La 6ème Biennale

Contribution longue recherchée

Atelier : Dispositifs d'action et d'évaluation : des problèmes de gouvernance ?


Titre : Nouveaux publics - Nouvelle logique de la formation continue universitaire
Auteurs : GONÇALVES, Maria José Universidade Nova de Lisboa, FCT/UIED

Texte :
Introduction

La caducité des connaissances dans un monde en mutation accélérée fait que la formation tout au long de la vie s'affirme comme une nécessité. Au niveau européen, gouvernements et instances communautaires incitent l'université à fin que l'offre de formation continue dépasse la traditionnelle formation des enseignants et atteigne d'autres publics, dans le monde du travail, notamment les professionnels des entreprises. D'après les résultats de notre enquête, nous montrons comment les universités européennes répondent à cette demande. Notre contribution sera centrée sur les questions suivantes: la liaison avec les entreprises, les modèles pédagogiques, l'attitude des enseignants vis-à-vis la formation continue universitaire et les stratégies pour élargir ces nouveaux publics qui viennent des entreprises.

La liaison avec les entreprises

La liaison université/entreprises n'est pas toujours facile. D'un côté, il n'y a pas, dans la plupart des cas, de tradition de dialogue entre ces deux entités. Les entreprises ont parfois du mal à s'adresser à l'université pour lui demander des services, dont la formation continue, soit parce qu'elles se méfient de ses compétences ("trop théorique, trop académique, méconnaissant la réalité des entreprises") soit parce que les chefs d'entreprise ne se sentent pas à l'aise envers l'université. Tel sera le cas surtout de quelques chefs de PME qui, ayant peu de qualifications, n'ont pas, eux-mêmes, fréquenté l'université. Par ailleurs, il faut dire que l'université a été, pendant longtemps, plutôt renfermée sur elle-même, fonctionnant presque en vase clos dans pas mal de cas.

Cependant, notre recherche a montré que la situation est en train de changer et que les universités profitent des facteurs qui favorisent leur liaison avec les entreprises et utilisent des stratégies pour en surmonter les contraintes.

La recherche a montré que les principaux facteurs favorisant la bonne relation avec les entreprises sont les suivants:

· Confiance dans la compétence des enseignants universitaires, de la part des entreprises
· Prix modérés de la formation continue universitaire
· Offre de formation orientée vers la demande
· Hausse de la mise en place de formations sur mesure
· Mesures gouvernementales stimulant les entreprises à la demande de formation continue universitaire
· Circulation de l'information entre les entreprises et les Centres de Formation Continue (information des entreprises sur les besoins de formation et information des universités sur l'offre de formation)
· Projets conjoints de l'université avec des entreprises locales

Les contraintes suivantes ont été identifiées:

· Offre de formation insuffisamment orientée vers la demande
· Développement tardif de programmes spécifiques
· Manque de programmes de formation sur mesure
· Offre de formation trop théorique
· Offre de formation trop académique
· Difficultés dans les rapports avec les PME
· Manque de confiance, de la part des entreprises, dans les compétences de l'université
· Bas niveau de qualification de la plupart des chefs des PMS
· Manque d'aisance, de la part des PME, pour s'adresser à l'université
· Manque de tradition de liaison entre université et entreprises
· Manque de rapports commerciaux entre l'université et les entreprises
· Manque d'efficacité des Services de Formation Continue de l'université
· Ignorance mutuelle des deux réalités
· Difficulté de la part de l'université à se faire connaître et à offrir ses services

Les modèles pédagogiques

Il est à signaler que, dans tous les cas étudiés, la préoccupation de la part des responsables de la formation continue pour les questions pédagogiques relativement à ces publics nouveaux est évidente. Ils sont conscients que le modèle pédagogique traditionnel du cours expositif ne sert pas la formation continue pour les travailleurs de la connaissance. Malgré cette préoccupation, dans 75% des cas étudiés, il n'existe pas de modèle pédagogique spécifique pour la formation continue, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas un modèle pédagogique implicite, voir le modèle du cours magistral. Seulement deux cas ont mentionné l'existence d'un modèle pédagogique sous-jacent à leurs pratiques - l'un, le modèle du projet, avec intégration des apprentissages formels en contexte de travail et l'autre, un modèle pédagogique propre, créé à partir d'autres modèles de formation d'adultes et de la recherche menée par le Centre de Formation Continue de l'université.

