L' étude proposée
Depuis quelque temps le thème de l' enseignant chercheur et de sa formation
constituent sujet d' intérêt de plusieurs chercheurs en éducation.
C'est possible articuler recherche et pratique dans le travail et dans la formation
des enseignants ? Comment se fait la formation de l' enseignant chercheur et
celle du chercheur enseignant ? C'est viable l'integration de la recherche au
quotidien des enseignants du réseau public ? Quel genre de recherche
serai-t-elle et comment préparer l'enseignant pour son exercice ? Il
serait possible et convenable pour les enseignants d'investiguer leur propre
pratique ? Que problèmes et que profit peuvent être envisagés
dans cet effort ? Que signifie le développement de l'enseignant comme
chercheur ? Ces sont des questions posées par différents chercheurs
et qui sont aussi très importantes pour notre recherche. En général
ces chercheurs s'inspirent dans une source commune, parmi d'autres spécifiques
à chacun d'eux, qui est le travail de D. Schön sur le pratitien
reflexive (1983). Pour repondre à ces questions, avec l'appui du CNPq,
nous avons proposée cette recherche, realisée avec un groupe d'étudiants
de la PUC-Rio, entre 1998 et 2001.
Champ de l'étude
Parmi les territoires pas encore investigués à propos du thème,
se trouve le champ de travail de l'enseignant de l'éducation de base
(au Brésil, 8 ans d'éducation fondamentale, plus 3 ans d'enseignement
moyen). Comment se présente la relation entre le professeur et la recherche
à ce niveau d'enseignement? Dans la littérature académique
courante, il est vu comme un "pratitien reflexive ", qui doit constamment
analyser et réfléchir sur sa propre pratique, pour la transformer
et peut-être pour transformer d'autres choses bien au-delà, comme
intelectuel engagé... Au jour le jour des écoles, il est probable
que la plupart des enseignants consacrent ses activités " de recherche
" à l'élaboration de materiaux pour l'enseignement des différentes
disciplines, ou simplement à le préparation des classes. Il y
aura vraiment des enseignants développant des activités spécifiques
de recherche dans les écoles d'éducation de base ? A quoi consistent
ces activités ? Comment pourrait-on les classifier, même si selon
des critères très provisoires ? Comment se présente cette
question aux yeux de l'enseignant ? Notre étude a cherché à
l'intérieur des écoles des informations qui puissent contribuer
à la discussion sur ces questions.
Pour le travail de champ nous avons choisi quatre établissements de l'enseignement
moyen, du réseau public de la ville de Rio de Janeiro. Ces écoles
présentent quelques conditions spécialement favorables au développement
des recherches par leurs enseignants, tant au point de vue matériel,
comme espace et temps à elles destinés, comme au point de vue
professionnel, par la valorisation et stimulation de ces activités. Deux
d´entre elles sont liées à deux universités publiques,
comme terrain pour l'entrainement des futurs enseignants. Notre choix est donc
retombé sur des établissements un peu " spéciaux ",
par rapport à la totalité du réseau public. Cependant,
cela nous a permit d'effetuer l'étude et de trouver les informations
pertinentes, ce qui serait peut-être impossible avec un échantillon
tiré au sort sur le total des établissements. Nous sommes bien
conscients, pourtant, des limites de nos donnés et de nos resultats face
au réseau général. Dans les écoles choisies nous
avons interviwé les coordinateurs des différents secteurs, qui
nous ont indiqué des enseignants chercheurs. Encore une limite imposée
à notre choix, basé, pourtant, sur les connaissances de chaque
coordinateur sur leur propre secteur. Nous avons, ainsi, effetué 70 entretiens,
qui nous ont fourni un ensemble très riche d'informations. Après
longues analyses et discussions dans le groupe de recherche, nous sommes arrivés
à quelques points révélateurs, dont les plus importants
sont présentés ci-dessus.
Resumé des constatations principales
- Les activités considerées comme des recherches par les professeurs
interviewés montrent une grande varieté, quelques unes très
proches du modèle dominant à l'université, d'autres très
eloignées, comme le développement de materiaux pour l'enseignement
(textes, cartes etc), ou la préparation d'un nouveau cours.
- Le concept de recherche présent entre nos interviwés montre
aussi une variation considérable dans les réponses, ce qui demanderait
une grande elasticité d´un tel concept. Celà vient confirmer
une supposition initiale de notre étude, qui, dans son projet antécipait
déjà la difficulté de trouver, ou bien d'établir,
des critères acceptables (et acceptés!) pour definir ce qui est
et ce qui n'est pas une recherche, dans les différents niveaux de l'enseignement.
C'est un des points-clé de notre recherche, sur lequel nous avons fait
appel au travail de J. Beillerot de 1991.
