Cette communication permet de mettre en exergue la première étape
d'une recherche concernant le dispositif informatique que côtoie l'apprenant
et l'émergence d'un processus d'autonomisation. On constate qu'une relation
avec l'objet se construit : Ainsi d'après les objets dont il s'agit,
il apparaît que des relations fondamentales avec l'objet peuvent se créer
en suivant le cursus du développement cognitif tel que le défini
Piaget " découverte de l'objet, puis plus tard conceptualisation
autour de l'objet etc.
en créant à chaque fois des cartes
plus complexes associées à l'objet.. " Il surgit alors des
apports sociaux aux processus de découverte et d'enrichissement affectivo-cognitif
des relations à l'objet. Ces apports sont au fur et à mesure constitués
de savoirs au sens commun, ou des savoirs associés à l'objet.
Ici, entre l'objet de type informatique et l'apprenant, on en vient à
oublier le rôle de l'école qui reste encore un lieu d'appropriation
de savoirs. Le courant de la didactique des disciplines en porte témoignage.
On essaie progressivement d'être attentif aux questions d'apprentissage
appelées encore le rapport au savoir.
Le concept de métacognition permet de se pencher sur ce dernier aspect
de deux courants complémentaires : celui d'une pédagogie de la
relation et celui intéressé à une pédagogie de l'apprentissage
de contenus déterminés. Ceci à travers un autre acteur
: L'enseignant.
Son métier est d'installer des situations d'apprentissage favorisant
l'appropriation des savoirs et plus particulièrement ici, celui d'un
processus d'autonomisation. Ainsi, il est plus encore, de permettre à
ces apprenants, d'analyser leur représentation, de créer des moments
de reculs par rapport à leurs actions afin d'en comprendre les ressorts.
Mais l'enseignant est confronté à une contradiction forte : D'un
côté ambitionner que l'élève adhère à
son projet et d'un autre accepter le principe que le même élève
accède l'autonomie dont l'illustration la plus vive correspondrait à
un refus de ce qui lui est suggéré !
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
La question est de savoir comment peut-on enseigner ce type de savoir comme
l'autonomie ? Il faut donc reprendre un poste de pilotage de l'apprentissage
des élèves par l'intermédiaire des TIC afin de développer
de nouvelles capacités Mendelshon, (1999) favorisant la prise d'initiative
personnelle mais aussi le travail de groupe.
Apprentissage sans limites qui doit passer par des réajustements permanents.
Or, la technique ne vaut surtout par l'usage qu'on en fait. Choisira t-on un
apprentissage par l'action car les TIC sont parfaites pour déclencher
et assister l'activité spontanée de l'exploration, du bricolage
au sens de Lévi-Strauss qui donne envie de connaître par la curiosité,
le plaisir de rechercher
? Une micro aventure de la pensée ! Or,
si l'individu ne sait pas où rechercher, il ne se sent pas alors autonome.
C'est alors qu'intervient l'enseignant qui devient le " passeur "
de Bonniol et essaie de faire ressurgir les différents savoirs nécessaires
de l'apprenant. Il devra gérer le rapport des savoirs scolaires aux savoirs
de références, aux savoirs naturels et le rapport des élèves
à chacun de ces savoirs. Tâche bien difficile pour insérer
un processus d'autonomisation dans l'apprentissage. Ni les savoirs savants ni
la pratique à elle seule ne permettent d'obtenir des réponses
sur les savoirs de références des enseignements relatifs aux TIC.
Par contre l'approche en terme de savoirs experts (Ginestié, 1995) élaborés
sur la pratique semble intéressante. Mais attention, des savoirs sur
des pratiques et plus particulièrement des pratiques calquées
sur la réalité des organisations sociales comme le soutient Martinand.
Dans la population étudiée, l'apprenant y sera confronté
par le biais de l'action. Bruner comme Vygotsky accordent aux facteurs de l'étayage
un rôle prépondérant dans le développement des savoirs.
L'ensemble des interventions d'assistance envers l'apprenant sera effectué
de telle manière à organiser ses conduites afin de pouvoir résoudre
seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ.
On tend vers ce processus d'autonomisation et non pas d'autonomie terme trop
fort ; car c'est quasiment une quête inconcevable ; par le biais d'un
dispositif informatique transformé en instrument.
Mais mettons une définition à l'autonomie pour mieux comprendre
cette distinction.
Processus d'autonomisation ou autonomie : la distinction
Prenons un des sens du " vers l'apprendre " et comment, par l'action
pour arriver à cette distinction :
Il faut " aller vers " ce sera donc un apprentissage par l'action
Georges (1989) qui regroupe toutes les formes d'apprendre pour lesquelles l'action
du sujet apprenant est la source du changement de conduite ou de connaissances.
On peut rencontrer deux types d'apprenants : Celui qui est isolé ; et
encore l'est-il de moins en moins par le biais des réseaux ; et celui
qui se trouve dans une situation plus éducative lié au cursus
scolaire.
