Biennale 5
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Des motivations de départ de l’enseignant du premier degré à l’implication dans la carrière.

Auteur(s) : BASCO Louis

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bull2.gif (117 octets)   I. Cette implication tient en premier lieu à la personne de l’enseignant.
bull2.gif (117 octets)  Un rapport en 1987 du Ministère de l’Education Nationale sur l’affectivité et les motivations de l’enseignant permet de mieux la cerner.
bull2.gif (117 octets)  Au sein du monde enseignant, deux motivations dominent : le besoin d’épanouir sa personnalité et le besoin d’affection.
- besoin de sécurité : 38 % (-17 % par rapport à la population française)
- besoin d’affection : 48 % (+1 %)
- besoin de prestige : 38 % (-6 %)
- besoin de considération : 20 % (-3%)
- besoin d’épanouissement : 49 % (+19 %)
1. Les besoins d’expression et d’épanouissement : cette motivation est le moteur de la volonté d’autonomie dont les enseignants font preuve en particulier pour les plus jeunes.
2. Le besoin d’affection peut constituer un symptôme de désajustement progressif de l’institution scolaire par rapport à l’évolution des mentalités. Il faut également interpréter ce besoin d’affection comme un besoin ressenti par les enseignants pour eux-mêmes, traduisant des attentes de confort au quotidien, d’appartenance à des environnements humains plus chaleureux, et de sécurité affective.
3. Le besoin de sécurité est beaucoup moins prégnant chez les enseignants que dans l’ensemble de la population française. La menace du chômage étant atténuée, il faut comprendre le poids relatif de cette motivation de sécurité économique comme l’expression d’une inquiétude en matière de maintien de pouvoir d’achat, du niveau de confort de vie, et de progression de carrière.
4. Le besoin de prestige :“s’offrir son rêve” motive moins les enseignants que l’ensemble des français.
5. Le besoin de considération et d’estime ne motive qu’une minorité des enseignants. Le sentiment de n’être pas reconnu apparaît assez intensément chez les maîtres de 29-34 ans comme une crise d’identité.
6. Hommes et femmes ont-ils les mêmes motivations ? Les motivations des femmes enseignantes sont massivement orientées vers l’épanouissement et l’affectivité; celles des hommes enseignants, plus hétérogènes, ont surtout trait à l’épanouissement et au prestige.
7. Le sens donné au travail : le désir d’enrichissement intellectuel et d’utilité sociale prime sur les motivations pécuniaires. On note des tendances d’évolution hétérogènes entre les enseignants et la population française. Le monde enseignant se montre traversé de clivages d’âge très spécifiques, qui correspondent probablement à différentes périodes de recrutement, et traduisent les différentiels d’ajustement entre l’institution scolaire et la population française au cours de l’histoire récente. Les enseignants les plus jeunes se distinguent par une appétence inférieure à celle des français du même âge pour les dimensions pécuniaires, et par une intensification des motivations d’utilité sociale et d’épanouissement. Par ailleurs comparée à l’ensemble de la population française, la proportion d’hommes préférant un travail utile pour la collectivité est plus forte que pour les femmes. Les hommes seraient davantage portés à l’expression et l’épanouissement personnels, et peu préoccupés par les aspects matériels de l’existence.
8. Les enseignants les plus jeunes se situent en retrait des français du même âge sur les dimensions de plaisir, d’émotion et de vitalité.
bull2.gif (117 octets)  II. Cette implication est directement liée aux motivations de départ pour l’enseignement.
1. Les motivations de l’enseignant pour l’enseignement : d’après une enquête réalisée en 1997 et 19981 auprès d’un échantillon représentatif de 1040 enseignants du premier degré, relevons quelle a été pour les maîtres interrogés leur première motivation pour l’enseignement.
- motivation active : garder un contact avec les jeunes, à l’aise avec les jeunes,15,7 %
- motivation matérielle : avoir un moyen de gagner sa vie, devenir indépendant,13,2 %
- motivation active : avoir une fonction éducative, un impact sur les jeunes, sur la société, 12,7 %
- motivation active : transmettre des connaissances, des savoirs, 12,3 %
- motivation matérielle : possibilité de garantir un équilibre entre vie professionnelle et privée, 11,8 %
- motivation matérielle : liberté d'action, flexibilité et diversité dans le travail, autonomie dans le travail, 5,9 %
- motivation active : la tradition familiale, influence d'un parent enseignant ou influence d'un enseignant, 5,4 %
- motivation passive : c'est un métier où je suis venu par hasard, 3,9 %
- motivation active : succès scolaire en tant qu’élève, désir de rester dans cet univers, 3,4 %
- motivation passive : l'enseignement était le débouché principal de mes études, 2,9 %
- motivation active : la considération portée à ce métier, 2 %
- motivation active : rester au contact des livres, de la culture, 2 %
- motivations matérielles : avantages matériels, conditions de travail favorables, 2 %
- motivation active : exercer un métier de service public, 1,5 %
- motivation matérielle : sécurité de l'emploi, protection, l'important c'est d'éviter le chômage, 1,5 %
- motivation matérielle : le temps libre, les vacances, 1,5 %
- motivation passive : faute de mieux, par élimination ; il n'y avait pas de débouché dans les secteurs professionnels intéressant, 1,5 %
- motivation active : compenser son éducation, faire mieux que ce qu'on a eu, 1 %
bull2.gif (117 octets)  Les motivations actives qui mettent en relation l’enseignant et l’élève sont davantage citées.
