenaires communautaires, au rayonnement des organismes féministes et de leur champ d'action, au développement de leur expertise dans le domaine de formation à distance médiatisé, etc. Également importantes au niveau pédagogique et technologique, eu égard aux différentes modalités d'application et d'intégration des TIC, au développement de cheminements d'apprentissage diversifiés et d'environnements riches en pratiques pédagogiques. Aussi, les différents intervenants et collaborateurs dans le cadre de ce projet (FADADEM) ne peuvent que profiter des avantages connexes ainsi que de l'expertise qui découlent de cette démarche partenariale au fondement du projet.
Références bibliographiques
ALAVA, S., LANGEVIN, L. 2001. L'université, entre l'immobilisme et le renouveau. Revue des Sciences de l'Éducation (XXVII), no 2, 243-257.
CDÉACF, 2001. Femmes et médias à travers le monde pour le changement social [coordination et rédaction : Sharon Hackett] Montréal : Coédition Women Action et Les éditions du remue-ménage.
CREPUQ 1996. Rapport sur le développement des nouvelles technologies de l'information et des communications dans le réseau universitaire québécois. Québec.
LAPOINTE, J. J. 1992. La conduite d'une étude de besoins en éducation et en formation. une approche systémique. Québec : Presses de l'Université du Québec.
LEBRUN, Nicole, BERTHELOT, Serge, 1994. Plan pédagogique. Une démarche systématique de planification de l'enseignement. Montréal : Éditions Nouvelles & Bruxelles : De Boeck Université.
  LEBRUN, N., BERTHELOT, S. 1996. Pour une approche multimédiatique de l'enseignement. Montréal  : Éditions Nouvelles.
MARCHAND, L. 2001. L'apprentissage en ligne au Canada : frein ou innovation pédagogique? Revue des Sciences de l'Éducation (XXVII), no 2, 243-257.
RELAIS-FEMMES, 1998. Recherche sur les impacts des nouvelles technologies d'information et de communication (NTIC) dans les groupes de femmes du Québec: difficultés et potentiel, [rédaction : Nina Duque], Montréal.