La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Comment analyser et comprendre, les situations pédagogiques et didactiques ?


Titre : Evaluation de programmes d'enseignement : cas de la physique
Auteurs : LOUNIS Ali

Texte :

INTRODUCTION
Les programmes de l'enseignement secondaire algérien seraient très anciens, s'ils n'avaient fait l'objet en1992 et en 1995 de quelques réaménagements (ave callégements), mais il est vrai plus dans la forme(lisibilité typographique considérablement améliorée...)que dans le fond, et concernant plus la démarche pédagogique que les contenus prescrits.
Ces changements revêtent un caractère volontariste car ils n'ont pas été appuyés par une étude d'évaluation préalable. En outre, ils n'ont pas fait l'objet d'une phase préliminaire d'expérimentation etde préparation avec les acteurs concernés, avant leur implantation et leur généralisation sur le terrain. La nécessité d'une évaluation objective et méthodiquedes programmes de sciences physiques notamment, a été depuis maintes fois réaffirmée par les responsables gestionnaires du secteur de l'éducation et par les structures consultatives concernées ( MEN, CNP ...). A juste titre d'ailleurs, car "une définition inadéquate des contenus d'enseignement ou une préparationné gligée des programmes et des manuels, sont susceptibles d'avoir des répercussions négatives non seulement sur l'éducation, mais aussi sur la société dans son ensemble" (Kraevskij - Unesco, 1985).
Par ailleurs, les taux de succès chroniquement médiocres au baccalauréat (25% en moyenne) depuis denombreuses années ne militent guère pour le maintien des programmes tels quels.
L'accroissement exponentiel des connaissances scientifiques et technologiques au niveau mondial, avec un quasi - doublement en dix ans, implique desrévisions périodiques des programmes d'études, et doncdes opérations régulières d'évaluation de type bilanet de type diagnostic.
La présente étude sur l'évaluation des programmes de physique du secondaire, est centrée sur les programmes des filières sciences et technologie où cette matière est essentielle.
L'équipe de recherche constituée à cet effet comprend cinq universitaires associés et quatre professeurs de l'enseignement secondaire .
Il s'agit d'une évaluation bilan à caractère sommatif, car elle vise à dégager les éléments utiles pour une éventuelle refonte ou réforme plus ou moins profonde des programmes, dont le besoin est ressentiet largement partagé. Mais il reste à en établir les fondements sur des constats objectifs, et à en élaborer les conditions et les déterminants à prendreen compte.
Outre l'analyse des besoins (faisant défaut) et les références aux valeurs de la société moderne, il y a lieu de ne pas perdre de vue que :
- la définition préalable des finalités ultimes du système éducatif (ou encore de chaque filière ou palier de l'enseignement),
- les exigences actuelles de la discipline et de ses spécificités didactiques en rapport avec les capacités intellectuelles, les conceptions et difficultés des apprenants,
- les moyens disponibles incluant autant que possible les outils informatiques éprouvés (avec les problèmes de formation que cela engendre...) représentent autant de facteurs fondamentaux pour la détermination des objectifs spécifiques et des contenus d'enseignement à un niveau donné. A fortiori, ces facteurs sont aussi à prendre en compte à des degrés divers pour une évaluation complète des programmes d'études.

