POINTS-CLÉS POUR UNE TRANSPOSITION A L'ENSEIGNEMENT
Derrière la diversité de ces pratiques se cache également leur complexité,
tant dans l'imbrication des différentes activités évoquées que dans la
nature même de celles-ci. De cette complexité il nous a semblé pourtant
nécessaire d'extraire des points de repère sur lesquels il convient d'être
clair, en particulier pour la proposition de transpositions d'activités
et de transfert d'outils.
Capter,
capturer et mesurer
Une première distinction doit être faite entre capter et capturer.
Capter est évidemment la base même de l'acquisition de l'information :
c'est l'interception d'un flot d'informations en provenance du système
étudié, telle la caméra qui transmet en continu, sous forme de signal
électrique ou d'ondes radio, les images du système qui se forment sur
la matrice CCD. Capturer, c'est figer, pour enregistrer, mémoriser,
telle ou telle partie du flot d'information, en vue généralement d'une
étude ultérieure. Mais il faut alors encore distinguer la capture
du mesurage (ce terme vise à distinguer l'action de mesurer (mesurage)
du résultat lui-même (la mesure) qui est l'extraction des informations
nécessaires à l'étude par le relevé de telle ou telle position, de telle
ou telle intensité). Pour préciser par un exemple, on peut dire qu'une
caméra donnant une image en incrustation et permettant de suivre visuellement
l'évolution d'un système est le capteur (capter), que la numérisation
dans un fichier (ou l'enregistrement sur une bande vidéo) est une capture,
et que, en dernière étape, le mesurage est le relevé des coordonnées (cette
distinction n'est pas spécifique à l'utilisation de l'image et s'applique
en particulier en ExAO). Notons également que les fonctionnalités ci-dessus
nécessitent la mise en uvre d'instruments adaptés à la restitution
des images, et donc au contrôle de celle-ci.
Suivant les cas, le mesurage peut se faire directement sur l'image sans
avoir à l'enregistrer, dans d'autre cas il est nécessaire d'effectuer
une capture pour faire les mesures en différé. La capture et la numérisation
d'une image peuvent donc être distinctes (acquisition par un capteur analogique
puis numérisation du document analogique comme, par exemple, un signal
vidéo, etc.) ou intégrées dans le même dispositif.
Ces deux approches se retrouvent dans les pratiques de laboratoire :
en astrophysique, des clichés photographiques obtenus peuvent être numérisés
pour être exploités à l'aide de logiciels appropriés ou bien directement
obtenus par des capteurs CCD.
Analyser,
traiter, modéliser
L'image est donc utilisée pour observer, mesurer, analyser, contrôler,
etc. Dans tous ces cas, il faut généralement compléter les outils de capture
et de mesure par des outils d'analyse et de traitement de l'image et par
des méthodes de modélisation. Il nous a semblés important précisément
de distinguer :
- les outils d'analyse qui permettent d'extraire des informations
non accessibles directement à la mesure : visualisation d'histogramme,
transformation d'image (notamment la transformation de Fourier bidimensionnelle),
modification de contraste, etc. ;
- les outils de traitement qui, généralement couplés aux précédents,
sont utilisés pour modifier (généralement de façon durable, donc avec
mémorisation du traitement) l'image elle-même, donc l'information qui
s'y trouve : après traitement, une partie de l'information initiale
a été remplacée par une information liée au traitement effectué. Ainsi,
il est possible de modifier un histogramme, de filtrer des fréquences
spatiales à partir de la Transformée de Fourier, d'effectuer des additions
ou soustraction d'images, etc. ;
- les outils de modélisation qui permettent de confronter les
images issues d'une capture (traitées ou non) à des modèles mathématiques
(purs ou issus d'une modélisation physique du phénomène). La synthèse
d'image apparaît donc ici en tant quoutil de modélisation.
Stocker,
transmettre
Les utilisations de la numérisation ne se limitent pas à ces aspects
liés à l'investigation scientifique. JeanPierre ARNAUD, lors des
Journées d'études Images numériques dans l'enseignement des sciences
[LE TOUZÉ et SALAMÉ, 1996], insiste sur deux aspects essentiels que nous
avons rencontrés dans les exemples détaillés précédemment :
- le stockage d'informations de plus en plus volumineuses : les
technologies ont fait d'important progrès et les gains de performance
se retrouvent dans les matériels "grand public" ;
- la capacité de transmettre les informations sur des réseaux : celle-ci
ouvre de nouvelles voies en matière de communication scientifique.
-
J.P. ARNAUD. Technologies du stockage et de la distribution
d'images, impact dans l'enseignement. In LE TOUZÉ
J.C. & SALAMÉ N. Images numériques dans l'enseignement
des sciences. Paris : INRP, Documents et travaux de recherche
en éducation, n°19, 1996, p.9-19.
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