1. Contexte général
L'interdisciplinarité exigée par le Programme d'Etudes Cadre (PEC)
concerne tous les établissements d'enseignement au niveau du bac professionnel
en Suisse (trois régions linguistiques, bac technique, artisanal, artistique
(dès 2002) ; commercial, santé/social, sciences de la nature (dès
2003).
Notre recherche concerne la Suisse francophone (7 cantons, environ 40 établissements).
Buts généraux de la recherche (trois étapes)
- connaître les objectifs et la nature des pratiques dites interdisciplinaires
(98-99),
- comprendre les fondements et les finalités de l'interdisciplinarité
pour des experts,
- cerner ce qui différencie et ce qui lie un savoir disciplinaire et
un savoir interdisciplinaire,
- identifier ce qu'apprennent les étudiants à travers une démarche
de projet interdisciplinaire,
- mettre en évidence des apports de l'interdisciplinarité et des
difficultés rencontrées (enseignement).
1.1 Les trois étapes de notre recherche
- deux étapes conduites en amont de l'entrée en vigueur du PEC
2001 (terminées)
- une troisième étape, recherche en cours, celle de l'étude
des pratiques interdisciplinaires mises en uvre (dès 2001) et de
l'étude de la formation-développement de projets proposée
comme support (ces études se poursuivront jusqu'en 2005, avec bilans
et perspectives en fin de chaque année scolaire).
2. Première étape
Une démarche exploratoire (98-99) a permis d'identifier des types de
pratiques dites interdisciplinaires développées par des équipes
d'enseignants volontaires désireux de collaborer, de décloisonner
leurs disciplines dans le but (entre autres) de proposer aux étudiants
une approche et une compréhension plus globale de phénomènes,
de problèmes à résoudre ou de coordonner, entre disciplines,
des contenus de programmes et des apprentissages complémentaires.
L'analyse des données recueillies par entretiens semi-directifs, puis
à travers des présentations d'expériences lors d'un Forum
en mars 1999 a mis en évidence :
- des acceptions du terme interdisciplinarité qui recouvrent des conceptions
et des pratiques fort diverses, plus ou moins coordonnées entre disciplines
autour d'un thème, allant d'une collaboration très ponctuelle
à un projet finalisé caractérisé par des apports
disciplinaires juxtaposés et une évaluation qui reste disciplinaire,
- le manque de moyens, de structures et de conditions ressenti par les enseignants
comme un frein à la motivation et au développement des pratiques
dites interdisciplinaires (horaire coordonné pour enseignants et classes
concernés, dégrèvements pour les enseignants impliqués,
temps scolaire modifié selon les objectifs de la pratique de collaboration,
par exemple).
3. Deuxième étape
Elle consiste en une recherche de sens et de concept de l'interdisciplinarité
en général et de sa transposition didactique possible dans l'enseignement
en tant que moyen d'apprentissage spécifique.
Aussi un groupe de travail ad hoc a-t-il été mandaté par
l'Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie
à cet effet (chercheur et expert scientifiques du domaine de l'interdisciplinarité,
enseignant expérimenté, directeur d'établissement, responsable
de formation).
3.1 L'interdisciplinarité est-elle un choix de société
incontournable ?
En quoi l'enseignement est-il concerné ?
Nous n'ignorons pas que de moins en moins de disciplines isolées ou d'experts
décident seuls ou parviennent à répondre à des situations
complexes seuls. Par exemple, hors école, des philosophes, des sociologues,
des hommes de sciences et de recherche, des écrivains, des responsables
de projets divers,
notamment en entreprise, etc, émettent leurs points de vue d'experts
face à l'interdisciplinaire :
- Edgar Morin s'adresse à l'école, aux enseignants et aux enseignés
seuls capables de retrouver le bon sens (dit-il). Il propose d'instituer "
un 10% du temps des cours pour un enseignement commun portant sur les présupposés
des différents savoirs et sur les possibilités de les faire communiquer
" (
) afin d'affronter l'incertitude, car selon E.Morin le grand problème
moderne est celui de l'organisation des savoirs et de la pensée ".
(Pourquoi et comment articuler les savoirs, Rapport, avril 1998).
