La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Le sujet apprenant et communicationnel. L'individualisation aide-t-elle le sujet à se construire ?


Titre : UNE PERSPECTIVE CLINIQUE EN FORMATION D´ENSEIGNANTS, ANALYSE D´UN CAS
Auteurs : Mazza Diana

Texte :

Introduction

" Professeur haute, sympathique, avec une importante connaissance de Biologie, offre l'expérience de seize ans auprès d'adolescents parmi les treize et dix-sept ans, l' application de toute technique possible, appliquer la méthode scientifique comme sujet transversal, des thérapies alternatives en échange de nouvelles techniques, des stratagèmes magiques qui augmentent la patience, comment travailler avec des élèves difficiles. Les offertes sont bienvenues. Je suis presque toute la journée à l'école."

"...[Les élèves] se sont communiqués assez librement, je l'ai supporté, cela ne m'a pas dérangé. J'ai commencé à m'habituer à faire un peu ce que je peux avec les étudiants que j'ai à ma charge, j'ai baissé un peu mon niveau d'exigeance dans ce sens. Les laisser être un peu plus eux-même, en essayant de leur signaler les limites, ouí, mais selon ses principes. C'est à dire, j'ai supporté plus le bavardage, j'ai supporté beaucoup plus d'autres choses (...) Comme étant un peu plus tolérante."

Ceux qui précèdent constituent deux fragments du discours d'Ana, une enseignante de Biologie qui a participé d'un processus de formation des enseignants, segments d'un projet de recherche accomplie dans l'Université de Buenos Aires, parmi les années 1997 et 2000. Le premier d'entre eux, met en scène le début, la présentation - presque comme un jeu - que les membres du DIAMCLE (dispositif d'analyse multiréférencielle de classes scolaires) ont realisé d'eux-même et de ses spectatives dans leur première réunion du groupe de formation. Le deuxième fragment appartient à la fin du processus. Il rend compte du chemin traversé par Ana dans le travail de réflexion sur soi-même et sur ses classes selon la proposition du DIAMCLE.

Maintenant nous essayerons de présenter le cas d'Ana et ses transformations produites en conséquence du résultat de sa participation dans l'expérience.

Une brève référence au DIAMCLE comme dispositif de recherche et formation

Le DIAMCLE proposait aux enseignants d'écoles moyennes un processus de formation qui comprenait deux niveaux de travail de certaine façon bien différenciés: celui de l'acquisition d'outils qui leur permetent comprendre la complexité de ce qui arrive dans les classes scolaires et, parallèlement, le processus de réflexion sur soi-même et sur la propre action comme les composants spécifiques de ses pratiques d'énseignance, tournées maintenant en objets d'analyse.

La mise au point méthodologique du DIAMCLE comme projet de recherche, de même que le processus de formation des pèdagogues participants étaient du type clinique. Il s'agit de l'articulation de deux espaces: le consacré spécifiquement à la formation, c'est à dire, des réunions groupales consacrées au travail sur des diverses théories et à l'entraînement dans son utilisation pour la compréhension des situations de classe variée; et le plus spécifiquement lié à la recherche, un processus d'étude individuelle de chaque enseignant, à travers des interviews de profondeur à charge d'un investigateur, basé sur l'analyse de rapports d'observation de la classe de chaque enseignant, à fin d'accompagner le processus de réflexion en soi-même et sur sa propre singularité.

Comme il apparaît dans les fragments incitiaux, Ana montrera un processus de transformation évident par rapport à ce qu'elle même définit comme "accomplissement d'une meilleure tolérance."

Sur la signification de "tolérance". Trois hypothèses cliniques.

Etymologiquement, "tolérance" vient du latin "tolerantia" et se réfère dans son sens général: 1. Action et effet de tolérance. 2. Le respect et la considération vers les avis des autres, quoiqu'ils dégoûtent les nôtres. 3. La reconnaissance de l'immunité politique pour ceux qui pratiquent les religions différentes aux admises officiellement. De même, "tolérer" réfère à: 1. Souffrir, s'entendre patientement. 2. Permettre quelque chose qui n'est pas tenue en compte légalement, sans l'approuver expressément. 3. Résister, soutenir, particulièrement médicaments, alimentation, etc (Dictionnaire de l'Académie espagnole Royale, Espasa-Calpe, Madrid, 1970).

