La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Dispositifs d'action et d'évaluation : des problèmes de gouvernance ?


Titre : L'évaluation des étudiants à l'université
Auteurs : NAVARRO Gabriela

Texte :
INTRODUCTION

Les débats actuels sur les réformes dans l'enseignement, aussi en Amérique qu'en Europe, portent une attention particulière aux processus d'évaluation. Il s'agit en effet d'une procédure essentielle pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement. Au cours de ce siècle, la réflexion sur l'évaluation en éducation a déjà permis de modifier sensiblement, entre autres, les programmes, les processus de sélection et la propre définition du concept d'évaluation.

Depuis 1990, nous avons commencé une série des recherches dans le champ de l'évaluation au Mexique ; nos premières études ont envisagé de connaître le cadre général de l'évaluation, les dernières études envisagent l'évalution des étudiants au niveau supérieur. Nous avons constaté que pendant très longtemps l'évaluation des étudiants a été limitée au processus cognitif. En effet, un certain nombre de spécialistes considèrent que dans la plupart des institutions de formation, on n'évalue réellement que la moitié des apprentissages.

Il est aussi important de souligner que l'évaluation des apprentissages des étudiants est une tâche complexe pour les enseignants, puisqu'il n'existe pas de véritable formation à l'évaluation de la part des institutions de formation des enseignants.
De la part des étudiants, il existe également certaines réticences. Ils considèrent l'évaluation comme une obligation administrative, généralement utilisée pour accéder au niveau supérieur, ou pour obtenir un diplôme, plus que pour améliorer leur propre processus formatif ou mesurer ce qu'ils ont appris.
Nous sommes donc persuadés que l'évaluation des étudiants est encore considérée comme un processus difficile et peu accepté par les enseignants et par les étudiants.
La complexité de ce processus se manifeste à plusieurs niveaux : la conceptualisation, les difficultés concernant l'application, la crédibilité des informations obtenues, et surtout le travail consécutif à la mise en place d'une évaluation systématique de l'apprentissage.
Malgré cette complexité, l'évaluation doit être prise en compte de plus en plus fréquemment puisque s'agit d'une opération nécessaire pour améliorer la démarche éducative.
Notre dernier expérience a été la réalisation d'un pré-enquête auprès de 128 étudiants de la Licence en Sciences de l'Education.

LA QUESTION DE DEPART

L'évaluation des étudiants, est encore liée aux notions d'examen, de notes, de diplômes. L'outil le plus utilisé est sans doute l'examen écrit considéré parfois comme une simple formalité par les étudiants eux-mêmes.
Dans l'enseignement supérieur, le processus d'évaluation est différent dans chaque discipline. La comparaison entre disciplines et établissements montre une extrême diversité de situations, une hétérogénéité entre les systèmes de délivrance d'une maîtrise en sciences, en droit ou en histoire, avec des modalités différentes dans travaux à réaliser (mémoires, examens annuels, travaux expérimentaux, etc.)
Actuellement, il existe une distance entre les pratiques pédagogiques et les pratiques d'évaluation : les enseignants se mobilisent sur la réglementation des examens et à leurs corrections plus qu'à approfondir les effets de l'apprentissage obtenu. Il est possible de dire que pour les enseignants l'évaluation est encore une action administrative plus que pédagogique. Selon GIROD DE L'AIN (1995) " les examens comme simple formalité est une affirmation qui, tenue dans une enceinte universitaire, ne manquerait pas d'incongruité. Qu'en penserait les enseignants débordés sous les piles de copies à corriger ! Qu'en penseraient les étudiants qui guettent sans cesse le prochain examen en calculant et recalculant coefficients et mode de compensation. Ces examens, qui rythment sur un mode trépidant la vie universitaire, sont pourtant bien peu évoqués dans les débats sur l'enseignement supérieur "

Mais on pourrait envisager une autre situation dans laquelle les étudiants ne refusent pas l'évaluation mais seraient demandeurs d'une évaluation comme processus formatif. A notre avis, l'évaluation au niveau supérieur doit être plus qu'une situation d'examen, plus que une certification,

Dans d'autres disciplines, l'évaluation est liée étroitement à la professionnalisation. On peut constater cette situation en médecine, en langues, en droit. Bien évidemment, les taux de réussite varient largement selon la filière qui prédomine dans chaque université. Les écarts de réussite d'une université à l'autre sont remarquables.

Notre intérêt pour l'évaluation des étudiants à l'Université, par les pratiques actuelles et la façon dont les étudiants considèrent ce processus nous permettent de nous poser les questions suivantes :
Est- ce que l'évaluation représente un processus formatif par les étudiants ?
Qu'est-ce que les étudiants attendent de l'évaluation ?

Présentation de l'enquête
Nous allons présenter les étapes suivies au cours de notre étude:
a) Objectifs de l'enquête
b) Plan d'observation, Méthodologie
c) Résultats de l'enquête

a) Objectifs de l'enquête :
L'objectif général de notre enquête est lié aux deux questions de départ de notre étude, à savoir :
1. Connaître des opinions des étudiants de la licence en Sciences de l'Education sur le processus d'évaluation appliqué.
2. Qu'est - ce que les étudiants attendent de l'évaluation, et si celle-ci représente un véritable processus formatif.

b) Plan d'observation : La méthode d'obtention d'information : Le questionnaire .
Le questionnaire appliqué contient 14 items, ( questions ouvertes et fermées)
Type d'enquête : transversale b) quantitative :

c) Résultats de l'enquête
La population enquêtée est constituée prioritairement de personnes qui ont eu une vie universitaire antérieure. Deux catégories nous permettent de connaître différents points de vue sur l'évaluation : ceux qui proviennent de l'expérience étudiante et ceux qui proviennent de l'expérience professionnelle.