- Pour Ch.Kleiber, secrétaire d'Etat à la science en Suisse: "
La connaissance qui devrait rendre compte de l'unité complexe de la nature
et de la condition humaine est éparpillée dans une multitude de
disciplines. L'homme de la science est émietté, les savoirs qui
l'expriment ne communiquent plus entre eux. (
) Il faut donc à tout
prix combiner plutôt que juxtaposer les savoirs, l'actions des savants,
des artistes et des écrivains. Depuis plus de trente ans cette question
est posée et nous n'avons rien fait ou presque
c'est un choix de
société " (Discours prononcé à la Haute-Ecole
polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) Suisse, 04.11.2001).
- B.Cirulnik va dans le même sens lorsqu'il "
intime le devoir
de relier, de réintégrer, après avoir découpé
pour penser (
) Pour cela nous ne pouvons plus penser seul, dit-il et il
propose alors d'associer des gens de disciplines différentes pour éclairer
un même objet d'étude, tout en demandant à chacun de rester
lui-même " (Emission France-culture " A voix nue, septembre
1995 , entretien avec E.Morin").
- Des chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, France),
dans une série d'entretiens sur le thème " A quoi servent
les mathématiques ? ", présentent le travail d'équipe
comme incontournable, impossible de progresser autrement, disent certains. Des
représentations collectives de situations, de phénomènes,
de problèmes à résoudre conduisent à des hypothèses
et l'on se dit "
si c'était comme ça que se passerait-il
? ". Les simulations numériques sur ordinateur permettent de décupler
l'expérience de pensée. Par exemple, pour le réchauffement
climatique on fait des simulations et l'on étudie l'évolution
du gaz carbonique, etc. (M.Farge mathématicienne et physicienne, J-M.Alimi
astrophysicien, J.Petitot mathématicien et philosophe, R.Ferrier écologue
et sociologue Emission Radio Suisse romande, Domaine parlé, du 25 au
29. 12.2000).
Pour ces différents experts, nous relevons que l'interdisciplinaire permet
d'intégrer, de négocier des méthodes, de créer des
représentations, de construire des savoirs, etc.
3.2 Néanmoins l'interdisciplinarité est un " phénomène
" récent pour l'enseignement.
Il est encore difficile de trouver dans la littérature des résultats
de pratiques réalisées et des propositions de méthodologies
adéquates favorisant un travail interdisciplinaires centré sur
un projet, intégrant des disciplines et dépassant les seules collaborations
entre disciplines et une évaluation disciplinaire.
G.Fourez, physicien et philosophe, expert scientifique dans le domaine de l'interdisciplinarité
(Université de Namur) propose une épistémologie et une
théorie de l'interdisciplinarité ainsi qu'une représentation
pour l'enseignement " l'interdisciplinarité de quoi s'agit-il ?
".
Dans de nombreux ouvrages et articles, il définit des approches didactiques
de l'interdisciplinarité et un modèle pour une démarche
interdisciplinaire. Ce chercheur différencie l'interdisciplinarité
au sens large (toute action où des personnes formées à
des disciplines différentes interfèrent) d'une interdisciplinarité
au sens strict qui concerne la construction d'un savoir lié à
un contexte, à un projet, à des finalités, à la
production envisagée, etc. Une telle démarche consiste essentiellement
en l'utilisation de disciplines pour la construction d'un savoir à propos
d'une situation qui fait problème. Cette approche valorise les disciplines
car elle fait appel à leurs savoirs spécifiques reconnus (standards)
afin d'éclairer la situation dans sa complexité. Ce regard de
la discipline sur une situation interdisciplinaire est partiel, par conséquent
il a ses limites.
Au centre de la pratique interdisciplinaire au sens strict, il y a des gens
qui " négocient " une représentation d'une situation
en fonction d'un projet (résolution de problème, etc), ils se
demandent " de quoi s'agit-il ? et de quoi va-t-on tenir compte ? "
avant de passer à l'action, puis progressivement à la construction
d'un savoir interdisciplinaire lié à la représentation
adéquate de la situation et à la démarche (Approches didactiques
de l'interdisciplinarité, A.Maingain, B.Dufour, G.Fourez, Bruxelles,
DeBoeck, 2002).
Pour ces auteurs, les représentations que nous construisons de nos situations
ont de la valeur en fonction des projets qui sont les nôtres, elles sont
donc relatives à ces projets.
