La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : L'insertion objet de demande ou d'assignation ? Décrochage : comment raccrocher ?


Titre : Une radio pour s'entendre
Auteurs : veron Daniel ,Enseignant détaché, chargé de mission à la Fondation 93, coordonnateur des projets radio / Zambeaux Edouard, journaliste indépendant, « Rédacteur en chef » des projets radio de la Fonda

Texte :
La genèse d'un projet :

En 1996, la Fondation 93 « Atelier des sciences » décidait, à la demande de nombreux enseignants de la Seine-Saint-Denis, de mettre en œuvre un projet visant à une meilleure connaissance de la presse par les élèves. D'emblée, nous avons proposé aux enseignants de placer leurs élèves dans une situation concrète et réelle en leur offrant la possibilité de réaliser un « vrai journal » diffusé par la presse professionnelle. Nous avons donc choisi un thème fédérateur (en l'occurrence  "a sert à quoi l'école ? " organisé des ateliers d'écriture journalistique (placés sous la responsabilité de journalistes professionnels) et réalisé un premier supplément au « Monde de l'éducation ».
Cette première opération a été, par la suite, reconduite chaque année avec un nouveau partenaire et un nouveau thème («a sert à quoi la science", avec Libération en 97, « Le foot au quotidien » avec l'Equipe Magazine en 98, « La télé vue par les adolescents » avec Télérama en 99, etc.)
À partir de cette première expérience de « presse écrite », Radio France Internationale (RFI) a accepté, en 98, de diffuser une première série d'émissions de radio, entièrement réalisées par de jeunes élèves, où ils présentaient « au monde entier » leur département, celui qui accueillait la Coupe du Monde de Football.
Depuis, le partenariat avec RFI s'est développé et nous avons construit une méthodologie permettant chaque année à des groupes de jeunes de notre département de concevoir et de réaliser des émissions de radio, diffusées par RFI, où ils peuvent exprimer leur approche de grandes questions de société :
En 2000, « Apprendre », (collégiens et mineurs incarcérés à la Maison d'Arrêt du 93)
« Le développement durable », (collégiens et lycéens) et « l'Incarcération » (jeunes suivis par la PJJ), en 2001
« Les jeunes la politique et vous » (jeunes suivis par la PJJ) et « Nos territoires » (collégiens et lycéens), en 2002.
    (Une sélection de ces émissions peut être écoutée sur le site Internet de la Fondation 93 : www.fondation93.org, rubriques « Activité » puis « Actualité » puis « Agence éphémère 93 » puis « Radio »).

Nos partis pris :

pour être entendu :
Il va de soi qu'offrir à des jeunes l'occasion de s'exprimer à la radio, c'est privilégier  la spontanéité de l'oral et le mode d'expression des jeunes en les affranchissant, au départ, de la barrière de l'écrit.
Cependant, nous avons choisi de ne retenir que des « papiers » écrits par les jeunes, qu'ils lisent eux-mêmes au micro. Pour nous cette méthode présente deux avantages.
Elle permet tout d'abord un travail d'initiation à l'écriture : les jeunes participant à nos projets (qu'il s'agisse d'élèves des collèges ou de groupes suivis par la PJJ) relèvent bien souvent de l'illettrisme, ou presque.  Pourtant, ils veulent raconter leur histoire, et se prenant au jeu, écrivent plus qu'ils ne l'ont jamais fait par ailleurs. Ils découvrent ainsi que l'écriture, plus qu'une contrainte est un outil efficace pour penser et exprimer sa pensée.
Elle permet à chacun des participants d'assumer son discours, d'être sûr de dire ce qu'il veut dire, sans risquer d'être « débordé » par le feu de la discussion.
    Concrètement la méthode est la suivante :
Dans un premier temps, les jeunes nous racontent leur histoire, comme ils la ressentent, avec leurs mots. Puis à partir de ce premier récit, le journaliste aidera cahque jeune à mettre son texte en forme afin qu'il exprime au mieux ses pensées, et respecte les règles d'écriture radio. Certes, on risque ainsi d'influencer les auteurs et de leur faire dire ce qui nous (les concepteurs du projet) nous intéresse, et ces textes réfléchis et lus au micro peuvent sembler à certains trop « léchés », trop « propres » et manquant de spontanéité et d'authenticité. C'est pourtant le risque que nous avons choisi d'assumer, pour privilégier le travail de réflexion des jeunes et offrir aux auditeurs un discours construit. C'est tout le sens du travail du « rédacteur en chef » et sans doute la rançon du professionnalisme.


