La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Dispositifs et instrumentalisation des apprentissages. Quels bénéfices et quelles limites ?


Titre : Dispositif informatique et processus d'autonomisation : Une approche didactique. Exemple des sections technologiques et tertiaires
Auteurs : MONTUORI Christine

Texte :
Cette communication permet de mettre en exergue la première étape d'une recherche concernant le dispositif informatique que côtoie l'apprenant et l'émergence d'un processus d'autonomisation. On constate qu'une relation avec l'objet se construit : Ainsi d'après les objets dont il s'agit, il apparaît que des relations fondamentales avec l'objet peuvent se créer en suivant le cursus du développement cognitif tel que le défini Piaget " découverte de l'objet, puis plus tard conceptualisation autour de l'objet etc.…en créant à chaque fois des cartes plus complexes associées à l'objet.. " Il surgit alors des apports sociaux aux processus de découverte et d'enrichissement affectivo-cognitif des relations à l'objet. Ces apports sont au fur et à mesure constitués de savoirs au sens commun, ou des savoirs associés à l'objet.
Ici, entre l'objet de type informatique et l'apprenant, on en vient à oublier le rôle de l'école qui reste encore un lieu d'appropriation de savoirs. Le courant de la didactique des disciplines en porte témoignage. On essaie progressivement d'être attentif aux questions d'apprentissage appelées encore le rapport au savoir.
Le concept de métacognition permet de se pencher sur ce dernier aspect de deux courants complémentaires : celui d'une pédagogie de la relation et celui intéressé à une pédagogie de l'apprentissage de contenus déterminés. Ceci à travers un autre acteur : L'enseignant.
Son métier est d'installer des situations d'apprentissage favorisant l'appropriation des savoirs et plus particulièrement ici, celui d'un processus d'autonomisation. Ainsi, il est plus encore, de permettre à ces apprenants, d'analyser leur représentation, de créer des moments de reculs par rapport à leurs actions afin d'en comprendre les ressorts. Mais l'enseignant est confronté à une contradiction forte : D'un côté ambitionner que l'élève adhère à son projet et d'un autre accepter le principe que le même élève accède l'autonomie dont l'illustration la plus vive correspondrait à un refus de ce qui lui est suggéré !

OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
La question est de savoir comment peut-on enseigner ce type de savoir comme l'autonomie ? Il faut donc reprendre un poste de pilotage de l'apprentissage des élèves par l'intermédiaire des TIC afin de développer de nouvelles capacités Mendelshon, (1999) favorisant la prise d'initiative personnelle mais aussi le travail de groupe.
Apprentissage sans limites qui doit passer par des réajustements permanents.
Or, la technique ne vaut surtout par l'usage qu'on en fait. Choisira t-on un apprentissage par l'action car les TIC sont parfaites pour déclencher et assister l'activité spontanée de l'exploration, du bricolage au sens de Lévi-Strauss qui donne envie de connaître par la curiosité, le plaisir de rechercher… ? Une micro aventure de la pensée ! Or, si l'individu ne sait pas où rechercher, il ne se sent pas alors autonome. C'est alors qu'intervient l'enseignant qui devient le " passeur " de Bonniol et essaie de faire ressurgir les différents savoirs nécessaires de l'apprenant. Il devra gérer le rapport des savoirs scolaires aux savoirs de références, aux savoirs naturels et le rapport des élèves à chacun de ces savoirs. Tâche bien difficile pour insérer un processus d'autonomisation dans l'apprentissage. Ni les savoirs savants ni la pratique à elle seule ne permettent d'obtenir des réponses sur les savoirs de références des enseignements relatifs aux TIC. Par contre l'approche en terme de savoirs experts (Ginestié, 1995) élaborés sur la pratique semble intéressante. Mais attention, des savoirs sur des pratiques et plus particulièrement des pratiques calquées sur la réalité des organisations sociales comme le soutient Martinand.
Dans la population étudiée, l'apprenant y sera confronté par le biais de l'action. Bruner comme Vygotsky accordent aux facteurs de l'étayage un rôle prépondérant dans le développement des savoirs. L'ensemble des interventions d'assistance envers l'apprenant sera effectué de telle manière à organiser ses conduites afin de pouvoir résoudre seul un problème qu'il ne savait pas résoudre au départ. On tend vers ce processus d'autonomisation et non pas d'autonomie terme trop fort ; car c'est quasiment une quête inconcevable ; par le biais d'un dispositif informatique transformé en instrument.
Mais mettons une définition à l'autonomie pour mieux comprendre cette distinction.