Pratiquer l'interdisciplinarité, c'est faire appel aux disciplines et
faire bon usage de l'apport des spécialistes en vue du rapport de synthèse
à produire
"telle problématique,
voici de quoi
il s'agit".
G.Fourez a présenté le concept de l'interdisciplinarité
au sens strict à la Biennale de l'éducation et de la formation
le 11.4.94. Un propos qui semblait avant-gardiste il y a huit ans mais qui aujourd'hui
fait figure d'innovation et de ressource conceptuelle pour des pratiques interdisciplinaires
scolaires axées sur un projet, avec intégration de disciplines.
3.3 Selon notre analyse, ces démarches favorisent des apprentissages
et des compétences tels qu'utiliser des savoirs disciplinaires en situation
complexe, négocier une méthodologie, choisir des spécialistes
et des sources à consulter, pouvoir expliciter ces choix et leurs apports,
acquérir une méthode de travail personnelle, analyser la démarche
du travail, établir des relations entre la représentation de départ
de la situation et celle en fin de parcours, savoir poser clairement une question
et structurer un questionnaire d'entretien, être capable de présenter
par écrit et par oral une synthèse du parcours, des résultats
et son auto-critique de la démarche réalisée.
Notre recherche de sens et de concept de l'interdisciplinarité montre
que cette vision globale du savoir, de la pensée et de l'action répond
à la fois aux besoins de la recherche et du développement de la
science, mais également aux besoins et attentes du monde du travail et
de la vie sociale au quotidien.
4. Programme d'études cadre (PEC), références et prescriptions
Les PEC sont des documents officiels qui prescrivent des lignes directrices.
Celui de 2001 rend l'interdisciplinarité obligatoire, elle devient un
moyen-clé qui favorise des acquisitions de nouveaux savoirs et compétences.
Le PEC propose un double sens:
- l'interdisciplinarité comme méthode permet l'accès à
des problèmes concrets et complexes,
- l'interdisciplinarité comme forme de savoir permet de dépasser
les frontières traditionnelles des
disciplines et d'ouvrir à de nouvelles compréhensions des phénomènes
ou situations.
Le PEC définit trois niveaux d'apprentissage interdisciplinaire afin
de préciser le mieux possible les exigences posées à l'enseignement
:
1. Apprentissage intradisciplinaire : des activités ont lieu à
l'intérieur d'une seule discipline (ouverture ponctuelle sur des savoirs
d'autres domaines sans coordination requise entre les disciplines),
2. Apprentissage pluridisciplinaire : un thème est abordé de manière
interdisciplinaire dans plusieurs disciplines différentes avec un degré
de planification ou un projet commun plus ou moins coordonné.
3. Apprentissage interdisciplinaire, un thème est traité en intégrant
plusieurs disciplines (accord sur les méthodes, planification et coordination
axée sur un projet).
Il est aussi demandé que 10% de l'ensemble des activités d'enseignement
soient consacrés aux niveaux 2 et 3 (pluri et interdisciplinarité)
et que 40 leçons de ce temps au moins soient attribuées à
un travail interdisciplinaire de niveau 3, axé sur un projet en lien
concret avec le contexte professionnel.
5. Troisième étape
De nombreuses recherches ont montré que les décisions institutionnelles
prescriptives ne sont pas les meilleurs moyens de développer la motivation
pour des pratiques innovantes, bien au contraire.
Aussi a-t-il été demandé à l'Institut suisse de
pédagogie pour la formation professionnelle de proposer un modèle
de formation comme support au développement de projets interdisciplinaires
dans les sept cantons francophones, durant les 2-3 années de mise en
uvre du nouveau PEC. L'équipe de responsables de cette formation-développement
de projets est interdisciplinaire elle-même, elle se modifie en fonction
des besoins (coordinatrice du projet Interdisciplinarité, expert scientifique,
responsable de formation, enseignants expérimentés, délégués
d'expériences en cours ou réalisées), les apports de chacun
sont liés à sa compétence. Cette formule souple de formation
privilégie le modèle de la spirale " Connaître-agir-analyser-réguler
", dans un premier temps, il s'agit d'articuler le modèle
pour une démarche interdisciplinaire avec un projet virtuel, puis de
personnaliser le travail avec les équipes dans leur établissement
(apports de proximité), et de mettre en commun, entre équipes,
les résultats et analyses critiques des expériences lors d'une
rencontre " bilan et perspectives ".