Dans la plupart des cas, ce n'est que pour ce qui concerne la formation à distance, lorsqu'il y en a, que des dispositifs et des méthodes pédagogiques particuliers sont choisis. Il s'agit surtout d'une approche constructiviste, mettant en valeur l'apprentissage collaboratif. En outre, la planification des cours de formation continue à distance - surtout les cours "en ligne" - est discutée et enseignants et des personnels techniciens se réunissent pour avoir une vision commune de la formation qui sera délivrée. Aussi des aspects tels que la motivation et le coaching sont-ils vraiment considérés. La raison pour cette attention particulière aux aspects pédagogiques pour ce type de formation est, à notre avis, surtout liée et à la forte concurrence et au coût élevé de la construction des cours, d'où la nécessité de donner la plus grande satisfaction au client.

Les enseignants universitaires et la formation continue

L'étude suggère qu'il persiste, en générale, une attitude négative de la part des enseignants face à la formation continue. La raison principale, mentionnée dans tous les cas, est liée à la réglementation actuelle de la progression dans la carrière qui privilégie la recherche et les publications scientifiques au détriment des activités pédagogiques. Dans ces conditions, le principal facteur de motivation est toujours la rémunération.

Le cas de la Norvège suggère que la nouvelle politique de financement des universités, qui fait que le financement dépende du nombre d'élèves, formation continue incluse, les cours moins fréquentés courant le risque d'être fermés, a fait changer l'attitude des enseignants envers la formation continue, qui sont devenus plus engagés.

Le manque de tradition de liaison entre université et entreprises, aussi bien qu'une plus grande exigence de qualité, de la part des élèves de la formation continue, pourront être d'autres facteurs influençant négativement l'attitude des enseignants en regard de la formation continue.

Stratégies pour élargir les publics des entreprises

Les universités tentent d'élargir leurs publics de la formation continue au moyen de différentes stratégies, notamment en orientant la formation vers la demande. Pour ce faire, quelques universités développent un dialogue stratégique "entre les partenaires sociaux de la formation continue", insistant aussi sur des stratégies de marketing, en vue de répandre l'information sur leur offre de formation.

Les universités doivent aussi faire face à une concurrence croissante dans ce champ de la formation continue. Ainsi, outre les démarches déjà mentionnées pour s'approcher des entreprises, l'étude a montré que les universités jouent sur d'autres facteurs, tels que la qualité de leur offre de formation (en tentant d'assurer les meilleurs enseignants et les meilleurs programmes); la variété de l'offre; l'investissement dans des secteurs de formation ressentis comme prioritaires et l'investissement dans la formation en Gestion. La certification des programmes longs est aussi considérée, dans deux cas, comme un avantage.

Dans trois cas, les partenariats entre universités ou même entre universités et entreprises ont été mentionnés comme une stratégie mise en place pour gagner du terrain dans la formation continue destinée aux entreprises.

Les structures lourdes de l'université sont parfois considérées comme une contrainte pour ce qui est de la formation continue pour les entreprises. Par ailleurs, et pour éviter la dispersion de l'organisation par les facultés ou départements de l'université, tous les cas visés par cette étude disposent déjà d'un service coordinateur de toute la formation dans l'université. Le cas qui a démontré avoir une liaison avec les entreprises la plus approfondie dispose même d'une structure autonome - une Fondation - qui lui accorde l'autonomie nécessaire pour une grande flexibilité et célérité dans les décisions.


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