Les résultats montrent que seulement 15.63% de la population considère l'évaluation comme un réflexion sur l'apprentissage. 32.8% comme un bilan, et 21.88% la considèrent comme une note. Ceci signifie que pour presque la moitié des étudiants interrogés, l'évaluation revient à un concept purement " numérique " .
Par contre l 'évaluation serait un processus formatif parce qu'elle : " Permet la vérification " " Permet l'auto connaissance " " Est liée aux objectifs fixés "
L'évaluation permet la vérification " : C'est le cas des étudiants qui indiquent que l'évaluation leur permet de mieux connaître ses lacunes et de mesurer l'écart entre ses compétences et les exigences universitaires.

L'évaluation est auto connaissance parce qu'elle :"permet de s'auto évaluer, de s'auto juger, nous permet aussi de voir nos erreurs pour avancer. Elle permet de continuer dans les étapes de formation, de recommencer tout ou partie de la formation. Permet également un retour sur soi-même, sur ses acquisitions, afin de pouvoir ensuite faire progresser les connaissances ".

L'évaluation est formative mais pas dans le sens où elle est utilisée actuellement - sinon elle doit permettre de clarifier ce qu'on a retiré de l'enseignant et d'obtenir d'autres points de vue.
L'évaluation est un processus liée aux objectifs fixés :
Dans cette catégorie nous soulignons des réponses des étudiants, les plus significatives.
L'évaluation " permet de se situer par rapport à un objectif fixé et de mesurer l'écart entre l'évaluation constatée et cet objectif, en plus ce processus permet de faire un point sur ce qui est vraiment acquis et une adéquation avec les attentes des enseignants "
C'est le cas, d'un étudiant qui considère que l'évaluation est un processus formatif parce qu'elle permet de "prendre de la distance pour mieux apprécier les possibilités d'une situation professionnelle plausible".

Par contre, 25.80% des étudiants expriment que l'évaluation n'est pas un processus formatif parce que c'est une action nettement "subjective" laquelle seulement permet de donner "la valeur du diplôme" et " elle est encore trop liée au jugement de valeur ".

Par ailleurs 42.19% des étudiants considèrent que l'évaluation est en bénéfice de l'étudiant.Les étudiants justifient leurs réponses en indiquant le suivent : " L'évaluation sert plus à l'étudiant car il est au centre du dispositif ", " si elle est bien faite, elle est également formatrice ".Du point de vue institutionnel les étudiants considèrent que "l'évaluation permet d'acquérir des modules, des diplômes, et ainsi de continuer les études, c'est à dire de passer dans la classe supérieure" Du point de vue formatif ils soulignent que "l'évaluation permet de s'évaluer, conforte l'ego de la personne évaluée ; et c'est l'étudiant qui fait sa propre formation puisque c'est lui qui travaille pour acquérir ses propres connaissances"
Les étudiants soutiennent qu'il est possible au professeur de distinguer le bons et les mauvais élèves grâce a l'évaluation.b) D'un point de vue formatif: Les étudiants soulignent que le professeur évalue l'efficacité de son propre travail pour cadrer son cours. "Il peut se rendre compte de ce que les élèves ont compris ou non, et aussi qu'est ce qu'ils ont compris". C'est à dire que le professeur peut savoir si son cours a été bien compris, et surtout connaître la pertinence de la pédagogie employée.

Conclusion :

Notre étude du contexte général des processus d'évaluation dans l'enseignement supérieur nous a permis de mieux connaître les actuelles procédures et d'aborder le sujet d'un point de vue à la fois théorique et pratique.

La revue de la littérature nous a montré l'évolution du concept d'évaluation et les stratégies développés par les étudiants face à ce processus, tandis que notre étude de cas nous a permis de mieux saisir les opinions et les attentes d'un groupe bien précise de ces étudiants.

D'abord, les étudiants sont sensibles aux possibilités formatives de l'évaluation. Ils considèrent que l'évaluation peut être un outil capable de favoriser les processus, de auto - vérification et d'auto - connaissance, et devenir ainsi une vraie aide pour l'apprentissage.
Cependant, les étudiants reconnaissent également que l 'évaluation reste liée aux concepts de bilan et note et utilisé plus fréquemment pour classer, pour comparer ou pour accéder aux niveaux supérieurs. Son rôle apparaisse comme étant plus administratif que pédagogique.

Plus particulièrement, nous avons remarqué un intérêt particulier pour l'évaluation de la part du groupe enquêté.

En effet, les étudiants sont conscients du fait qu'ils seront dans l'obligation d'évaluer dans un future proche en tant qu'enseignants, et ceci met évidence les besoins de mieux comprendre la nature et les applications de l'évaluation.

Cette contradiction entre les opinions et les attentes des étudiants mérite une attention approfondie. Le contexte administratif, social et culturel de l'évaluation mérite également de analyses plus importants et plus globales que ceux que ont été faits jusqu'à maintenant.
Nous considérons que malgré les avances importants dans les sciences de l'éducation et dans la pédagogie, le concept même d'évaluation reste encore peu clair dans l'esprit de tous les acteurs concernés.


Menu