Processus d'autonomisation ou autonomie : la distinction

Prenons un des sens du " vers l'apprendre " et comment, par l'action pour arriver à cette distinction :
Il faut " aller vers " ce sera donc un apprentissage par l'action Georges (1989) qui regroupe toutes les formes d'apprendre pour lesquelles l'action du sujet apprenant est la source du changement de conduite ou de connaissances. On peut rencontrer deux types d'apprenants : Celui qui est isolé ; et encore l'est-il de moins en moins par le biais des réseaux ; et celui qui se trouve dans une situation plus éducative lié au cursus scolaire.
L'apprenant est alors en interaction avec d'autres pairs et où les formes d'apprendre prennent une dimension sociale. Par exemple Weil-Barais (1993) distingue notamment les formes d'apprentissage " par observation et imitation " de celle de " l'apprentissage coactif " notion issue de la psychologie sociale. Il faut encore mentionner l'apprentissage par " médiation " Vigotsky (1934), Bruner (1983, 1987) dont notamment toutes les situations à finalité éducative ? Citons Giordan (1998) qui insiste sur le fait " qu'apprendre, c'est alors réorganiser son comportement ou ses connaissances pour intégrer des apports nouveaux provenant du monde extérieur ". Approche dite constructiviste et dominante aujourd'hui.
On découvre de nouveaux mots qui pourraient être paradoxaux avec l'autonomie : norme, loi, outil informatique, action…on s'y perd!
Reprenons, pour mieux introduire la définition de l'autonomie, celle de " l'artefact " de Rabardel (1995) qui mettait en exergue le fait qu'il existe une " conceptualisation, psychologique des artefacts en tant qu'instrument ". Il y définit l'instrument constitutif d'une relation celle de l'usage par le sujet de l'artefact en tant que moyen qu'il associe à son action. Et qui dit action, dit obligatoirement engagement personnel ou collectif : Nous y voilà ! Un engagement suscite une prise décision, un appel à un certain savoir lequel est ce de l'autonomie ou on tend vers un processus d'autonomisation de l'apprentissage par l'action ? Ainsi, beaucoup d'auteurs ont essayé de donner au plus juste la définition de l'autonomie mais il n'y en a pas !
D'abord observons sa définition ou plutôt " ses " définitions : Autonomie, dans l'un des sens les plus généraux, signifie " loi propre " Auto-nomos qui signifie encore auto-norme. E Kant l'a définie d'une façon philosophique pour désigner la sphère de la raison pratique, l'indépendance de la volonté par rapport à tout désir ou à tout objet de désir, et sa capacité à se déterminer et se conformer à sa propre loi. On se conforme donc, à des normes, des lois ce n'est donc pas la définition de l'autodidaxie où tout est propre à soi même et non pas à la notion de norme ou de loi ce qui est bien différent !
L'autonomie place alors le sujet en situation de pouvoir et non pas de devoir au sens d'obligation toujours répondre de ses actions et avant tout devant lui-même. L'autonomie n'élimine pas l'obligation, elle la renforce d'autant plus qu'en excluant la contrainte, elle détermine un pleine convergence entre la liberté et la normativité.
Ainsi le processus d'autonomisation est plus juste dans les termes car la responsabilité qui provient de ce dernier, est la capacité du sujet à répondre de ses propres actions, à prendre en charge la possibilité de se tromper, en acceptant les conséquences de ses erreurs comme de ses réussites. Le cas d'essai erreur se retrouve dans les ouvrages de certains auteurs et s'applique à l'outil informatique.

L'objectif de cette première recherche tend donc alors, dans un premier temps à analyser la demande du monde professionnel sur le profil type du futur salarié utilisant l'outil informatique et capable d'en extraire la " substantifique moelle " !
Dans un deuxième temps on s'intéressera au curriculum scolaire de ces sections tertiaires (Bac STT, Bac Professionnel, BTS) sachant qu'une étude préalable a été effectuée sur le secteur éducatif des secondes, afin d'essayer de répondre à la question : Quels savoirs enseigner et comment via l'outil informatique peut-on atteindre l'ambition d'une socialisation réussie grâce à cet outil ? Est-ce un outil magique ?

Paragdime de la recherche : Intégration de la connaissance

Mais quelle connaissances veut-on obtenir ?
La question de l'organisation d'un corpus de connaissance est alors à l'ordre du jour. Les travaux de psychocognitive encore bien vagues, ne peuvent prétendre à la question " quelle connaissance ou quel problème on voulait résoudre ? " Il est toujours très difficile de décrire de façon générale ce que l'utilisateur fait avec de l'information. Bernstein (1993) a proposé de distinguer l'information " mining " qui conçoit qu'une information pertinente est une ressource de valeur qui doit être extraite efficacement et raffinée(…) ;
L'information " manufacturing " qui conçoit l'acquisition le raffinement, l'assemblage et la maintenance d'information comme un environnement continu (…) L'information " farming " qui conçoit la culture de l'information comme une activité continue et conduite par des groupes de personnes travaillant ensemble à la réalisation d'un but changeant individuel ou commun (..).
C'est un point de vue qui permet de comprendre mieux le fait que l'apprenant ne peut pas faire abstraction en permanence au processus d'autonomisation. Encore faut-il savoir de quelle manière on peut y faire appel sur quels savoirs.
Le défi est donc présent : construit-on notre processus d'autonomisation à l'aide de ce dispositif informatique ?