Il y a deux possibilitées de signification dans ce qui suggère le mot et qui se rapproche à l'idée de "souffrance", dans le sens d'une émotion personnelle et avec la reconnaissance ou l'acceptation de la chose diverse, de la chose différente.

En certaine façon Ana s'aperçoit, avec des possibilitées chaque fois plus fortes de le demontrer le long des interviews, qu'une transformation sur la perception de la "chose différente" en elle-même et dans les autres, c'est produite.

Nous montrerons cette transformation à travers la formulation de trois hypothèses cliniques:

1. La tolérance à la frustration. Le problème du "je ne comprens pas/cela ne m'est pas utile/ cela ne m'intéressé pas". Le lien négatif avec la connaissance.
2. La tolérance vers l'autre ou la "résistance" de l'autre. La souffrance de la négatricité.
3. La tolérance vers soi-même et auprès de la connaissance de son "for intérieur". La "résistance" à l'analyse.

1.
Au début du DIAMCLE Ana semble établir une liaison avec le savoir principalement défensif. L'analyse du matériel que fournit l'enquête indique l'image d'une connaissance possible de "transmis" et "acquis". La résistance initiale à l'offre du DIAMCLE qu'elle même annonce et qui est observée par l'équipe coordinateur, peut être interprétée comme une manière différente de présentation de la connaissance. Comme elle souligne dans une interview:

"...C'est la où j'ai compris clairement, autant qu'au début j'étais très fachée avec le cours... hein... parce qu'il m'étais difficile de lire, parce qu'il m'était difficile de comprendre, parce que trouver le temps pour lire étais pour moi un sacrifice... Quand j'ai dû me mettre a revoir, à analyser la classe, je me suis dis, "non, je ne le comprends pas", et j'ai commencé à lire d'un lieu different..."

Dans cette résistance initiale à ce que le DIAMCLE lui propose comme la voie du savoir, la place dans un lieu, particulièrement au début, de "non compréhension" et donc, de rejet. Le long des réunions et à travers les trois interviews, il est possible de voir en Ana un mouvement envers une meilleure tolérance par rapport a sa "non-compréhension". Selon une lecture bionienne, croire qu'on sait soumet la place de l'apprenti et le fantasme tout-puissant et omniscient soumet la capacitée d'aprentissage. "Dans cette tentative de fuite des expériences douloureuses, pour Bion, le lien C se retourne en lien (-C) ou (C-), en incompréhension (NOT-understanding), en méprise (MIS-understanding), et Bion fait état de patients qui 'se méprennent sur les interprétations à seule fin de démontrer (à l'analyste) qu'une aptitude à se méprendre est supérieur à celle de comprendre' et de prouver ainsi leur supériorité en le mettant en échec." (BLANCHARD LAVILLE, C., 2001, page 140 ).

D'une certaine façon, lorsque Ana parle de "l'accomplissement d'une meilleure tolérance" elle se réfère à cette prise de conscience de la "non-compréhension" et de "l'indifférence" sur la connaissance qui lui permettrait de penser ses classes et à soi-même.

2.
Ana montre comme particularité, plus accentuée vers le commencement du processus, une forte référence à soi-même. Cette fixation lui produit des situations d'insatisfaction dans sa liaison avec les autres. Des élèves, elle demande le bon rendement et la subordination aux règles; des cadres supérieurs elle exige "être écoutée" et qu'ils lui donnent la liberté d'action; des investigateurs du DIAMCLE elle demande une connaissance avec appui, orientation. Dans les trois cas, se présente une difficultée pour se placer (elle-même) dans une perspective différente a la sienne et pour partager les espaces, les significations, les décisions. La transformation qu'expérimente Ana sur sa liaison avec les élèves et avec le DIAMCLE comme le dispositif de formation, permet une deuxième signification où l'idée de "tolérance" pourrait être comprise.

