Cannabis, herbe, beuh, marijuana, haschisch, shit... 
Tous ces produits dérivent d'une seule et même plante, le chanvre textile dénommé cannabis ("roseau à deux sexes") par Carl von Linné au milieu du 18ème siècle. Mais le chanvre est connu depuis dix mille ans, non pas  pour ses effets psychotropes mais pour sa fibre (surtout pour les voiles et cordages des bateaux). Le véritable retour culturel de ce produit en France remonte à la campagne égyptienne de Napoléon, lorsque les médecins de l'Empereur découvrent une confiture utilisée en Egypte dans laquelle se retrouve entre autres, du haschisch. 

La plante

Le cannabis est une plante herbacée annuelle, théoriquement dioïque (il existe des pieds mâles et des pieds femelles). On le range dans la famille des cannabiacées, qui ne connaît que deux représentants, le cannabis et le houblon. Le cannabis lui-même se divise en une infinité de variétés, dont on distingue généralement trois espèces, le cannabis indica (Inde, Pakistan, Maroc) le cannabis ruderalis (est de l'Europe) et le cannabis sativa (Thaïlande, Colombie, Nigeria). Il existe aussi des croisements de ces trois variétés. 

Le principe actif

Toutes les variétés de cannabis renferment des substances appelées acides cannabidioliques, précurseurs de diverses produits et notamment des cannabinoïdes, vecteurs de l'euphorie : parmi eux le plus connu est le tétrahydrocannabinol (tetrahydrocannabinol ou THC, Figure 1). Le THC est le principe actif du cannabis. Il est quasiment absent des feuilles, des fortes tiges et des graines. C'est le pollen, les fleurs et les bractées qui en renferment. 

Les différentes formes : produits artisanaux et produits du commerce

Marijuana (ou herbe) : bractées et fleurs de plant femelle de cannabis, incomplètement séchées et conservées sous sachet plastique; 

Haschisch (ou résine) : principalement produit au Maroc mais aussi au Liban, aux Pays Bas, Mexique, Pakistan, etc. Pour obtenir ce produit, la plante a été coupée puis séchée en plein air. La résine absolument sèche à ce stade est traitée pour obtenir des pains de haschisch conditionnés en sacs de toile ou emballages plastiques. Après transport ce pain est reconditionné en "savonnettes" d'un quart de kilo puis en petites plaques de quelques dizaines de grammes. Le vendeur, qui le coupe fréquemment au henné pour accroître le volume mis à la vente divisera ces plaquette en "barrettes" de quelques grammes. C'est cette barrette de quelques centimètres à peine, d'une épaisseur de quelques millimètres, scrupuleusement pesée à l'aide d'une balance de poche puis soigneusement emballée dans du papier aluminium qui apparaîtra peut-être dans un fond de poche. Dans les années 1968, le haschisch était pauvre en THC comparé à celui disponible sur le marché actuellement. 

Les modes d'usage

Se fume dans une pipe ou shilom, ou dans des joints (un petit morceau de barrette est réduit en grains, mélangé à du tabac et le tout est roulé en une cigarette). 

S'ingère dans des gâteaux. 

Les effets

L'usage de la plante apporte une sensation de flottement, d'ivresse, un sentiment d'euphorie. Le sujet se sent plus détendu, désinhibé, retrouve une certaine confiance en lui. Les perceptions sonores, notamment musicales, apparaissent sublimées pour certains. Parallèlement, les capacités de synthèse, de mémoire, d'attention paraissent entravées. De plus, si le sujet est anxieux, angoissé, l'usage du cannabis va augmenter ce "fardeau" et risque donc d'être fort désagréable.