La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Politiques éducatives : initiatives institutionnelles et/ou initiatives d'acteurs ?


Titre : Stratégies d'écriture de collégiens de troisième en réponse à un questionnaire de recherche sur l'orientation
Auteurs : GUIGUE Michèle

Texte :
Répondre à un questionnaire de recherche n'est pas simple. Cette situation d'énonciation n'est pas fréquente. Comment indiquer ce qui importe sans se laisser enfermer dans les cadres préétablis par sa conception ? Comment ne pas se décourager en envisageant les développements qu'appelleraient les questions ouvertes ? Quand le questionnaire s'adresse à des adolescents, plus habitués aux consignes scolaires qu'à ce type de questionnement quelles stratégies d'écriture mettent-ils en oeuvre ?
Dans une enquête sur l'orientation (conduite dans le cadre de l'APRIEF), 370 collégiens de troisième, issus de 4 collèges, ont répondu à un questionnaire qui explorait leur travail scolaire, leurs choix professionnels en s'attachant à l'image de soi et au contexte familial. Ce questionnaire était long : 6 pages, 35 questions. L'anonymat offrait alors un recours qui contrebalançait la gratuité de l'effort consenti et de l'implication requise.
J'ai procédé à une analyse qualitative de ces 370 questionnaires en me centrant sur la façon dont ces élèves répondent et utilisent ce questionnaire. Ces collégiens prennent au sérieux les questions posées, cela leur permet de détourner les questions et de jouer avec. Premier axe : les destinataires.
En fonction des formulations des questions, les répondants varient leurs destinataires, c'est tantôt un destinataire anonyme "universel", un camarade(s) ou encore le chercheur lui-même.
Second axe : les positions d'énonciation.
Les collégiens jouent sur les positions d'énonciation. Les marges sont utilisées pour s'adresser au chercheur. Citer leurs parents permet l'intrusion de l'oral, avec des formules familières parfois même grossières. Se mettre à la place de conseiller leur permet de personnaliser leur réponse : de la déclaration d'amitiés au règlement de compte.
Troisième axe : les ruptures de ton.
Celles-ci sont nombreuses et quasi instantanées, passant de la confidence, à l'humour, à l'insulte et à l'agression, parfois à l'intérieur d'une seule question ouverte.

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