La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Politiques éducatives : initiatives institutionnelles et/ou initiatives d'acteurs ?


Titre : Une pédagogie de projet : pédagogie de l'action et de transformation sociale
Auteurs : BLONDEAU Nicole / COUEDEL Annie

Texte :
Le dispositif de pédagogie de projet présenté ici - pédagogie de l'action et de transformation sociale - a été mis en place dans les années 1970 par A. Couëdel à l'université de Vincennes dans le cadre du département de Français langue étrangère. L'objectif était de faire en sorte que d'emblée les étudiants étrangers aient droit à la parole et jouent un rôle d'auteurs-acteurs à part entière dans le jeu institutionnel.
L'idée centrale a été de définir à côté de l'objectif qui institutionnellement est le seul qui compte, apprendre la langue, un autre objectif en apparence éloigné, la réalisation d'un projet commun, choisi et défini par les étudiants eux-mêmes, ayant prise sur la réalité sociale environnante. Le postulat était que, loin d'être une perte de temps, cette procédure permettrait plus sûrement d'atteindre le premier objectif. Ceci explique que cette pédagogie se soit, quelques années plus tard, tout naturellement ouverte à des étudiants français. Le langage n'y est en effet pas conçu comme "un système de signes" neutres "que les individus produisent, mais une façon de s'inscrire socialement, de penser le monde et les rapports sociaux" (Bautier 1995). Cette pédagogie s'inscrit dans une perspective résolument politique. La langue est envisagée ici dans son exercice civique, comme outil d'intervention sociale.
Le dispositif repose sur une architecture spécifique combinant l'apport des sous-groupes (groupes-projets), travaillant en autonomie dans le hors champ de la salle de cours, et du grand groupe, un va-et-vient entre sous-groupes et grand groupe, entre extérieur/intérieur. L'objectif du grand groupe en séances plénières est de servir de cadre aux synthèses émanant des groupes-projets eux-mêmes, à l'évaluation, à la critique, à l'exercice de la prise de parole en public, à l'auto-correction, à la pratique du débat, y compris sur des questions d'actualité. La ritualisation Grand-groupe/Groupes-projets/Grand-groupe sert de repère spatio-temporel et joue un rôle essentiel dans la structuration d'un ensemble complexe.
Ce moyen de procéder est le cadre à l'intérieur duquel peuvent s'exercer les règles de "morale sociale" minimale : l'écoute, le respect de l'autre, la coopération, la ponctualité, l'assiduité, la responsabilité individuelle et collective, tous ces principes étant soumis à l'épreuve du sens. Les règles édictées ne fonctionnent pas comme des formules incantatoires mais comme des valeurs démocratiques structurant et garantissant un savoir-être ensemble pour que le projet aboutisse. Au centre de ce dispositif se situe le sujet, son inscription sociale et sa possibilité d'intervention.

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