En relation avec les élèves la tolérance d'Ana refère à l'idée de contrôle social à l'intérieur de la salle de classe et à la possibilitée, dans quelque mesure, de le rendre plus flexible. Par rapport à la première classe avant le DIAMCLE, et une postérieur, il est possible avertir une flexibilitée de son contrôle des élèves, son comportement et des mouvements à l'intérieur de la classe. À cet égard, analysant les deux situations et ses différences elle indique:

"... Et... par rapport à la chose sociale je remarque une énorme différence entre ce qui fut ma première observation et celle-ci. Et malgré tout j'étais un peu plus relâchée, moins tense, moins d'exigeante, plus tolérante avec eux. Peut-être à cause de cela il y avait plus de remue-ménage, parce que chacun s'exprimé à sa faVon. (...) Cela veut dire, j'ai supporté plus le bavardage, j'ai supporté beaucoup plus d'autres choses, mais sans l'énonciation ' alors bon, ils doivent faire ce qu'ils veulent ', mais en étant par contre un peu plus tolérante."

La tolérance dans ce cas a par objet à un autre: élèves, groupe. Il indique l'identification de cet autre comme le détenteur de désirs divers; un autre que dans certaine mesure est opposée. Un autre caractérisé par l'idée de négatricité (ARDOINO, J., 1995) . À cet égard, "Tolérer" à un autre, signifie tolérer l'opposition et en même temps, tolérer le propre échec du contrôle tout-puissant sur l'autre. Cette tolérance lui permettra de modifier la liaison quelle établit avec les élèves:

"...[En relation avec une évaluation qu'elle leur propose de la matière] Je me suis rendue compte qu'ils se manifestaient plus comme eux-même et, en tout cas, la personne qui dit des jacasseries sait qu'elle peut parler de cette manière. Dans ce cas, je l'ai vu d'une faVon positif. Du point de vue de la communication, ils ont put dire des choses. Certaines que je n'aie pas aimé... mais que j'ai signaler."

3.
"Le for intérieur désignerait donc, cette instance intime, lovée au creux de l'être, où sont conservés des grands et petits secrets vécus comme des trésors" (ENRIQUEZ, E. ).

Le sens accordé pour E. Enriquez à la notion de "for intime" nous permet comprendre une troisième signification que se rassemble à l'idée de tolérance d'Ana. Il est question, dans ce cas, de la tolérance auprès la connaissance de sa personne, de son interieur.

Ce processus de connaissance de soi-même, comprendra des alternatives différentes avec une oscillation entre ce que nous pourrions appeler "l'ouverture à l'analyse contre la résistance". La résistance mentionnée ci-dessus souffrirait des variations selon les différents niveaux du dispositif: dans les réunions du DIAMCLE elle apparaîtra comme la résistance aux savoirs que celui-ci proposait, comme une opposition à la coordination, comme la résistance pour relationer avec certains des membres. Dans le processus de suite individuelle, elle apparaîtra sous la forme de résistance à la discertation d'une situation d'analyse de sa propre classe, à "se laisser faire" par les questions de l'enquêteur en essayant de le contrôler, remplissant elle les espaces.

Graduellement, cette résistance se soumettra en laissant la place à la formulation de questions sur soi-même, des questiones qui prend presque la forme d'intuitions sur sa personne et sur son rôle avec les élèves, sans faire appelle aux catégories théoriques spécifiques:

"Ce qui me reste toujours clair c' est que mon déficit est dans la réflexion apporté de la chose sociale ... de la chose sociale avec moi, dans ma relation avec moi et avec les élèves, y compris parmi eux. Mais surtout dans la relation sociale entre eux et moi, c'est là où je ne me trouve pas."

Sûrement le DIAMCLE a aidé à manifester cet aspect en apparence paradojique du for intime (ENRIQUEZ): "Sa reconnaissance et son investigation appelle au dialogue avec soi-même mais aussi au débat avec les autres."


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