La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Les interventions sociales et les familles : injonction ou implication ?


Titre : Parents et Enfants acteurs de leur avenir
Auteurs : AUBE Marie-Claire

Texte :
      Réalisation pour les Enfants et Adolescents d'une Libre Insertion Sociale par l'Education
    


En France, l'actualité a remis au devant de la scène le sujet de l'enfance et de l'adolescence par le biais des mineurs délinquants. L'un des nouveaux angles d'approche de la délinquance des mineurs a été de s'interroger particulièrement sur la responsabilité des parents, sur leur fonction et leur place, puis sur leurs capacités à éduquer leurs enfants, pour aboutir à la nécessité d'un apprentissage de la ''parentalité".
    

Les acteurs de la protection de l'enfance - politiques, magistrats, travailleurs sociaux - affichent une volonté commune de co-éducation à engager avec les familles. Preuve en est plusieurs rapports ministériels récents dont certains ont soutenu notre réflexion. Parce que la famille est et reste, quel que soit notre âge, notre statut ou notre devenir, un modèle identificatoire dont chaque individu a accepté ou refusé les principes de vie. Parce que, de toute évidence, elle est et reste donc, à certains âges de la vie, un support essentiel de construction de l'identité. Et chacun sait que l'identité peut, à tout moment, être remise en question...
    

Après avoir été, au fil du temps, des parents "maltraitants et coupables", puis "déficients et assistés", nous les percevons comme responsables et acteurs à part entière. Nous souhaitons leur réserver une double place : ils sont accompagnés et accompagnants.
    

Dans le champ de la protection de l'enfance, nous pensons que la difficulté scolaire chez un mineur est un symptôme qui doit mobiliser la vigilance des travailleurs sociaux.
En effet, la réussite scolaire, dans notre société, est devenue depuis quelques décennies un atout majeur d'intégration sociale. Il suffit de constater les difficultés d'insertion professionnelle, malgré la reprise économique, pour les adolescents sans qualification ou confrontés à la non-reconnaissance d'un diplôme dévalué. "Je crois qu'aujourd'hui, dit François Dubet, les élèves qui échouent ont de grandes chances d'être humainement détruits par cet échec, parce qu'ils sont conduits à s'en attribuer l'entière responsabilité".
Très souvent, cet échec exprime des difficultés non seulement d'ordre personnel, relationnel donc social, mais aussi et avant tout d'ordre familial.
    

Nous faisons le choix de rencontrer le mineur et sa famille sous un angle particulier : celui de la difficulté scolaire. Pour un mineur sous obligation légale d'enseignement, cet outil de rencontre avec les parents, est différemment accepté parce que non pointé directement  sur leur place et leur rôle. La difficulté scolaire est moins entachée de représentations affectives et sociales.
    

Avant tout, la famille et l'école sont les deux premiers groupes d'appartenance de chaque individu.
La famille transmet des valeurs culturelles fondamentales. Pour cette raison, nous choisissons d'œuvrer en proximité avec les familles.
L'école est notre premier vrai lieu de socialisation. Nous avons décidé de travailler en étroit partenariat avec l'Education Nationale. L'expérience montre que la difficulté scolaire s'enchevêtre à d'autres problèmes, souvent plus fondamentaux.
    

Nous faisons également le choix de nous adresser à une population de préadolescents et aux parents de ces préadolescents. Période de structuration de l'identité, la préadolescence est un passage pendant lequel se révèlent les premiers malaises de scolarisation. Comment les parents répondent-ils aux "questions" posées à et par leur enfant ?
    

Pour nous, le mineur reste d'abord un préadolescent dans son entité à qui nous devons offrir un accompagnement adapté, s'inscrivant dans son histoire et dans son environnement, en particulier familial.
C'est aussi un enfant signalé comme ayant besoin d'un accompagnement spécifique pour accéder aux dispositifs dits de droit commun, en particulier ceux proposés dans le cadre de l'Education Nationale et de la formation professionnelle, mais aussi des loisirs, autres lieux où se créent des liens influant sur la construction de l'autonomie.
    