Ne pas transformer les jeunes en « petits journalistes »

Généralement les animateurs de radios scolaires ou jeunes ont envie de faire « comme les professionnels » (interviews, mico-trottoirs, flashs d'info etc.)
Nous avons choisi un format magazine qui exclut d'emblée les flashs et l'actualité. Nous avons surtout chois de ne pas imiter les journalistes professionnels mais de donner la parole aux jeunes. Ce qui intéresse l'auditeur, ce sont leurs histoires personnelles, leur approche de la réalité et ce n'est pas de voir que des « amateurs » peuvent jouer aux journalistes !

Le travail préparatoire :

Il ne s'agit pas pour nous de livrer des paroles à la volée ou même « volées », mais de mettre en valeur des paroles réfléchies et assumées. Ce que pensent les jeunes ou les élèves n'est pas toujours intéressant s'il n'y a pas eu de réflexion préalable. C'est pourquoi, nous demandons aux enseignants qui encadrent les groupes de mener un travail d'enquête et de réflexion autour du sujet que nous leur proposons de traiter.
Mais il ne s'agit pas non plus de faire, à la radio, un compte rendu d'enquête, comme le ferait un professionnel. Les journalistes, quoi qu'on en pense, le feront toujours mieux que des jeunes manquant de formation et de recul, qui risqueraient alors de produire un travail « scolaire ».

La post-production : le choix du professionnalisme


Assurer la prise de son, choisir le format et l'ordre des séquences, choisir les habillages sonores, bref, monter une émission est un travail qui passionne beaucoup de jeunes. De plus les choix que l'on opère à ce moment précis déterminent généralement le sens de ce que l'auditeur entendra, autant, ou presque que le contenu de chaque papier.
Pourtant ce travail est lent et complexe. Il nécessite des compétences professionnelles qui ne s'acquièrent pas en quelques minutes : il faut près de 2 journées de 12 heures à notre équipe : journaliste, rédacteur en chef, et ingénieur du son) pour monter une émission d'un quart d'heure !
Ce choix professionnel, même s'il est frustrant pour les élèves et contestable d'un point de vue démocratique, nous semble toutefois le prix à payer pour rendre un produit fini qui seul peut valoriser la parole et le travail des jeunes.

Questions pour un débat :

Dans le cadre de cette biennale, nous avons choisi de mettre l'accent sur les projets réalisés en partenariat avec la PJJ.
En effet, ce public particulier, souvent mal connu des enseignants, permet de mettre en évidence deux des spécificités de notre projet que nous aimerions soumettre au débat.
La réalisation elle-même des émissions. Sans un projet global de formation en vue d'une meilleure insertion de ces jeunes un tel projet risque de n'être qu'un gadget, une activité certes intéressante et enrichissante mais relavant plus de l'activité de loisir que du projet pédagogique. Il s'agit donc de définir les objectifs et les rôles de chacun des acteurs du projet : élèves, enseignants ou éducateurs, journalistes et techniciens, diffuseur. Dans cette perspective, nos « parti pris » énoncés ci-dessus ne vont pas de soi, et méritent d'être débattus.
L'intérêt pour l'auditeur ; que ce soit l'auditeur habituel de la chaîne ou celui qui entend l'émission dans un cadre « pédagogique » comme celui d'un stage de formation des maîtres ou des éducateurs : Ces jeunes sont vite étiquetés « jeunes en difficulté », « sauvageons », « délinquants », « paumés » etc. On a peu l'occasion de les entendre parler de leur vécu, et ces paroles souvent émouvantes permettent pourtant de saisir la complexité de leur situation et, par là même des solutions qu'ils sont en droit d'attendre de tous ceux, éducateurs, enseignants, travailleurs sociaux ... Qui veulent les aider.