L'apprenant est alors en interaction avec d'autres pairs et où les formes
d'apprendre prennent une dimension sociale. Par exemple Weil-Barais (1993) distingue
notamment les formes d'apprentissage " par observation et imitation "
de celle de " l'apprentissage coactif " notion issue de la psychologie
sociale. Il faut encore mentionner l'apprentissage par " médiation
" Vigotsky (1934), Bruner (1983, 1987) dont notamment toutes les situations
à finalité éducative ? Citons Giordan (1998) qui insiste
sur le fait " qu'apprendre, c'est alors réorganiser son comportement
ou ses connaissances pour intégrer des apports nouveaux provenant du
monde extérieur ". Approche dite constructiviste et dominante aujourd'hui.
On découvre de nouveaux mots qui pourraient être paradoxaux avec
l'autonomie : norme, loi, outil informatique, action
on s'y perd!
Reprenons, pour mieux introduire la définition de l'autonomie, celle
de " l'artefact " de Rabardel (1995) qui mettait en exergue le fait
qu'il existe une " conceptualisation, psychologique des artefacts en tant
qu'instrument ". Il y définit l'instrument constitutif d'une relation
celle de l'usage par le sujet de l'artefact en tant que moyen qu'il associe
à son action. Et qui dit action, dit obligatoirement engagement personnel
ou collectif : Nous y voilà ! Un engagement suscite une prise décision,
un appel à un certain savoir lequel est ce de l'autonomie ou on tend
vers un processus d'autonomisation de l'apprentissage par l'action ? Ainsi,
beaucoup d'auteurs ont essayé de donner au plus juste la définition
de l'autonomie mais il n'y en a pas !
D'abord observons sa définition ou plutôt " ses " définitions
: Autonomie, dans l'un des sens les plus généraux, signifie "
loi propre " Auto-nomos qui signifie encore auto-norme. E Kant l'a définie
d'une façon philosophique pour désigner la sphère de la
raison pratique, l'indépendance de la volonté par rapport à
tout désir ou à tout objet de désir, et sa capacité
à se déterminer et se conformer à sa propre loi. On se
conforme donc, à des normes, des lois ce n'est donc pas la définition
de l'autodidaxie où tout est propre à soi même et non pas
à la notion de norme ou de loi ce qui est bien différent !
L'autonomie place alors le sujet en situation de pouvoir et non pas de devoir
au sens d'obligation toujours répondre de ses actions et avant tout devant
lui-même. L'autonomie n'élimine pas l'obligation, elle la renforce
d'autant plus qu'en excluant la contrainte, elle détermine un pleine
convergence entre la liberté et la normativité.
Ainsi le processus d'autonomisation est plus juste dans les termes car la responsabilité
qui provient de ce dernier, est la capacité du sujet à répondre
de ses propres actions, à prendre en charge la possibilité de
se tromper, en acceptant les conséquences de ses erreurs comme de ses
réussites. Le cas d'essai erreur se retrouve dans les ouvrages de certains
auteurs et s'applique à l'outil informatique.
L'objectif de cette première recherche tend donc alors, dans un premier
temps à analyser la demande du monde professionnel sur le profil type
du futur salarié utilisant l'outil informatique et capable d'en extraire
la " substantifique moelle " !
Dans un deuxième temps on s'intéressera au curriculum scolaire
de ces sections tertiaires (Bac STT, Bac Professionnel, BTS) sachant qu'une
étude préalable a été effectuée sur le secteur
éducatif des secondes, afin d'essayer de répondre à la
question : Quels savoirs enseigner et comment via l'outil informatique peut-on
atteindre l'ambition d'une socialisation réussie grâce à
cet outil ? Est-ce un outil magique ?
Paragdime de la recherche : Intégration de la connaissance
Mais quelle connaissances veut-on obtenir ?
La question de l'organisation d'un corpus de connaissance est alors à
l'ordre du jour. Les travaux de psychocognitive encore bien vagues, ne peuvent
prétendre à la question " quelle connaissance ou quel problème
on voulait résoudre ? " Il est toujours très difficile de
décrire de façon générale ce que l'utilisateur fait
avec de l'information. Bernstein (1993) a proposé de distinguer l'information
" mining " qui conçoit qu'une information pertinente est une
ressource de valeur qui doit être extraite efficacement et raffinée(
)
;
L'information " manufacturing " qui conçoit l'acquisition le
raffinement, l'assemblage et la maintenance d'information comme un environnement
continu (
) L'information " farming " qui conçoit la culture
de l'information comme une activité continue et conduite par des groupes
de personnes travaillant ensemble à la réalisation d'un but changeant
individuel ou commun (..).
C'est un point de vue qui permet de comprendre mieux le fait que l'apprenant
ne peut pas faire abstraction en permanence au processus d'autonomisation. Encore
faut-il savoir de quelle manière on peut y faire appel sur quels savoirs.