        L'action à mener déborde donc largement le traitement de la difficulté scolaire rencontrée par le mineur. Elle s'adresse aussi aux parents.
        

        L'accompagnement prend son plein sens à l'écoute du mineur et à celle de sa famille, de leurs besoins, de leurs demandes, de leurs aspirations aussi. Il rend compte d'une façon, d'une action et d'une démarche, dans un objectif de responsabilisation.
"Se joindre à quelqu'un pour aller où il va en même temps que lui ", nous dit le dictionnaire de langue française "Le Petit Robert". Défini ainsi, simplement, L'
accompagnement signifie au mineur, à ses parents, au travailleur social, leur place respective de "sujets".

Le
DISMO - Dispositif d'Insertion Sociale en Milieu Ordinaire - a été créé en octobre 2001. Il inscrit sa mission de service public dans le cadre préventif et judiciaire de la protection de l'enfance en danger.
    

Cette structure expérimentale est née du savoir-faire de deux services. Son équipe pluridisciplinaire - éducateurs spécialisés et techniques, enseignants, psychologues - accompagne le projet individualisé de chaque mineur construit et évalué avec sa famille dans un principe de co-éducation parents-éducateurs.
    

L'action est centrée sur le mineur
    
    comme adolescent, pour l'aider à découvrir sa personnalité, à se repérer dans ses divers environnements et à y construire son identité;
comme
élève, pour le réconcilier avec sa scolarité, lui permettre d'accéder à une orientation correspondant à ses acquis et capacités.
    

Les parents sont accompagnés
    
    dans la compréhension des décisions prises, des écrits professionnels,
    dans la compréhension de leurs fonctions et de leur place de parents,
    dans la découverte des diverses façons d'être parents.


46 filles et garçons des "années collège" - de 11 à 16 ans - sont accueillis en journée dans le respect de leur emploi du temps (scolarité, activités sur leur quartier...).


Nous accompagnerons non seulement des mineurs scolarisés, mais aussi ceux qui n'ont pas ou plus d'affectation scolaire.
Nous pensons que l'exclusion scolaire ne doit pas être seulement une réaction à un comportement qui porte atteinte aux normes, aux valeurs ou aux personnes d'un groupe constitué, mais avant tout une
réponse sensée. Comme le souligne Eric Prairat, cette sanction "devient violence lorsque l'école n'a plus de dehors et qu'il n'y a pas d'ailleurs... Elle n'est formatrice que si elle pense la réhabilitation et la réintégration". C'est un de nos objectifs.
Le DISMO et l'Education Nationale ont d'ailleurs signé une convention permettant une re-scolarisation progressive dans un collège.
    

Ce dispositif s'appuie sur un travail pluridisciplinaire et multipartenarial avec la famille, l'école, les prescripteurs de l'intervention et les institutions qui gravitent autour du mineur et de sa famille. D'emblée, la personne du mineur est envisagée dans la pluralité de ses champs de vie.





    
L'équipe sait que l'action à mener ne se résume pas à un soutien et à un suivi scolaire. D'où sa spécificité fondamentale et une logique d'intervention de proximité qui s'inscrivent dans le cadre de la protection de l'enfance.
    

Ce sont ces divers éléments qui nous ont amenés à donner à cette nouvelle structure l'appellation "Dispositif d'Insertion Sociale en Milieu Ordinaire":
    
      "Dispositif", parce qu'une équipe pluridisciplinaire se centre sur l'usager et a pour mission de l'aider à se construire en articulant des moyens, dans le cadre d'un projet individualisé ;

"Insertion Sociale", parce que la finalité n'est pas seulement son intégration scolaire mais plus largement sa place et ses liens avec ses environnements en particulier familial ;

"En milieu ordinaire", puisque l'objectif est le maintien du mineur dans son milieu de vie familial et environnement habituel.
    





Mots clés : Coéducation, Insertion Sociale, Insertion Scolaire
    










                                Nancy, 3 juin 2002

                                Marie-Claire AUBE-LESOT,
                                Directrice du D.I.S.M.O.








Association REALISE
Réalisation pour les Enfants et Adolescents d'une Libre Insertion Sociale par l'Education
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