Annexe : qui est la Fondation 93

Fondée en 1982, la Fondation 93 est un des Centres de Culture Scientifique et Industrielle (CCSTI) de l'île de France, sous tutelle du ministère de la Recherche et de la Technologie.  Elle est reconnue par le ministère de la recherche et agrée par le rectorat de Créteil comme « association éducative complémentaire de l'enseignement public »,
Constituée sous la forme juridique d'une "association loi de 1901" la Fondation 93 est financée par le Conseil général de la Seine Saint-Denis et les ministères en charge de l'Education, la Culture, la Jeunesse et les Sports, la Justice, la Recherche...

Objectifs :
Tout en étant fondamentalement un CCSTI, la Fondation 93 n'est pas à proprement parler un lieu de vulgarisation.
Elle s'attache en priorité à travailler en direction des publics "difficiles", ceux pour qui l'accès à la culture n'est pas un simple problème d'opportunité ou d'information.
L'objectif de l'association réside dans une volonté d'offrir à tous une série de repères fondamentaux permettant, avant tout, de participer à une réflexion et un débat sur les sciences et les techniques et les rapports qu'elles entretiennent avec la société et, singulièrement, avec les autres pratiques culturelles.
Il s'agit, dès lors, de permettre notamment aux approches artistiques et scientifiques de se confronter et de s'enrichir afin de contribuer à une transformation culturelle et sociale du monde.

Quatre pôles d'activités :

Le centre ressources
Ouvert aux porteurs de projets publics, ce centre fonctionne avant tout sur le mode d'une « ingénierie culturelle » spécialisée dans les sciences et les techniques.
.Avec, en moyenne annuelle, deux cents cinquante consultations ouvertes aux professionnels de l'animation, aux enseignants etc., sa consultation -gratuite - permet de construire une action.
En s'adressant aux associations, aux écoles, à tous les acteurs culturels, éducatifs et sociaux des villes ... la Fondation 93 dissocie ses actions propres dont elle assure la totale maîtrise d'œuvre et son rôle de conseil qui laisse à ses partenaires l'entière maîtrise de leurs projets.

Production d'expositions et d'évènements :
Le refus d'être un lieu d'exposition a conduit la Fondation 93 à n'imaginer, dès son origine, que des productions itinérantes, telles que les « valises exposition » présentant de grandes questions scientifiques, des « expositions de rue » ou des productions et coproductions d'œuvres théâtrales, audiovisuelles, littéraires, graphiques ou l'organisation de rencontres comme celles d'avril 2001 sur les nouvelles pratiques philosophiques, viennent compléter cette démarche.
Ponctuellement, le Fondation 93 est sollicitée pour l'organisation d'évènements tels que les « ambassadeurs » (échange entre mille collégiens et trente-deux pays), « Forum du monde, Espace nomade » (conception et gestion d'un espace de rencontre de 4500m 2 , au pied du Stade de France, à l'occasion du Mondial de football), « promontoire des songes » (soirée en collaboration avec le CNRS associant cirque et sciences), Estivales des Parcs, Urbanités...

Animations directes pour le jeune public :
Sous les labels « Passeport Découverte » et « Chercheurs d'art et de science », cinq à six mille écoliers, collégiens et lycéens de la Seine-saint-denis participent chaque année (et ce depuis plus de quinze ans) à des parcours de recherche spécifiques, partant d'une question scientifique ou technique (sans oublier les sciences humaines) et aboutissant, au travers d'enquêtes, de visites, ou de débats, à la production d'expositions, de vidéos, de rencontres.
De nombreuses expériences ont menées tant avec des classes qu'avec des groupes de jeunes suivis par la protection Judiciaire de la Jeunesse. Citons par exemple :
Carré de nature, Carré de culture » qui vise à faire pratiquer le débat philosophique à des élèves particulièrement défavorisés sur le plan culturel, (ceux des SEGPA).
« Chercheurs d'art et de science » qui vise à faire découvrir à de jeunes élèves l'histoire de nos origines et la théorie de l'évolution en mêlant approche scientifique et artistique
« L'Agence éphémère 93 » qui permet, chaque année, à des collégiens de s'exprimer directement en rédigeant des articles publiés par la presse professionnelle (de Libération à Télérama) ou en réalisant des émissions radiophoniques diffusées par Radio France Internationale (RFI).





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