- L'étroite relation entre l'enseignement et la recherche a été
beaucoup mentionnée par nos interviewés, qui lastiment sa méconnaissance
à l'université. Pour celle-ci ce qui compte c'est la recherche,
sans reconnaître le renforcement mutuel entre les deux activités,
très clair aux yeux des nos enseignants.
- Liée au point précédent une réclamation, spécialement
chez les enseignants des deux écoles liées aux universités,
sur le manque d'appui effectif pour la réalisation de recherche. Il y
a une attente envers les enseignants, pour qu'ils montrent dévouement
à cette activité, mais les resources ne sont pas clairement assurés,
comme ils sont pour les professeurs des universités, leurs collègues
en realité. " Sont deux poids et deux mesures ", disent ils...
- La formation de l'enseignant pour la recherche constitue un défi confirmé
par nos interviewés. L'université est encore considerée
comme l'endroit naturel de cette préparation, dans tous les domaines.
En ce qui concerne la formation du futur enseignant, cepedant, nos donnés
signalent grande insatisfaction, soit en relation aux disciplines (de méthodologie),
soit quant à la participation des étudiants, futurs enseignants
et chercheurs, dans les projets en réalisation par leurs formateurs à
l'université. Un autre point-clé, très complexe, qui nous
préocupe depuis longtemps ( Lüdke, 1994).
- Le " Mestrado " (plus avancé que la maîtrise) et le
Doctorat apparaissent comme très importants chemins pour la formation
des chercheurs, dans la vision de nos interviewés. Mais il faut signaler
qu'ils peuvent fonctionner aussi comme moyens de cooptation des enseignants
par la carrière universitaire et de détour de leur attention des
thèmes plus urgents et importants pour les écoles.
- L'importance de la formation continue de l'enseignant pour la recherche, tout
au long de son travail à l'école n'est pas bien reconnue par nos
interviewés. Les participations aux rencontres scientifiques sont très
peu mentionnées par eux, qui y vont rarement et, en général,
en tant que simples spectateurs.
- Les associations scientifiques des différents domaines des connaissances,
ou des disciplines, sont aussi très peu mentionnées. A notre avis
elles pourraient assumer un rôle plus important dans le développement
des enseignants comme chercheurs, en tant que centres de réunion des
experts et stimulation des études spécifiques.
- Le travail en groupe d'enseignants sur un thème de recherche est très
valorisé par nos interviewés, mais il ne parait pas très
fréquent entre eux. Quelques cas isolés indiqués semblent
plutôt s'organiser autour d'un collègue qui vient de conclure son
" Mestrado " ou son Doctorat et souhaite poursuivre son intérêt
de recherche.
- La collaboration entre les enseignants de l'école et les chercheurs
de l'université dans un projet commun de recherche fut mentionné
juste par un de nos interviewés.C'est dommage qu'une forme si intéressante
de développement mutuel soit si peu exploitée.
- Même si les conditions de réalisation des recherches ne sont
pas exactement idéales, dans les écoles étudiées,
il faut avouer qu´elles sont bien supérieures à celles de
la moyenne des écoles du réseau public, comme nous avons déjà
signalé. Nous pourrions donc attendre un nombre plus élevé
d'enseignants engagés en projets de recherche, parmi nos interviewés.
Il faut analyser cette question à la lumière du contexte général
de dévaluation de l'enseignement comme profession au Brésil, de
rabaissement des salaires, dans une carrière de moins en moins attrayante,
dans les dernières décades. Tout cela contribue pour desestimuler
un effort au delà du travail des classes, comme c'est le cas du travail
de recherche.
- Nous avons constaté un nombre élevé de cas où
l'idée de recherche apparait très proche de celle de projet, pas
nécessairement de recherche.L'exigence de " faire de la recherche
" parait pouvoir être remplie par moyen d'un projet : d'un cours,
d'un événement, d'un ensemble de ressources didatiques, d'un séminaire.
Ces projets ne se convertissent pas, apparement, en travaux de recherche. Nous
avons eu des difficultés d'accès à ces projets, ainsi que
à d'autres éventuels produits des activités de recherche,
comme des rapports ou des articles de divulgation. Cela nous remet à
la difficile question de distinguer entre ce qui peut et ce qui ne peut pas
compter comme recherche.
Voilà trés resumées les constatations plus importantes,
qui ont été bien discutées et analysées pendant
les deux années de notre étude. Elles rélèvent de
la grande discussion à propos de l'importance, la nécessité
et la viabilité des activités de recherche par les enseignants
de l'éducation de base. Cette discussion est plus explicitée dans
des articles (Lüdke, 2001 a et b) et aussi dans le bouquin, resultants
du rapport final de la recherche (Lüdke, coord., 2001).
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