METHODOLOGIE
Au plan méthodologique, et en absence de norme oustandard dominant en matière d'évaluation de programmes d'études, une triple démarche a été adoptée. Celle ci s'inspire largement du paradigme théorique développé relatif aux modèles "naturaliste" et "formaliste" de l'évaluation des programmes d'études :
- une évaluation à caractère qualitatif, basée sur des critères prédéfinis (tels que la pertinence, la cohérence, la faisabilité...) structurant une grille d'analyse a priori (évaluation en chambre). L'expert évaluateur y est appelé à se prononcer sur la satisfaction de chacun des critères retenus, selon uneéchelle d'appréciation a, b, c et d .
- une évaluation à caractère quantitatif, au moyen d'un questionnaire adressé principalement aux enseignants concernés (échantillon de plus de 260 enseignants répartis sur les grandes régions du pays), avec un Q.C.M (échelle d'évaluation de 1 à 4) suivi d'une question ouverte . Le dépouillement et le traitement des données ont été effectués moyennant l'utilisation du logiciel Excel. L'analyse des réponses s'appuie sur trois types de réduction de données: par composantes du programme, par critères d'évaluation, et selon les fréquences desréponses.
- une entrevue de groupe (d'enseignants) complémentaire destinée à enrichir le volet qualitatif et à clarifier certains points restés mitigés.
Ces aspects et méthodes complémentaires font successivement l'objet de trois chapitres non détaillés ici, lesquels donnent les résultats d'évaluation. Ils sont suivis d'une synthèse(triangulation) et de recommandations finales.
L'approche naturaliste visant essentiellement à identifier et caractériser les points forts, et surtout les points faibles et les lacunes des programmes, se trouve privilégiée dans cette démarche. Elle est toute fois en association avec l'essai dequantification de l'adéquation de chacune des composantes du programme à un faisceau de critères etsous-critères implicites sous-tendant pratiquement chacune des questions et hypothèses d'investigation.
Les contraintes et les limites de la présente étude se rapportent à la validation incomplète de la grille d'évaluation en chambre, au nombre restreint d'enseignants interviewés, et à certaines difficultésliées à la programmation de l'enquête par questionnaire en période d'examens.
Il y a lieu toutefois, de souligner que la réalisation de cette étude a permis aux membres du groupe d'acquérir une formation et/ou un perfectionnement en méthodologie d'évaluation deprogrammes scolaires. Cette méthode d'évaluation peut faire l'objet d'un débat....
Résultats et Commentaires ( points de convergence) Objectifs : défaut d'analyse de besoins et non-arrimage de ces derniers avec les objectifs;objectifs peu réalistes.
Contenus : classiques, non actualisés, peupertinents, peu rattachés au vécu de l'élève et à son environnement, non ouverts sur les technologiesmodernes.Activités et moyens : insuffisants, manque de moyens(matériel et documentation, formation) pour réaliser les activités.
Méthodes et orientations : adaptées à la discipline mais difficulté d'application, orientations utiles mais insuffisantes.
Perceptions globales : le programme gagnerait à être plus souple, plus équilibré. Programme à réaménager en profondeur. L'unification de la terminologie et l'utilisation de la symbolique universelle sont souhaitées. La présentation et la lisibilité sont satisfaisantes.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les conclusions et recommandations formulées ci-dessous, correspondent autant que possible et dans les limites de l'étude, aux préoccupation sessentielles d'une évaluation du programme de physique qui soit fiable, et surtout utile et liée au contexteactuel de l'enseignement secondaire, même parfois aux dépens d'autres qualités ou critères.
A l'aube du XXIème siècle et de ses défis, les impératifs privilégiés en l'occurrence se rapportent à la modernisation, à la dimension universelle de la science, à l'équilibre entre les finalité sculturelles, et celles relatives à la préparation à lavie active et aux études universitaires.
Il y a lieu de rappeler que le meilleur desprogrammes ne donnerait rien si les condition sélémentaires de sa concrétisation ne sont pas réunies. Sans négliger l'importance de chacune des observations et suggestions figurant dans le rapport, et tenant compte essentiellement des résultats du tableau de convergence, la commission d'évaluation retient leséléments suivants :
- La présentation matérielle et la lisibilité du programme sont satisfaisantes.
- Le programme accorde une place et un rôle très importants aux objectifs, bien que cela induise des problèmes de formation, de moyens et de morcellement des savoirs. Cette option du programme mérite d'être reconsidérée.
Le programme gagnerait à être plus axé sur les compétences générales et transférables et à mieux distinguer les objectifs essentiels en fonction de l'analyse des besoins exprimés et des finalités de l'enseignement scientifique secondaire.
- Les contenus d'enseignement du programme sont plutôt classiques (beaucoup de mécanique...) voire obsolètes, et présentés de façon trop détaillée et plutôt rigide.
Ces contenus demeurent relativement non surchargés. Ils devraient être plus actualisés, plus en adéquationavec les objectifs visés et plus ouverts sur les technologies modernes (NTIC...) et le vécu quotidiende l'élève (thèmes fédérateurs, problèmes d'environnement).La dimension universelle du savoir scientifiqueenseigné dans le cadre de ce programme doit êtrerenforcée : unification des terminologies, utilisation des symboles scientifiques universels, intégration delexiques bilingues ou trilingues dans les manuels.
Une démarche et une structuration meilleures descontenus sont possibles, suivant notamment les données récentes de la théorie du constructivisme et de la didactique des sciences.
Les distinctions entre les programmes des filières scientifique et technologique devraient être mieux cernées, et la filière sciences exactes plus valorisée.
Pour susciter davantage l'intérêt et la curiosité desélèves pour la physique, il serait opportun de prévoir des fenêtres sur l'histoire des sciences, l'actualitétechnologique, les objets techniques de la vie quotidienne, les sciences de l'espace et de l'univers, les thèmes liés à des problèmes écologiques (ou bien suggérer cela aux concepteurs de manuels).
- Les moyens et les conditions de réalisation du programme devraient être esquissés préalablement (prévoir en outre, un délai pour la préparation desmanuels et des équipements et la formation desenseignants, avant son implantation, soit six mois un an minimum).
Il y a lieu d'assurer une meilleure disponibilité du document programme, de la documentation et des équipements pédagogiques en général (manuels deréférence de l'Unesco et de l'Alesco notamment, guidede l'enseignant, guide de travaux pratiques...).
Les volumes horaires annuels sont à aménager et à préciser dans leur répartition (même à titre indicatif).
Il y a lieu de renforcer les prérequis en mathématiques pour les élèves venant du cycle fondamental, et de mieux coordonner les enseignements de mathématiques et de physique dans le secondaire.
Les méthodes préconisées gagneraient à être plus adaptées au contexte (équipements, effectif desclasses...) et à tenir compte autant que possible des moyens technologiques modernes (place del'informatique, impact de l'utilisation des moyens de calculs sur les épreuves d'évaluation et la résolution de problèmes...), de façon à promouvoir la réflexion et la compréhension qualitative des lois et phénomènes physiques.
Un effort particulier reste à faire pour mieux développer les contenus et activités à caractère expérimental, à travers notamment quelques propositions d'expériences de démonstration peu coûteuses en moyen et en temps.
Le programme devrait être plus souple (prévoir certains choix ou alternatives pour les enseignants),et plus équilibré dans ses principales composantes.
Par ailleurs, les enseignants souhaitent avoir plus d'orientations (ou compléments de formation) relatives notamment aux innovations technologiques et aux avancées des recherches didactiques, aux travaux pratiques et aux démarches d'évaluation diagnostique, formative et sommative.

Pour conclure, des réformes ou réaménagements profonds des programmes actuels s'avèrent tout à fait opportuns et justifiés. Leur élaboration devrait tenir compte autant que possible des recommandations ci-dessus, et se faire de façon transparente et concertée, avec la collaboration d'enseignants, d'universitaires, de chercheurs didacticiens...
Une commission nationale chargée de la réforme des programmes travaille depuis plusieurs années , les difficultés sont diverses et les obstacles encore nombreux...

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