La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Comment analyser et comprendre, les situations pédagogiques et didactiques ?


Titre : La poésie a-t-elle aujourd'hui un rôle dans l'éducation et la formation ?
Auteurs : JEAN Georges

Texte :
Cette question peut paraître désuète et fort déplacée dans un monde où sciences, technologies et psychologies cognitives jouent dans l'éducation et la formation un rôle déterminant, que je nie en aucune façon. Il se trouve que j'ai eu pour maître Gaston Bachelard, scientifique épistémologue éminent, mais pour lequel les valeurs de l'imaginaire et de la poésie formaient l'individu dialectiquement dans une autre dimension.
J'entends naturellement la poésie conçue comme un langage, comme un discours, dans lequel les mots valent selon l'expression de Paul Valéry autant "pour ce qu'ils sont que pour ce qu'ils disent".
Je me propose donc de dire que dès la petite enfance, les paroles dans les comptines par exemple, perdent leur sens pour permettre à l'enfant non seulement de reconnaître les sens phonétiquement, avant de les utiliser phonologiquement, tout en apprenant très tôt que la prosodie et le rythme font sens.
Il sera de mon point de vue important pour la suite des cursus, au contact de poètes avérés tels et non de poètes "pour enfants" qui bêtifient et réduisent le non-sens, l'absurde, le cocasse, l'imaginaire en les infantilisant.
Par la suite et jusqu'à la formation d'adultes y compris pour des formations techniques (encore plus ai-je envie de dire) la rencontre avec la poésie de toujours et particulièrement de la poésie contemporaine, des surréalistes à nos jours, en usant de la polyvalence sémantique, de l'opacité, du caractère mélodique du discours, non seulement enrichit la mémoire de ce qu'un poète appelait "l'impératif de l'essentiel" mais encore permet de mieux saisir l'opposition entre les dénotations strictes de la science et de la technique, donc d'utiliser les mots des savoirs scientifiques et techniques dans leur sens étroit, mais aussi de faire respirer le langage de l'imaginaire, de l'émotion, de la révolte, de l'amour, donnant "un sens plus pur aux mots de la tribu", nous délivrant des langues de bois, et des virtualités médiatiques.
Ce qui n'exclut pas de montrer que les poètes travaillent ; (Ponge parle de la "fabrique du pré") et que l'activité poétique est comme la mathématique et la musique et les arts de l'image, apprentissage d'un ordre, de contraintes, tout en étant invention, création qui dérangent les conventions et la "reproduction"... car l'éducation, la formation sont également l'invention de soi et la poésie contribue à cela, qu'on la lise, qu'on la récite, qu'on l'écrive, car elle permet d'exprimer le monde et, de garder en soi une richesse, que certains déportés retrouvaient pour mieux mourir.

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