METHODOLOGIE

Pour la période 2000/2002 trois terrains ont été étudiés :
*Dans un premier temps des élèves de Secondes option Informatique de Gestion et de Communication de deux lycées différents de Marseille sur un période de quatre mois sous forme d'observations et d'entretiens.
*Dans un deuxième temps ce fut les enseignants de cette option. (2000-2001)
*Dans un troisième temps ce fut donc des entretiens et des questionnaires (sous Etnos ) (2002)
destinés au monde professionnel : L'entreprise.
L'analyse des contenus commence à être riche d'exploitation.
A l'heure où, un " permis informatique " se met doucement en place (malgré un Bulletin Officiel de l'Education Nationale de novembre 2000) à la sortie de l'école primaire et à la fin de la 3ième appelé B2I, les entreprises exigent de plus en plus, l'appropriation de savoirs un peu plus ciblés sur la capacité d'adaptation et la capacité d'analyse.
Auquel cas comment pouvoir adapter la demande à l'offre ?
Apprendre aujourd'hui devient un vaste chantier en construction permanente chercher un sens, de part aussi l'évolution technologique et les exigences du monde professionnel !

Quelques résultats


Pour les élèves de secondes quelques points d'orgue ont été soulevés ce qui a été le moteur du sujet de la recherche.
Nous avons pu observer que les élèves faisaient ressurgir une notion qui n'était pas du tout évidente pour le chercheur et l'enseignant : La notion d'amélioration de la communication à travers l'utilisation de l'outil, aussi bien, vis à vis de l'enseignant que des autres élèves mais aussi et surtout cette notion d'autonomie qui s'est manifestée plusieurs fois dans l'analyse des contenus sans oublier le terme de " solidarité ".

Pour les résultats des entretiens et des questionnaires des entreprises la notion de processus d'autonomisation est bien mis en évidence par rapport au terme de l'autonomie.
Ce terme ressort très souvent dans les compétences requises pour l'emploi d'un futur salarié beaucoup plus que des compétences purement techniques ou encore l'expérience professionnelle pour plus des 50 % des entreprises interrogées !
Mais les résultats sont encore en cours.

LES QUESTIONS ET L'AVENIR DE LA RECHERCHE

Comment peut-on transférer un savoir à travers un seul outil ?
Là, on se réfère à la " genèse instrumentale " de Rabardel où l'outil détient deux tâches principales :
La gestion du dialogue avec l'opérateur et la conduite de la tâche de l'opérateur. Or, il faut bien cerner le fait que le dispositif informatique ne soit pas comme le tableau noir qui était réservé strictement au système éducatif.Il devient un outil de banalisation de la vie éducative et familiale.
Il y a donc une vie extérieure qui va donner un sens didactique à certains des faits qui s'y produisent et favoriseront encore plus le processus d'autonomisation de l'apprenant.
Cette recherche tend à aller au-delà des frontières et notamment dans un laboratoire en Italie afin de pouvoir comparer les démarches de l'apprentissage des TIC dans un concept d'appropriation des savoirs et lesquels ?

REFERENCES

Barbot, MJ.& Camatarri, G. (1999) Autonomie et apprentissage : l'innovation dans la formation
Edition Education et formation.

Bruillard, E. (1997) Les machines à enseigner. Hermès Paris.

Chanel Blanas, A. (1998) La prise de conscience de sa manière d'apprendre. De la métacognition implicite à la métacognition explicite. Thèse pour le doctorat d'état, Grenoble : Université de Grenoble II dir : J.Berbaum.

Chevallard, Y. (1997) La transposition didactique du savoir savant au savoir enseigné La pensée Sauvage édition Recherche en didactique des mathématiques.

Grangeat, M. (1997) La métacognition, une aide au travail de l'élève.Edition ESF Collection pédagogie.

Hoffmans-Gosset, M. (1987) Apprendre l'autonomie. Apprendre la socialisation. Technique Chronique Sociale. Lyon.

Mendelsohn, P. (1999) La place des TIC dans la formation professionnelle.Ottawa. ACFAS.

Poisson, D. (1998) Apprendre en autonomie avec les NTIC en formation adultes et en maîtriser les limites. 2° rencontres de l'éducation et de la Formation en Champagne Ardennes. Actes du colloque Reims octobre 1998.

Rabardel, P. (1995) Les hommes et les technologies. Approche cognitive des instruments contemporains.Ed Armand Colin, Paris.

Ravenstein, J. (1994) Autonomie et régulation dans un système didactique. Contribution à l'étude de la complexité du rapport au savoir des élèves à l'école élémentaire. Thèse de Doctorat Université de Provence.

Tardif, J. (1996). Intégrer les nouvelles technologies : quel cadre pédagogique. ESF éditeurs Paris.

Weil-Barais, A.. (1994) L'homme cognitif. PUF. Paris.


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