ASTRONOMIE ET ASTROPHYSIQUE
De nombreux moyens d'acquisition d'images sont utilisés en astronomie.
Citons en particulier les détecteurs numériques de la famille des
CCD (Charge Coupled Device, ou, en français : DTC pour "Dispositif
à transfert de charge") qui fournissent des images numérisées
dès leur acquisition, et l'utilisation des plaques photographiques
qui donnent accès à des zones de ciel très étendues.
L'apparition des caméras CCD se situe au début des années 80. L'utilisation
des détecteurs CCD s'est très rapidement banalisé sur les télescopes
professionnels implantés au sol, et actuellement la caméra CCD a
pratiquement remplacé la photographie dans tous les domaines de
l'astronomie observationnelle sauf lorsque le champ à couvrir est
important.
Les détecteurs CCD présentent des atouts essentiels dûs d'une part
à leur facilité d'emploi dans un environnement informatique (le
dépouillement des images peut se faire dans les minutes, voire secondes,
qui suivent le temps d'intégration) et, d'autre part, à leurs qualités
exceptionnelles : faible bruit de lecture, rendement quantique
(nombre d'électrons fournis par photon incident) proche de l'unité,
excellente linéarité (le CCD n'a pratiquement pas de seuil de détection
et le nombre d'électrons donne directement une mesure photométrique),
etc. Ils sont employés dans tous les domaines de la photométrie :
photométrie stellaire, photométrie de surface, photométrie rapide.
Ils permettent en particulier de détecter les objets dont la brillance
de surface est très faible par rapport au fond du ciel. La technique
utilisé dans ce cas, consiste à réaliser une image composite à partir
d'un grand nombre de poses courtes, car l'augmentation du temps
d'intégration n'augmente pas le niveau de détection à cause de différents
bruits (de lecture, thermique, de calibration, etc.). Ces techniques
sont exploitées dans létude de l'Univers lointain [FORT,
1991].
Les outils de traitement d'images sont nombreux et variés. Citons,
en particulier, les pré-traitements (soustraction du noir, suppression
des pixels aberrants, etc.) et les opérations classiques de traitement
d'image (opérations ponctuelles, transformations géométriques, convolutions
spatiales et fréquentielles, la restauration des images, la modélisation
stellaire, isophotale, etc.). D'autres, plus récentes, font appel
à la morphologie mathématique ou à la transformation en ondelettes
pour la vision des astres en multirésolution.
Exploitation
de clichés photographiques avec la MAMA
Les plaques photographiques restent encore un support irremplaçable
pour l'analyse des grands champs et pour le suivi des phénomènes
variables dans le temps et l'espace (certaines plaques datent d'un
siècle). L'analyse des clichés a longtemps été effectuée à l'aide
de procédés manuels ou semi-automatiques prenant beaucoup de temps,
manquant de précision, et faisant intervenir le rôle personnel de
l'opérateur. Avec les développements technologiques, il est apparu
nécessaire de construire des machines automatiques pour dépouiller
les clichés (nouveaux ou anciens). Ces machines permettent d'obtenir
des gains considérables en vitesse, en précision et en fiabilité.
Elles autorisent en outre le traitement et le stockage de masses
considérables de données. C'est dans ce contexte que la division
technique de l'Institut national des sciences de l'Univers (INSU),
institut du CNRS, a construit une Machine automatique à mesurer
pour l'astronomie, la MAMA [GUIBERT, 1991], hébergée par l'observatoire de Paris.
Il s'agit d'un microdensitomètre capable de mesurer pixel par pixel
l'opacité d'un cliché photographique dont le support est une plaque
de verre ou un film. Le cliché est posé sur une table de verre se
déplaçant horizontalement et perpendiculairement à un faisceau lumineux
calibré fixe. La lumière transmise est recueillie par le système
de mesure. Les signaux analogiques sont ensuite transformés en signaux
numériques pour être envoyés au système informatique. Les mesures
sont faites à la volée pendant le mouvement de la table. Les données
sont transférées à l'ordinateur qui assure la gestion et le traitement
des informations, lui-même relié à une station d'analyse et de visualisation
des images et à un système informatique qui permet de faire du traitement
interactif d'images à partir de logiciels spécialisés.
L'analyse des clichés à l'aide de la MAMA permet d'obtenir de nombreuses
informations scientifiques dans le domaine de l'astrophysique. Citons
ainsi :
- dans le domaine solaire et planétaire : l'étude, à partir
de clichés du Soleil, de la dynamique des écoulements de matière
dans la chromosphère, les filaments, les protubérances et les
éruptions solaires, le suivi au cours du temps du déplacement
des taches solaires, la mesure de la position et la détermination
des trajectoires des satellites des planètes géantes ;
- dans le domaine stellaire et galactique : la mesure précise
de la position des objets, la détermination de mouvements propres
des étoiles grâce à l'analyse comparative de clichés pris à différentes
époques, l'étude des populations stellaires ;
- dans le domaine extragalactique : la détection systématique
des quasars par la photométrie couleur, l'étude de la morphologie
des galaxies.
- FORT, B. (1991). Imagerie CCD de l'Univers
lointain. Le Courrier du CNRS, signaux et images, n°77,
p.20-21.

- GUIBERT, J. (1991). La Mama. Le Courrier
du CNRS, signaux et images, n°77, p.21.
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