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Description du projet
En 1997, l’Opération “ Quartier de Vie ” est initiée par la Fondation Roi Baudouin. Cet organe créé en 1976 promotionne toutes initiatives tendant à l’amélioration des conditions de vie de la population en tenant compte des facteurs économiques, sociaux, scientifiques et culturels.
L’Opération “ Quartier de Vie ” vise la mise en place de partenariats impliquant les différents acteurs concernés par la vie d’un quartier au service de l’amélioration de la qualité de la vie dans le cadre de l’exercice d’une citoyenneté responsable.
Les habitants de Peissant, village de 588 habitants constitutif d’une entité rurale belge de 7.500 habitants située en province de Hainaut interpellent les autorités locales déplorant l’état de délabrement de leur village.
L’Opération “ Quartier de Vie ” constitue le cadre de la réponse donnée par les autorités communales à cette interpellation. Elle prolonge et amplifie une politique communale de développement local axée, depuis 1991, sur le fonctionnement participatif lui-même centré sur un triple partenariat mobilisant habitants, élus locaux et fonctionnaires. Dans ce cadre, l’opportunité est offerte aux responsables communaux d’inclure dans la négociation un nouveau type d’acteurs, les entreprises privées.
Le fonctionnement se définit à deux niveaux. Il crée un espace d’information et de consultation de la population par l’organisation de rencontres mensuelles et la diffusion fréquente de tracts d’information.
Un partenariat de gestion, composé de représentants de chacun des acteurs concernés, constitue l’organe exécutif du projet. Il se réunit mensuellement.
Ce partenariat place d’emblée les acteurs dans un rapport égalitaire face à la prise de décisions et à l’investissement financier. Le pouvoir public n’est plus l’initiateur de la démarche ni le gestionnaire du projet. Il est un des partenaires sur pied d’égalité avec les autres. Son apport particulier consiste cependant dans la mise à disposition du partenariat d’un personnel communal formé à la participation et fonctionnant sous le mode de la gestion intégrée.
La qualité de la vie en tant que rapport à l’environnement naturel, social et culturel
A la demande des autorités communales, un projet est élaboré par un Comité d’habitants. Intitulé “ projet de redynamisation de la qualité de la vie ”, il conçoit dans sa globalité la transformation de la vie du village. Outre l’intention de revalorisation et d’embellissement du patrimoine du village, il revêt une dimension sociale. Il vise en effet la recomposition du tissu social et en particulier la création de liens entre les habitants des quartiers résidentiels et les villageois de souche.
Les événements culturels, les activités et fêtes villageoises constituent des repères dans la mise en œuvre de cette dynamique, rendez-vous du monde associatif qui unit ses forces vives au service d’initiatives de vie conviviale intergénérationnelle.
C’est par le biais de l’investissement commun et concerté d’un espace collectif et dans un premier temps d’un projet technique d’aménagements que se développent les dimensions sociales et culturelles du projet.
Le projet technique comprenant des travaux de réfection d’espaces publics naturels et bâtis s’élabore grâce aux compétences techniques des membres du Comité d’habitants. Soumis à consultation, il est ensuite amendé de manière à tenir compte des desiderata de l’ensemble de la population concernée.
Après avoir reçu l’aval des autorités communales, il fait l’objet de recherches de subventions par les habitants eux-mêmes de manière à pouvoir réaliser l’ensemble des aménagements souhaités et éviter le morcellement dû au saupoudrage des subsidiations.
Impact du projet
Le positionnement réciproque des acteurs
La mise en concertation systématique des acteurs réduit la distance qui les sépare et favorise la circulation de l’information.
Elle permet la prise en compte par chacun des besoins, contraintes et enjeux des autres acteurs et facilite la coordination des interventions pour un fonctionnement plus efficace.
L’expérience bénéfique du fonctionnement partenarial stimule chacun des partenaires à l’exploiter dans d’autres contextes.
Leur appréhension de la réalité collective
La pratique de la gestion de projet basée sur la concertation et la participation contribue à
l’abandon par les habitants d’une attitude passive et revendicative pour une attitude active et constructive,
l’intégration progressive des intérêts particuliers dans la prise en compte de l’intérêt général,
l’appropriation de l’espace collectif par la collectivité.
Leur appréhension du fonctionnement politique et administratif
La gestion concertée du projet est l’occasion d’un apprentissage des fonctionnements politique et administratif en raison du suivi des procédures. Elle suscite par le fait même critiques et suggestions dans l’application de ces procédures en vue de mettre ces matières à la portée du citoyen, de favoriser son information et sa participation active à la gestion de l’intérêt public.
Redéfinition des espaces de pouvoir et de compétence
Une telle expérience conduit les acteurs à une modification du rapport au pouvoir invitant ceux qui habituellement l’exercent (représentants politiques - fonctionnaires - entrepreneurs), chacun en fonction de ses prérogatives, à le partager avec ceux qui fréquemment en sont exclus (les habitants).
Elle établit une relation contractuelle entre les partenaires et les incite à la prise de décision collégiale et solidaire et au partage des responsabilités.
Elle favorise la synchronisation des temps.
Le Comité des habitants fonctionne comme relais entre les habitants et les autres partenaires. Il acquiert avec le temps légitimité et reconnaissance auprès de chacun d’eux.
La participation citoyenne
Perspectives
La prise en considération du citoyen en tant qu’interlocuteur du représentant politique, la prise en compte de son avis, de ses propositions lors de décisions qui le concernent l’invitent à étendre le champ de sa participation à divers domaines de la gestion de la vie collective.
L’invitation à la participation se révèle par ailleurs contagieuse. Avec le temps, la dynamique enclenchée par un petit nombre d’habitants stimule les autres à s’associer au mouvement, au moins lors d’événements ponctuels qui constituent des enjeux pour l’avenir du village. Elle contribue enfin au développement de la communication et d’une relation de qualité entre habitants.
Limites
La participation au quotidien n’est cependant pas le fait de la majorité de la population du village. Elle est portée par un noyau de convaincus qui s’efforcent d’associer l’ensemble des habitants aux prises de décision, par la consultation et l’information régulière, et d’impliquer le plus grand nombre lors d’événements culturels et festifs significatifs pour tous.
Ebauche d’une nouvelle culture politique
C’est une nouvelle culture politique qui se construit ainsi au jour le jour au gré des matières traitées.
La mise en situation de concertation et de participation stimule la création de nouvelles pratiques dans le chef de chacun des partenaires. Un tel fonctionnement convainc les habitants d’autres villages qui souhaitent être associés au processus en cours. Il redonne une crédibilité au pouvoir politique et une légitimité aux politiques menées. Il responsabilise le citoyen et l’incite au respect de la règle.
De manière générale, il contribue à la cohésion sociale et prévient des déviances.
Il constitue un axe privilégié du développement local.
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