Réunion de Francfort

"APPRENTISSAGE ET MEDIATION CULTURELLE"

(Albane CAIN)

Le groupe thématique intitulé : Apprentissage des langues, médiation culturelle et formation à la dimension européenne, composé de

Albane CAIN - France
Tove HEIDEMANN - Danemark
Horst KUHLEY - Allemagne
Christoph KODRON - Allemagne
Pilar LABRANDERO - Espagne
Seppo TELLA - Finlande
Yves TERTRAIS - France

a procédé par discussion libre et échanges. Il a fonctionné par réaction aux termes suivants : émergence, développement et diffusion.

Le rapport scientifique a été examiné lors de la dernière demi-journée.

Nous allons dire un mot de la formation à la dimension européenne (désormais FDE) parce qu’en fait, cette dernière est présente dans les deux ensembles d’études de cas qui constituent notre corpus.

On peut dire que la formation à la dimension européenne se présente sous forme d’une continuum dont les deux pôles seraient objet et outil.

1) Certaines études considèrent la FDE davantage comme un objet, un but à atteindre, c’est le cas de l’étude portant sur la formation des enseignants britanniques.

2) D’autres considèrent que la FDE a un rôle moteur et se rapproche donc davantage d’un outil, notamment du point de vue de la transformation des institutions.

Notre travail porte sur 8 études de cas. Il faut donc être prudent en ce qui concerne nos conclusions, on ne peut parler que de tendances.

Quand on regarde les études de cas, leur hétérogénéité semble d’abord difficile à dépasser. On a en effet constaté l’étendue de la variété qui fait obstacle à une éventuelle comparaison. Cependant, si l’on se focalise sur les processus, des tendances émergent. On voit se dégager l’idée d’Europe en tant qu’entité parallèlement à l’installation d’un certain multiculturalisme à l’intérieur même de chacun des pays membres. Ces deux facteurs jouent un rôle de susciteur de besoin.

On assiste à la naissance d’un contexte de besoin. En effet, un certain nombre d’acteurs du système éducatif ressent la nécessité de combler un manque. Ce processus joue alors un rôle fédérateur. Un consensus se forme ainsi autour d’une unité de taille variable qui peut être un groupe d’enseignants, une classe, plusieurs classes, un établissement, plusieurs établissements.

Une fois le besoin cerné, les acteurs sont conduits à recourir à l’extérieur de l’univers scolaire pour acquérir des compétences mieux adaptées au besoin ressenti. On est alors dans une phase de dispersion. Cela les conduit conjointement à rechercher une structure d’encadrement plus vaste que l’unité de départ.

En fait, des structures d’encadrement telles que les appels d’offre peuvent jouer un rôle de catalyseur essentiel dans ce type d’innovation qui met en jeux des décentrements d’ordre culturel. L’appel d’offre propose un contrat de soutien et de financement en échange de l’acceptation d’un certain nombre de contraintes.

Cette procédure d’appel d’offre, se trouve fréquemment dans les projets de notre groupe thématique. Elle part toujours du haut, mais elle rencontre la volonté d’action des futurs participants pour qui les contraintes changent de statut, se muent en éléments moteurs et sont ensuite considérées comme des moyens d’action.

Les relations entre les acteurs et les autorités prennent différentes formes :

1) elles sont classiquement dictées par les autorités, et peuvent être caractérisées par un modèle de type top-down

2) elles donnent lieu à des interactions où les acteurs de la base ont un pouvoir important sur la définition du mode d’action et du contenu de l’innovation.

Examinons certaines conséquences.

L’ouverture de l’école à des projets extérieurs très divers qui peuvent être européens, locaux ou simplement appartenant à des univers culturels différents. On peut alors parler d’un effet multiplicateur d’ouvertures. C’est le cas par exemple de la transformation des relations culturelles avec les autres pays européens

Lors des échanges, on passe d’un mode traditionnel d’ordre touristique à une relation centrée sur un travail en commun, une tâche commune à accomplir. On assiste également à une transformation du mode de gestion des différences culturelles pour aller au delà du mode conflictuel et installer une dimension enrichissante pour chacun des partenaires.

Il a également été question de la dissémination au sein du processus d’innovation.

Il ressort de ces observations que si l’évaluation est une préoccupation de type externe/interne constante chez les acteurs de l’innovation, il n’en n’est pas de même pour la phase de transfert, de dissémination qui ne revêt pas de forme systématique - on a parlé d’un certain nombre de "petites fleurs" qui pousseraient. En fait, à part les modes traditionnels de colloque, d’interventions en formation des maîtres, de publications d’articles ou d’ouvrages, d’installation sur le réseau Internet, la dissémination n’est ni prise, ni intégrée dans les projets, ce qui a été regretté par le groupe.

Le groupe a apprécié tout spécialement le petit nombre de participants et la disponibilité d’une longue plage de temps qui a permis une discussion et un travail approfondis. Il a même parlé de la mise en place d’un véritable travail.

© Innova : Observatoire européen des innovations en éducation et en formation / European Observatory for Innovation in Education and Training, juin 1998.