Pour l'accompagnement des projets, il s'agit : d'aider les praticiens à
comprendre, à s'organiser, à structurer leur démarche ;
de chercher avec eux des solutions ; de les orienter vers des ressources en
personnes, expériences, documents de manière à créer
des réseaux de références ; de les pousser plus loin que
là où ils iraient seuls. Un tel accompagnement devrait aussi exister
entre enseignants-étudiants.
La validité, la pertinence et la fiabilité de cette formation
seront évaluées en fin d'année sur trois ans (juin 2003
à juin 2005).
6. Travail interdisciplinaire obligatoire pour 48 étudiants.
Une expérience-pionnière conduite dans un seul établissement
en 2001-02, concerne seize enseignants et un membre de direction. Tous avaient
déjà pratiqué des projets pluridisciplinaires (juxtaposition
des apports et évaluation disciplinaire). Cependant, une approche interdisciplinaire
au sens strict nécessite un changement de point de vue et de méthodologie
(cf.3.2). La formation-développement de projets s'est déroulée
dans l'établisssement (de juin 01 à février 02 : deux jours
consécutifs et trois demi-journées isolées). Le travail
interdisciplinaire a été organisé sur cinq jours non consécutifs
(février-mars 02 :1j/2j/2j sur 3 semaines), des modalités décidées
entre enseignants et direction. Avant les 5 jours, le travail interdisciplinaire
et ses exigences ont été présentés aux étudiants
(consignes, critères d'évaluation, dossier de bord et son fonctionnement,
bourse de thèmes, travail par équipes de 3-4 étudiants,
etc). Ces informations ont fait l'objet d'un document remis à chacun.
Le premier jour, 2-3 enseignants par équipe ont suivi la définition
du projet relatif au thème choisi car il convenait que les équipes
parviennent à cerner une représentation de leur problématique
(ce dont ils tiendraient compte pour une réalisation concrète
de leur travail : acteurs concernés, contraintes, enjeux, controverses,
spécialistes à interroger -les enseignants sont aussi des spécialistes
de leur discipline-, recherche de clarifications pour des fonctionnements incompris,
etc).
Toutes les équipes devaient produire un rapport de synthèse et
pouvaient y ajouter un produit de leur choix en complément (facultatif).
Des salles d'informatique étaient à leur disposition.
Les étudiants se sont rendus dans des bibliothèques, des services
de documentation et ont rencontré des spécialistes selon la planification
écrite de leur projet, connue des enseignants responsables des équipes.
Un dossier de bord a servi de mémoire de la démarche quotidienne
de l'équipe (travail de l'équipe, évolution de la représentation
de départ, pourquoi et comment, difficultés rencontrées,
sources consultées, spécialistes rencontrés, auto-évaluation,
etc).
Tous les enseignants étaient présents les première et dernière
demi-journées et lors des deux bilans intermédiaires avec les
équipes. De plus, ils étaient présents dans l'école
selon leur horaire habituel.
6.1 BILAN de l'expérience.
Grilles d'analyse : 1. organisation, démarche, contenu de l'innovation
" Travail interdisciplinaire, cinq jours " ; 2. organisation, démarche,
contenu des projets interdisciplinaires des équipes; 3. Contenu et forme
des travaux ; 4. documents informatifs, dossier de bord, critères d'évaluation
; 5. Co-évaluation regroupant le 19 avril 2002 tous les partenaires concernés
de l'établissement et de la formation. L'expérience sera terminée
à fin juin.
Quelques résultats pour les étudiants : la préparation
de l'innovation et sa présentation aux étudiants ont été
parfaitement préparées et maîtrisées par les enseignants.
Une communication bien comprise par les étudiants qui en ont fait bon
usage. La compréhension des tâches, des conditions d'évaluation,
la connaissance des attentes des enseignants et de l'institution semblent avoir
rassurés et motivés.
- Aspects positifs : en majorité, les étudiants disent avoir eu
du plaisir, avoir été intéressés par la démarche
et l'enjeu de leur responsabilité. Ce travail a été ressenti
comme une occasion de conjuguer des connaissances du contexte professionnel
et de la vie sociale avec une proposition scolaire. Ils ont appris à
réfléchir en équipe, à faire des choix, à
prendre des décisions, à se répartir des tâches,
à contacter des spécialistes, à produire des documents
attrayants sur ordinateur.
