Biennale 5
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Procédures d'appropriation de l'histoire et approche didactique dans l'enseignement préscolaire

Auteur(s) : KARAKATSANI Despina

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bull2.gif (117 octets)   Une grande partie de chercheurs constate aujourd'hui que les enfants de l'âge préscolaire et même ceux des premières années de l'enseignement secondaire (4-7ans) ne peuvent pas saisir la notion du temps historique, même pas dans sa dimension la plus simple, étant donné qu'ils considèrent leur existence toujours ayant comme axe le présent et que leur mémoire a un horizon limité. C'est à partir et à l'appui de cette problématique qu'on est arrivé à nier même le rôle et l'importance d'un enseignement de l'histoire à cet âge -une position d'ailleurs extrême-qui peut se justifie de la manière suivante: "L'histoire en tant que succession des événements et des dates-chronologies impose l'apprentissage par cœur, ce sont donc seulement les enfants qui savent déjà lire qui peuvent y avoir accès". Mais la théorie et la pratique didactique évitent les constatations simplistes de ce genre ; en plus, tout dépend de la définition qu'on attribue à l'histoire en tant que savoir à enseigner et de la transposition didactique du savoir savant adaptée aux besoins, aux demandes et aux représentations des enfants de cet âge. Etant donné qu'on ne peut pas parler de discipline d'histoire à ce niveau scolaire -selon la définition de Y. Chervel- de quel apprentissage en histoire parle-t-on?
bull2.gif (117 octets)  L'appropriation du savoir historique
bull2.gif (117 octets)  Le processus d'acquisition de la conscience historique s'effectue en 4 stades (Kieran Egan). Dans le premier -le stade mythique- dure jusqu'à l'âge de 7 ans- se posent les fondements de la compréhension historique par la prise de conscience de soi-même. Ce qui est important pendant cette période c'est de comprendre le présent dans le contexte du passé, de prendre profit de l'intérêt pour "ce qui a existé" dans la direction de la construction de l'identité personnelle et du passé personnel. Dans le deuxième stade -le romantique- qui dure de 7 à 14 ans à peu près, l'enfant commence à prendre conscience du fait que le passé n'est pas quelque chose qu'on peut dépasser en utilisant notre imagination, mais détermine notre réalité. Pendant le stade philosophique -14-20 ans- l'enfant est capable de chercher le lien causal des faits, de faire des généralisations concernant la procédure historique et de comprendre sa propre place en tant que co-créateur de l'histoire. Le passage au 4ème stade, l'ironique, présuppose la prise de conscience du fait que les schémas généraux ne peuvent être appliqués partout à cause du caractère compliqué de la réalité.
bull2.gif (117 octets)  Pendant une grande période, l'organisation des curricula de l'histoire se déterminait par la théorie de Piaget concernant les stades du développement cognitif. Certaines recherches à la fin de la décennie 1960 ont même montré que l'appropriation du savoir histoire se fait par des rythmes beaucoup plus lents que ceux d'autres domaines de connaissances et que seulement après l'âge de 16-18 ans on peut parler de développement de la pensée formelle et d'acquisition des opérations intellectuelles étant le résultat de la maturation biologique et psychologique. Mais alors que J. Piaget parlait d'autorégulation dynamique des conduites et de l'ordre génétique de la connaissance, J. Bruner souligne les différences des âges dans le traitement de l'information et parle des interactions sociales dans l'éducation. Il soutenait que chaque discipline scolaire a sa propre structure et doit être envisagée à travers celle-là et arrivait même à la formule provocatrice "n'importe quoi peut être enseigné à n'importe qui, à n'importe quel âge, d'une façon intellectuellement respectable". Il insistait également sur la compréhension intuitive de la connaissance, sur l'importance de la découverte et de la recherche de la connaissance par l'élève. Sous ces influences, la didactique de l'histoire, alors que Bruner n'arrivait pas à bien désigner sa "structure"- a commencé à gagner son autonomie et à chercher ses particularités en tant que domaine de connaissances. Il a été souligné qu'on peut contribuer à l'inculcation de l'imagination historique à travers la transmission de certains éléments du savoir historique, l'utilisation et l'application de certaines méthodes-manières de transmission de celui-là et l'élaboration des représentations sociales des enfants-mêmes
bull2.gif (117 octets)  Le Temps et l'Espace
bull2.gif (117 octets)  L'appropriation de la notion du temps présuppose l'assimilation de la périodicité, de la succession, de la durée et la prise de conscience du triptyque "Passé-Présent-Futur"- ce qui est aussi lié à la capacité de l'enfant de construire les éléments de sa propre mémoire. Les mémoires des enfants de l'âge 4-7ans, ne sont pas bien construites, parce que, d'un côté, ils ont des difficultés à organiser le matériel de leur mémoire, et de l'autre, ils confondent souvent la réalité avec leur imagination, étant donné que souvent ils n'arrivent pas à faire la distinction entre ce qu'ils ont vécu et ce que les autres leurs ont transmis. L'excitation de l'imagination historique par des éléments de connaissance historique pendant l'âge préscolaire facilite l'envie des enfants de parler du passé ; les discussions autour du passé transforment le contexte dans lequel les enfants peuvent comprendre l'importance de partager les mémoires des autres et acquérir la capacité de raconter leur propre passé, construire leurs mémoires. La possession d'un certain vocabulaire pour le passé, le langage spécifique, sont considérés comme les outils nécessaires pour la compréhension de l'histoire (M. Donaldson). Pourtant l'appropriation de la notion du temps historique et la prise de conscience de ses différentes dimensions (conjoncture, longue durée, temps court) présuppose pour l'acquisition de la succession des événements et l'interdépendance logique et causale des situations ne peut pas être effectuée pendant cet âge (4-7ans). On peut pourtant pendant cette période y mettre les bases pour la construction du temps historique par l'appropriation de ses deux paramètres : le temps et l'espace.
bull2.gif (117 octets)  Approche didactique de l'histoire
bull2.gif (117 octets)  L'intérêt des enfants pour le passé peut être lié à l'intérêt pour leur propre histoire. En fait, l'envie d'apprendre son propre passé commence vers l'âge de 4 ans et à partir de cette période, la découverte de "l'évolution historique de chaque enfant" peut devenir l'axe principal d'une série d'activités. Ainsi, ce rapport avec l'histoire peut donner réponses aux questions suivantes : "Qu'est-ce qui existait avant moi ?", "quelle est mon histoire personnelle ? Mais l'histoire personnelle est liée à l'histoire de la famille et nourrie par l'histoire de la classe. En plus, l'étude de l'environnement, la découverte de l'histoire de la commune, de la ville, de la région (par les traces de la civilisation : les monuments, les bâtiments, les coutumes, les habits, les objets, les photos) peuvent être de très grand intérêt. Apprendre à analyser et à faire des comparaisons entre les traces du passé font saisir la notion de l'historicité et la signification des schémas changement/continuité, différence/similitude, cause/conséquence. Les élèves doivent être donc encouragés à la prise de conscience de "l'autre, de l'ailleurs, d'autrefois" par l'expérience personnelle et l'expérimentation et c'est ainsi que l'enseignement de l'histoire peut être effectué par l'apprentissage de la manière de poser des questions sur le passé, ce qu'on peut décrire comme "apprendre comment apprendre".
bull2.gif (117 octets)  Les particularités de l'enseignement de l'histoire en Grèce et de la transmission des éléments d'une histoire biaisée par la célébration des fêtes nationales et l'utilisation des symboles nationaux dans le cadre de l'école vont aussi être objets de cette communication.
bull2.gif (117 octets)  Bibliographie
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