2. Relations entre le type de motivation de départ et le degré d’activisme ou de fatalisme des enseignants au cours de leur carrière.
bull2.gif (117 octets)  Le degré de satisfaction des maîtres en fonction de leur première motivation de départ.
bull2.gif (117 octets)  Les enseignants qui sont entrés dans la carrière avec des motivations passives sont ceux qui sont le plus insatisfaits de leur métier.
bull2.gif (117 octets)  Le désir de rester dans l’enseignement en fonction de la première motivation.
bull2.gif (117 octets)  Les maîtres qui désirent fermement rester dans l’enseignement toute une carrière ont eu pour le plus grand nombre d’entre eux des premières motivations de départ actives. C’est parmi les maîtres qui ne souhaitent pas demeurer dans l’enseignement ou qui ne savent pas vraiment s’ils quitteront le métier que l’on trouve le plus de premières motivations de départ matérielles.
bull2.gif (117 octets)  Les moments de doute au cours de la carrière en fonction de la première motivation de départ .
bull2.gif (117 octets)  Lorsque les moments de doute apparaissent très tôt dans la carrière, les motivations de départ étaient essentiellement des motivations matérielles ou passives. Quand les moments de doute surgissent plus tard dans la carrière (en milieu ou en fin de carrière) les motivations de départ étaient plutôt des motivations actives. Des motivations actives permettraient un début de carrière davantage serein.
bull2.gif (117 octets)  La première motivation de départ pour l’enseignement du premier degré des maîtres qui ont pensé sérieusement à quitter l’enseignement .
bull2.gif (117 octets)  Lorsque les maîtres pensent quitter leur métier leurs motivations de départ étaient majoritairement matérielles et passives (52,5 % pour les enseignants qui ont pensé fermement quitter leur métier et 55,5 % pour ceux qui ont pensé quitter avec des nuances).
bull2.gif (117 octets)  Parmi ces maîtres qui ont pensé sérieusement quitter l’enseignement, quel est le motif en fonction de leur première motivation de départ ?
bull2.gif (117 octets)  Chez les maîtres qui désirent quitter l’enseignement pour faire autre chose, 50 % d’entre eux avaient des motivations matérielles lorsqu’ils se sont engagés dans la carrière. Il est intéressant de relever que les motivations initiales des enseignants qui souhaitent abandonner leur métier par manque de charisme étaient uniquement matérielles ou passives et en aucune façon actives.
bull2.gif (117 octets)  Par ailleurs, ceux qui souhaitent quitter leur métier parce qu’ils éprouvent un malaise sont des enseignants qui au départ avaient en grande majorité des motivations actives. Ce sont des maîtres qui seraient plutôt déçus, lassés ou fatigués par leur travail au quotidien. Enfin, pour les maîtres qui avancent des raisons familiales pour justifier leur désir de quitter la carrière dans laquelle ils s’étaient engagés, ils avaient essentiellement à l’entrée dans le métier des motivations actives et matérielles.
bull2.gif (117 octets)  Quand les maîtres ont choisi d’entrer dans l’enseignement avec des motivations actives s'il survient au cours de leur carrière une volonté de renoncer à leur métier, celà est dû essentiellement au fait qu’ils souhaitent faire autre chose ou qu’ils vivent mal leur profession. Pour ceux qui au départ avaient des motivations matérielles ou passives, s’ils devaient quitter leur métier pour une grande majorité d’entre eux la raison principale serait de vouloir faire autre chose.
bull2.gif (117 octets)  Le degré d’activisme ou de fatalisme des maîtres du premier degré au cours de leur carrière est lié aux types de motivations de départ qui peuvent donc influencer le déroulement ultérieur d’une carrière.
ref : 1 Enquête réalisée dans le cadre d’un travail de recherche sur “l’évolution de la décision initiale d’enseigner dans le premier degré”, thèse de 3° cycle en sciences de l’éducation sous la direction de Guy AVANZINI,