Le défi est donc présent : construit-on notre processus d'autonomisation
à l'aide de ce dispositif informatique ?
METHODOLOGIE
Pour la période 2000/2002 trois terrains ont été étudiés
:
*Dans un premier temps des élèves de Secondes option Informatique
de Gestion et de Communication de deux lycées différents de Marseille
sur un période de quatre mois sous forme d'observations et d'entretiens.
*Dans un deuxième temps ce fut les enseignants de cette option. (2000-2001)
*Dans un troisième temps ce fut donc des entretiens et des questionnaires
(sous Etnos ) (2002)
destinés au monde professionnel : L'entreprise.
L'analyse des contenus commence à être riche d'exploitation.
A l'heure où, un " permis informatique " se met doucement en
place (malgré un Bulletin Officiel de l'Education Nationale de novembre
2000) à la sortie de l'école primaire et à la fin de la
3ième appelé B2I, les entreprises exigent de plus en plus, l'appropriation
de savoirs un peu plus ciblés sur la capacité d'adaptation et
la capacité d'analyse.
Auquel cas comment pouvoir adapter la demande à l'offre ?
Apprendre aujourd'hui devient un vaste chantier en construction permanente chercher
un sens, de part aussi l'évolution technologique et les exigences du
monde professionnel !
Quelques résultats
Pour les élèves de secondes quelques points d'orgue ont été
soulevés ce qui a été le moteur du sujet de la recherche.
Nous avons pu observer que les élèves faisaient ressurgir une
notion qui n'était pas du tout évidente pour le chercheur et l'enseignant
: La notion d'amélioration de la communication à travers l'utilisation
de l'outil, aussi bien, vis à vis de l'enseignant que des autres élèves
mais aussi et surtout cette notion d'autonomie qui s'est manifestée plusieurs
fois dans l'analyse des contenus sans oublier le terme de " solidarité
".
Pour les résultats des entretiens et des questionnaires des entreprises
la notion de processus d'autonomisation est bien mis en évidence par
rapport au terme de l'autonomie.
Ce terme ressort très souvent dans les compétences requises pour
l'emploi d'un futur salarié beaucoup plus que des compétences
purement techniques ou encore l'expérience professionnelle pour plus
des 50 % des entreprises interrogées !
Mais les résultats sont encore en cours.
LES QUESTIONS ET L'AVENIR DE LA RECHERCHE
Comment peut-on transférer un savoir à travers un seul outil
?
Là, on se réfère à la " genèse instrumentale
" de Rabardel où l'outil détient deux tâches principales
:
La gestion du dialogue avec l'opérateur et la conduite de la tâche
de l'opérateur. Or, il faut bien cerner le fait que le dispositif informatique
ne soit pas comme le tableau noir qui était réservé strictement
au système éducatif.Il devient un outil de banalisation de la
vie éducative et familiale.
Il y a donc une vie extérieure qui va donner un sens didactique à
certains des faits qui s'y produisent et favoriseront encore plus le processus
d'autonomisation de l'apprenant.
Cette recherche tend à aller au-delà des frontières et
notamment dans un laboratoire en Italie afin de pouvoir comparer les démarches
de l'apprentissage des TIC dans un concept d'appropriation des savoirs et lesquels
?
REFERENCES
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dans la formation
Edition Education et formation.
Bruillard, E. (1997) Les machines à enseigner. Hermès Paris.
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De la métacognition implicite à la métacognition explicite.
Thèse pour le doctorat d'état, Grenoble : Université de
Grenoble II dir : J.Berbaum.
Chevallard, Y. (1997) La transposition didactique du savoir savant au savoir
enseigné La pensée Sauvage édition Recherche en didactique
des mathématiques.
Grangeat, M. (1997) La métacognition, une aide au travail de l'élève.Edition
ESF Collection pédagogie.
Hoffmans-Gosset, M. (1987) Apprendre l'autonomie. Apprendre la socialisation.
Technique Chronique Sociale. Lyon.
Mendelsohn, P. (1999) La place des TIC dans la formation professionnelle.Ottawa.
ACFAS.
Poisson, D. (1998) Apprendre en autonomie avec les NTIC en formation adultes
et en maîtriser les limites. 2° rencontres de l'éducation et
de la Formation en Champagne Ardennes. Actes du colloque Reims octobre 1998.
Rabardel, P. (1995) Les hommes et les technologies. Approche cognitive des
instruments contemporains.Ed Armand Colin, Paris.
Ravenstein, J. (1994) Autonomie et régulation dans un système
didactique. Contribution à l'étude de la complexité du
rapport au savoir des élèves à l'école élémentaire.
Thèse de Doctorat Université de Provence.
Tardif, J. (1996). Intégrer les nouvelles technologies : quel cadre
pédagogique. ESF éditeurs Paris.
Weil-Barais, A.. (1994) L'homme cognitif. PUF. Paris.
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