- Faiblesses : la plupart des travaux réalisés résultent
plutôt d'une pédagogie de projet. Ils présentent, parfois
fort bien, les choses apprises au fil de la démarche. Cependant, il manque
dans la quasi totalité des travaux, par exemple, une synthèse
des apports recueillis, une réflexion personnelle démontrant l'évolution
de la représentation de départ, une présence des disciplines
scolaires pour éclairer les situations, une auto-critique pertinente
et valide de la démarche.
Sur différents points, les étudiants ont besoin d'être conseillés,
guidés et structurés par les enseignants.
Quelques résultats pour les enseignants : les membres du groupe ont appris
à réfléchir ensemble, à négocier des conditions
de travail, à débattre de problèmes, à se concerter,
à anticiper la réussite d'une innovation pour les étudiants,
par conséquent à réaliser des documents support de l'innovation
pertinents et rassurants. De plus, tous ont joué le jeu de l'accompagnement
des projets bien que la méthodologie de l'interdisciplinarité
au sens strict n'était pas maîtrisée par tous les enseignants
pour cette première expérience. De ce fait il a régné
parfois un certain flou dans les accompagnements des projets ou dans les réponses
et les conseils apportés aux étudiants.
6.2 Bilan collectif : il ressort que les compétences nécessaires
à réaliser un travail en responsabilité ne s'improvisent
ni pour les étudiants ni pour les enseignants car il nécessite
des choix, des décisions, des limites à définir, une planification
pour assurer la " faisabilité " du travail interdisciplinaire
axé sur un projet visant une construction de savoirs. La nécessité
de préparer les étudiants à gérer un tel travail
apparaît incontournable (rédiger une synthèse, expliciter
ses choix, analyser l'évolution d'une représentation initiale
d'une situation, etc).
6.3 Perspectives 2002-03 : tous les enseignants ont été
contraints de participer à cette première expérience, certains
semblent ne pas l'avoir vraiment accepté. Suite aux résultats
de l'expérience, enseignants et direction proposent des régulations,
des modifications et des assouplissements pour 02-03. Il est question de maintenir
le travail interdisciplinaire sur 5 jours mais d'y préparer mieux les
étudiants durant l'année. Il est proposé de désigner
quelques enseignants responsables de l'interdisciplinarité pour l'école
(organisation, accompagnement des équipes, évaluation dont les
critères disciplinaires se sont révélés insuffisant
pour ce type de travail.).
Relevons que cette expérience a bénéficié du soutien
et de l'implication d'une direction favorable à l'introduction de l'interdisciplinarité
prête à proposer et à négocier des conditions nécessaires
aux développement des projets.
7. Conclusion :
Les différentes étapes de notre recherche ont apporté
quelques réponses à nos buts généraux. Nous savons
(entre autres) que ce qui différencie une pratique interdisciplinaire
au sens strict des autres collaborations entre disciplines est le degré
d'intégration des disciplines et la méthodologie adoptée.
Il ressort également qu'un travail interdisciplinaire axé sur
un projet ne s'improvise pas !
7.1 Hypothèse : l'étude et les résultats de chaque
nouvelle expérience augmentera, pour d'autres, le réseau des ressources
disponibles (pédagogiques, didactiques, organisationnelles, méthodologiques
; connaissances des apports possibles et des difficultés rencontrées).
Il appartiendra à l'équipe responsable de la formation de les
diffuser comme cela a été fait en mai 02 pour l'expérience
précitée.
7.2 Interdisciplinarité et établissement : si l'interdisciplinarité
est rendue obligatoire dans le PEC du bac professionnel, il faut être
conscient qu'elle nécessite des conditions favorables à sa mise
en oeuvre dans les établissements telles que son intégration dans
l'horaire scolaire, des plages coordonnées pour les enseignants, des
dégrèvements, un temps scolaire modifié (regroupement d'heures),
etc. L'introduction de l'interdisciplinarité ne concerne pas seulement
quelques enseignants volontaires mais progressivement l'ensemble des praticiens
et des responsables des établissements.
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